Chapitre 29

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Italie, Demetrio

Assis confortablement dans mon jet privé, je repense au comportement étrange de Léa. Elle m'a semblé profondément bouleversée cette semaine mais je ne saurai pas dire pourquoi. Je n'ai pas osé lui poser la question par téléphone mais je compte bien découvrir ce qui la tracasse dans quelques heures, quand je serai à ses côtés pour affronter ses parents. Je n'allais tout de même pas la laisser rassurer sa famille seule en ce qui concerne notre couple. Je sais que je ne vais pas être bien accueilli mais je comprends tout à fait leur colère à mon égard : j'ai brisé leur fille. A leur place, j'étriperai assurément la personne qui aurait fait souffrir un de mes enfants. J'ai conscience de la chance que j'ai d'avoir une telle femme, la chance que j'ai d'avoir obtenu son pardon. Je ne la mérite pas. 

Durant tout le trajet, je suis perdu dans mes pensées. Je songe à ma première rencontre avec les parents de Léa, Edouard et Anne. Ce sont des personnes très simples et généreuses, à l'opposé des aristocrates et des puissants entrepreneurs que j'ai l'habitude de côtoyer. Ils se sont d'abord montrés méfiants envers moi. Il faut dire que ma réputation de Don Juan me précédait et qu'ils avaient peur que je joue avec leur fille. J'ai fini par obtenir leur confiance en discutant beaucoup avec eux et en participant aux très nombreux repas de famille. Ils étaient heureux pour nous lors de notre mariage. Malheureusement, par mon comportement monstrueux envers leur fille, j'ai perdu leur affection et trahi leur confiance. 

Vers 12 heures 30, une hôtesse de l'air m'apporte un plateau-repas mettant un terme à mes souvenirs. Je mange sans envie, trop occupé à penser à Léa et aux enfants. Ces deux semaines sans eux ont été horribles. Je ne veux plus jamais être séparé de ma famille !

Une demi-heure plus tard, j'atterris à Roissy. Je m'empresse de rejoindre ma voiture de location et ne perds pas une seconde pour faire les deux heures de route qu'il me reste pour être auprès de ma famille. Rapidement, j'allume la radio pour que la musique me tienne compagnie. Je tombe par le plus grand des hasards sur Perfect de Simple Plan, un groupe qu'adore Léa. C'est étonnant que cette chanson passe, elle a une bonne vingtaine d'années maintenant. Pourtant, elle reflète ce que ma femme doit ressentir à l'égard de ses parents en ce moment.

Arrivé dans le village où a grandi ma chérie, je réalise que ma voiture de luxe fait tache. Tout ce qui m'entoure respire la simplicité. Je suis à la campagne et j'adore ça. Je me gare devant la jolie maison et me dirige vers le jardin, parfaitement entretenu par Edouard, en entendant des voix à l'extérieur. L'échange n'est pas très cordial à en juger les différentes intonations. 

- Il n'a même pas le courage de venir, ici ! fait remarquer Edouard.

- C'est moi qui lui ai interdit de m'accompagner ! me défend Léa.

Je dépasse le côté de la maison et me retrouve près d'eux. J'aperçois au loin mes fils en train de jouer avec Anne. Ils rient aux éclats en se courant après, poursuivis par ma belle-mère. Les voir me fait réaliser à quel point ils m'ont manqué ces derniers jours. Je m'arrache à cette vision et reporte mon attention sur la dispute entre père et fille.

Léa écarquille les yeux quand elle remarque ma présence. Son père, lui, me fusille du regard après avoir cédé à l'étonnement.

- Qu'est-ce que tu fais ici, Demetrio ? me demande ma petite femme chérie en me prenant dans ses bras.

Je caresse doucement ses cheveux avant de remonter son visage vers le mien pour embrasser ses lèvres, quand je vois des larmes dévaler ses joues rougies. Désemparé, je les essuie de mes pouces en déposant un doux baiser sur sa bouche.

- Ne pleure pas, mon amour.

Mais voyant que ses pleurs redoublent, je la serre plus fort contre moi. Je la savais émotive mais pas à ce point ! Il faut vraiment que nous ayons une conversation elle et moi. Je la berce contre moi puis elle se recule en essuyant son visage.

Rayons de soleilWhere stories live. Discover now