Rayons de soleil

Chapitre 21

France, Demetrio

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur ma suite. Je retire ma veste et la jette sur une chaise avant de m'étendre sur le canapé. Cette journée a été riche en émotions. Je suis toujours inquiet par rapport au dossier volé, il faut absolument que je règle cette histoire ! Cependant, c'est une vague de mélancolie qui m'envahit peu à peu. La vidéo que Léa m'a montrée me chamboule énormément, me donnant la folle envie de voir son ventre s'arrondir de nouveau. Ce désir est beaucoup trop prématuré, j'en ai bien conscience, mais je sais que je veux être une nouvelle fois papa et surtout je souhaite être présent lorsque cela arrivera.

D'ailleurs, il faut que je me rende en mairie pour reconnaître mes fils. Je ne l'ai pas encore fait mais il est temps maintenant. J'appellerai demain et je suis certain qu'avec un peu d'argent la procédure se fera plus rapidement !

Notre départ pour l'Italie est prévu dans deux jours avec ou sans l'accord du patron de Léa. Je ne permettrai à personne de se dresser sur mon chemin et je suis certain que ce voyage à Rome nous rapprochera. Je compte bien faire découvrir la ville et ses trésors à nos enfants même s'ils sont encore trop jeunes pour comprendre. J'appréhende, cependant, l'instant où ma femme rentrera dans notre manoir. Il va sans aucun doute lui rappeler de mauvais souvenirs même si nos moments passés dans cette maison ont été plus merveilleux que douloureux.

Après quelques instants de réflexion je me dirige vers la salle de bain pour me rafraîchir puis me couche dans mes draps qui me paraissent aussi frais qu'une douce brise marine.

Léa

J'ai obtenu l'accord de mon patron pour prendre une semaine de congé bien que nous soyons dans une période très active pour mon métier. Il était réticent mais il a fini par céder à condition que je revienne d'ici une semaine jour pour jour. 

Je comprends tout à fait la raison pour laquelle Demetrio veut que nous l'accompagnions : il est difficile de se séparer de sa famille une fois que l'on a goûté au bonheur qu'elle nous apporte. Toutefois, il me met dans une position délicate vis-à-vis de mon supérieur qui est un homme juste mais très exigeant. 

Il est 7 heures et nous nous apprêtons à monter dans la voiture de Demetrio pour aller à l'aéroport. Je porte les enfants dans mes bras pour les attacher tandis que mon compagnon dépose nos valises dans le coffre. Quelques minutes plus tard, nous montons dans le véhicule noir flambant neuf et démarrons. Je sens Demetrio tendu. Cette affaire de dossier dérobé le tracasse et l'irrite. Lui qui a l'habitude de tout contrôler doit se sentir humilié. 

Alors qu'il a le regard braqué sur la route et la mâchoire serrée je pose ma main sur sa cuisse pour le détendre. Il tourne enfin la tête vers moi et me sourit sincèrement.

- Ne t'inquiète pas mon amour, tout va s'arranger j'en suis sûre, le rassuré-je.

Il serre ma cuisse de sa main puissante. Ce simple geste déclenche toutes sortes de sensations en moi et me met dans tous mes états.

- Je le sais ma chérie. Je ne laisserai personne me duper.

- Alors qu'est-ce qui te contrarie à ce point ?

Il garde le silence pendant si longtemps que je tourne ma tête pour regarder le paysage défiler. Puis il me répond, énervé.

- À vrai dire, j'ai peur de ta réaction lorsque tu rentreras chez nous. Je suis effrayé à l'idée que tu veuilles partir, lâche-t-il brusquement.

Oh ! Il me paraît évident que tout ne sera plus comme avant mais après tout j'adore ce manoir !

- Je ne vais pas te mentir. Ça va me sembler étrange de revenir dans ce lieu où ma vie a pris un mauvais tournant mais je ne m'en irai pas. Je te le promets.