Chapitre 9

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France, Demetrio

Après avoir quitté le chalet de Léa, je me suis rendu à ma chambre d'hôtel à environ une demi-heure de chez elle. Comme d'habitude, la pièce où je vais loger pendant quelques temps est spacieuse et luxueuse, très moderne mais je n'y prête aucune attention.

Cela fait environ deux heures que je suis assis sur un fauteuil nacré près d'une cheminée qui n'accueille aucune flamme au vu de la saison, avec un verre de bourbon à la main.

Je suis satisfait d'avoir laissé ma femme bouleversée. Je veux qu'elle réfléchisse et qu'elle comprenne que je vais continuer à me battre pour sauver notre histoire et qu'elle ne m'échappera pas.

 Cependant, mon départ précipité cachait autre chose : mon émotion. J'avais déjà laissé couler quelques larmes devant elle et il était hors de question que je récidive au risque de me montrer faible. En effet, entendre l'histoire de sa grossesse m'a profondément chamboulé. Je culpabilise tellement de ne pas avoir été là, de ne pas avoir vu, touché et embrassé son ventre qui devait être joliment arrondi. Je regrette de ne pas l'avoir caressé tout en parlant à mes fils pour qu'ils se familiarisent à mon toucher et à ma voix. Je regrette de ne pas les avoir vus naître, d'avoir manquer leurs premiers pas, leurs premiers mots, leurs anniversaires et de ne pas avoir soutenu Léa dans toutes ces épreuves.

Le chemin sera long, j'en ai conscience, avant de les avoir à mes côtés dans notre belle propriété d'Italie, mais j'y crois, je ne baisserai pas les bras. 

Après tout, je suis Demetrio Castelucci et la détermination fait partie de moi.

Le lendemain matin, après une courte nuit, je décide de laisser Léa tranquille, le temps qu'elle se fasse à l'idée que je suis de retour. Pourtant, la tentation de la voir et de rencontrer enfin mes enfants est forte. Mais je dois être patient et avancer progressivement si je veux que ma femme me fasse à nouveau confiance et que les petits ne se méfient pas de moi.

Je finis ma tasse de café brûlant et me dirige vers la salle de sport pour me changer les idées. J'enchaîne les exercices de musculation. Faire souffrir mon corps est une sorte de punition. J'ai chaud et je suis trempé à la fin de la séance. La douche est un véritable soulagement.

J'enfile des vêtements simples et sors du dressing quand mon téléphone sonne. Mon cœur s'accélère en pensant que c'est Léa. Mais c'est une idée absurde puisqu'elle n'a pas mon numéro. Ma déception n'en est pas moins présente quand je vois le prénom de Benvolio s'afficher.

Je décroche en pensant que je ne l'ai pas prévenu de mon départ précipité mais il a dû s'en douter étant données les informations qu'il m'a apportées.

- Allo, dis-je.

- Bah alors mon vieux, on part sans prévenir, j'étais inquiet.

- Arrête tes conneries, répliqué-je en devinant son sourire narquois.

- Non plus sérieusement, comment ça s'est passé ?

- Plutôt bien en fait, elle était énervée et triste mais elle s'est calmée et on a pu discuter tranquillement.

- Tu m'étonnes qu'elle t'en veut, tu l'as rejetée. Tu comptes faire quoi maintenant ?

- Oui merci je sais, dis-je amèrement. Sa tristesse et son dégoût m'ont dévasté. Et pour répondre à ta question, je vais leur rendre visite dès demain et venir chaque jour pour que mes fils s'habituent à moi et qu'on fasse connaissance. Je compte bien les emmener partout et leur faire découvrir tout ce que j'aime. Je sais que Léa travaille alors je vais lui proposer de les garder, dis-je, sûr de moi.

- Mec, t'es conscient qu'elle ne va pas te laisser faire ? En plus, tu t'es jamais occupé de gamins, comment tu vas faire ? se moque-t-il.

- Je saurai la convaincre et je vais apprendre, je veux être un bon père, rétorqué-je.

- Si tu le dis mais je te conseille de te faire aider au début. Crois en mon expérience, c'est pas facile : tu sais, changer les couches, préparer les repas, jouer avec eux, les consoler, tout ça. Je me sentais déjà submergé quand Olivia était bébé mais toi t'en as deux alors prépare-toi à galérer !

- Merci pour tes conseils mon vieux mais ça va aller.

Je coupe la conversation après lui avoir promis des nouvelles, tout d'un coup moins sûr de moi. J'ai, en effet, beaucoup à apprendre mais je vais y arriver, pour Léa. Je sais qu'elle s'en est sortie toute seule jusqu'à présent. Je veux lui prouver que je suis capable de l'épauler et qu'elle peut se reposer sur moi, désormais.

Son mari et le père de ses enfants.

Rayons de soleilWhere stories live. Discover now