Rayons de soleil

Chapitre 24

Italie, Léa

Je fais irruption dans le manoir sur les nerfs. J'ai besoin de me calmer ! Je croise Domenica et Giovanni et je leur fais signe que tout va bien. Je veux rester seule pour le moment. Arrivée dans le salon j'emprunte l'escalier métallique qui mène à l'étage en veillant à faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller les jumeaux. Je longe le couloir en faisant grincer le vieux parquet d'origine. Je passe devant la chambre où dorment mes petits amours et tends l'oreille. Aucun bruit, c'est bon signe. Je poursuis mon chemin et m'engouffre dans ma chambre. La décoration est sans artifices mais elle possède un charme fou avec sa haute baie vitrée donnant sur un balcon, son lit immense taillé dans du bois brut et sa salle de bain digne d'un palais royal.  Cependant, je n'accorde pas plus d'importance à la chambre et m'écroule sur le matelas confortable recouvert de drap en soie vert canard. 

Je pousse un profond soupir et fixe le plafond blanc. J'essaye de faire le vide dans ma tête pour réfléchir objectivement aux raisons qui ont poussé Demetrio à ne pas signer les papiers du divorce. Quand je lui ai envoyés, ça m'a brisé un peu plus le cœur même si je lui en voulais terriblement. Je savais que c'était la bonne décision. Je devais reprendre l'avantage et prouver que j'étais passée à autre chose. Divorcer m'a semblé être la meilleure solution. Environ une semaine plus tard, l'avocat de Demetrio m'a contactée pour me certifier que tout était en ordre. Soulagée, je ne m'en suis plus occupée et j'ai commencé une nouvelle vie, libérée de mon mari. Enfin ça c'est ce que je croyais jusqu'à il y a une demi heure !

Demetrio m'a expliqué qu'il n'a pas voulu mettre fin à notre mariage parce que malgré ma prétendue tromperie il m'aimait. Est-ce qu'il dit vrai ? J'ai beaucoup de mal à le croire. Toute cette histoire me fait douter de lui. Je n'arrive plus à lui faire confiance alors que c'est primordial pour poursuivre notre relation. Je me sentais enfin heureuse, enfin moi-même depuis notre dîner au restaurant et notre nuit passionnée ! Et voilà qu'une nouvelle fois, je suis brutalement ramenée à la réalité !

Une larme solitaire roule sur ma joue. Je la laisse couler jusqu'à ce qu'elle atteigne mes lèvres et que je sente un goût salé.  J'ai l'impression d'être une coquille vide. Je m'apitoie sur mon sort alors que je m'étais promise de ne plus jamais le faire. Allons Léa ! Reprends-toi ! Plus facile à dire qu'à faire... J'en ai assez de me battre pour une histoire qui ne mène à rien.

La porte s'ouvre en douceur et laisse place à Domenica. Je me redresse précipitamment en essuyant mon visage. Elle tient un petit plateau avec un grand verre de thé glacé et des petits biscuits dans les mains. Elle esquisse un sourire rassurant et s'approche de moi. Cette femme est adorable ! Elle pose le plateau sur le lit et s'assoit à mes côtés.

- Qu'est-ce que cet idiot a encore fait ? me demande-t-elle, blasée.

Je tente de sourire mais je ne convaincs personne.

- Oh, ce n'est rien que la triste histoire de ma vie ! Quand tout s'arrange et semble aller pour le mieux, il faut forcément qu'il y ait quelque chose qui vienne tout faire basculer.

Je baisse la tête avant de souder mon regard au sien.

- Oh ma petite chérie. Ne dis pas ça ! Explique-moi tout !

Je me racle la gorge. Je n'ai pas envie de revivre les événements mais d'un hochement de tête encourageant la vieille femme m'incite à me confier.

- Nous nous promenions dans le parc. Le moment était magique, l'environnement féerique. Demetrio m'a demandé de revenir vivre ici. Je n'étais pas contre mais je lui ai fait part de mes doutes. Il m'a rassurée mais une dernière question me taraudait l'esprit. 

Je m'arrête une seconde pour déglutir péniblement. Elle me regarde intensément de ses beaux yeux noisette, à l'écoute. Je reprends la parole.