Chapitre 13

7.7K 478 3
                                    

France, Léa

Trois semaines ont passé depuis que nous avons annoncé aux enfants que Demetrio est leur père. Depuis quelques jours, il s'occupe d'ailleurs seul des jumeaux étant donnée sa détermination à prendre soin de ses fils. C'est vrai qu'au début je n'étais pas rassurée que Demetrio garde nos enfants mais je dois bien avouer qu'il sait s'y prendre avec eux et qu'Emilio et Livio l'adorent. J'en suis ravie quoiqu'un peu contrariée que mes fils lui fassent totalement confiance après ce qu'il nous a fait. Bien sûr, ils n'en ont pas conscience et je ne souhaite pas les monter contre leur père mais la pilule est dure à avaler.

Alberta, quant à elle, à plus de temps à s'accorder mais elle passe presque tous les jours pour voir les enfants et s'assurer que mon ex-mari ne fait pas de bêtises.

Pour ma part, malgré ma prise de conscience au sujet de mes sentiments pour Demetrio, je reste assez distante avec lui tout en étant aimable pour mes enfants. Je me sens, en effet, incapable de retenter quelque chose avec Demetrio malgré les suppliques incessantes de mon cœur. Et justement, j'agis ainsi pour le protéger, lui qui a déjà tellement souffert. Je ne peux pas oublier et pardonner tout simplement. Je me rends peut-être malheureuse mais c'est toujours mieux que d'avoir le cœur brisé une seconde fois.

Allongée comme je le suis au milieu des draps frais, je laisse mon esprit dériver.

Demetrio et moi venons de fêter nos un an de mariage et je suis encore sur un petit nuage. J'ai la tête ailleurs depuis que je suis mariée avec lui. J'aime tellement cet homme ! Je ne vois pas ma vie sans lui.

Je sors de la salle de bain et décide de m'apprêter pour sortir faire quelques courses pour le repas que j'ai prévu de préparer pour l'amour de ma vie. Alors que j'attrape mon sac à main sur la chaise , j'entends la porte d'entrée claquer. Étrange. Elle était fermée à clef et je n'attends personne. En plus, Demetrio est au travail. Rapidement je découvre l'identité de l'inconnu quand mon mari débarque dans la salle à manger d'un pas vif. La première chose que je remarque c'est à quel point il est beau dans son costume gris qui rend hommage à son corps magnifique.

Cependant, son regard furieux et son expression assassine me clouent sur place.

- Mon amour, qu'est-ce qu'il se passe ? demandé-je timidement.

Il respire profondément et ses traits se durcissent encore plus alors que je ne pensais pas cela possible.

- Un problème au travail ? C'est pour ça que tu rentres si tôt ? retenté-je doucement.

Il s'approche rapidement de moi et je recule, apeurée. Il me saisit par les avant-bras et les serre fort. Je grimace et n'ose plus rien dire. Il me rapproche de son torse fermement et lève mon menton vers son visage. Mon cœur bat à toute allure.

- Ne m'appelle plus jamais comme ça ! Pas après ce que tu as fait ! crache-t-il.

Je ne comprends absolument rien à ce qu'il se passe. Qu'est-ce que j'ai fait ? J'ai tellement peur et il me fait mal.

- Demetrio ! Lâche-moi tu me fais mal ! m'écrié-je. 

Il m'empoigne davantage avant de me lâcher brusquement. Déstabilisée, je vacille et tombe en arrière sans qu'il ne cherche à me retenir. Mais qu'est-ce qu'il lui arrive, bon sang ? Ce matin encore nous faisions l'amour avant qu'il ne parte travailler. Je me relève lentement et m'éloigne de lui.

- Tu veux bien m'expliquer ce qu'il te prend ? De quoi tu m'accuses au juste ? Parce que je n'ai absolument rien à me repro...

- Ne t'avise même pas de dire ça ! Tu n'as pas honte d'oser me dire que tu n'as rien fait alors que tu me trompes depuis je ne sais combien de temps ! hurle-t-il.

- Je te trompe ! Mais tu t'entends parler ?

Je suis abasourdie par ce qu'il me dit. Comment peut-il croire une chose pareille ? Je suis folle de lui. Je ferai tout pour lui.

- Ne nie pas ! Ne me mens pas ! Tu sais que je déteste ça ! De toute façon j'ai des preuves. Il faut croire que vous n'avez pas été très discrets !

- Je ne t'ai jamais trompé ! Comment peux-tu avoir des preuves d'une faute que je n'ai pas commise ? m'époumoné-je.

- Baisse d'un ton ! m'ordonne-t-il. J'ai reçu des photos de manière anonyme.

- Tiens donc ! Montre-les moi !

- Il en est hors de question ! Tu m'as déjà bien assez humilié ! Va-t'en ! Je ne veux plus jamais te voir ! Tu es comme toutes les autres ! vocifère-t-il.

Si mon cœur n'était pas encore brisé, je peux assurer qu'il est désormais en mille morceaux. Ces mots si cruels me déchirent complètement. Où est passé l'homme que j'aime ?

- Mais qu'est-ce que tu racontes ?

- Tu m'as très bien compris ! Dégage !

Ma colère est rejointe par le désespoir et l'incompréhension. Mes larmes coulent sans que je n'y puisse rien. Il me regarde sans aucune émotion. Il semble vouloir me tuer tellement son visage reflète la haine qu'il me porte. Toutefois, je ne veux pas me laisser faire.

- Demetrio ! Je te rappelle que je suis aussi chez moi ici. La maison est la tienne autant que la mienne !

Il a un rire ironique qui me dégoûte et me fait froid dans le dos.

- Comme si tu pouvais te permettre d'entretenir une telle propriété ! C'est ça que tu voulais, n'est-ce pas ? Mettre la main sur ma fortune ! Tu croyais vraiment m'avoir ? Toi la petite française insignifiante !

Là c'en est trop, j'éclate en sanglot. Comment peut-il utiliser ma situation financière et mon rang social pour me mettre plus bas que terre ?

- Ne sois pas hautain avec moi ! Je ne te permets pas de me traiter comme ça ! articulé-je difficilement. Je te déteste ! hurlé-je.

Il s'approche et me saisit de nouveau par les bras, appuyant sur les marques laissées plus tôt.

- C'est parfait parce que moi aussi ! Je hais les petites arrivistes dans ton genre ! Maintenant, dégage d'ici !

Il me repousse violemment et je me retrouve une nouvelle fois les fesses par terre. Désemparée, je monte prendre quelques affaires en prenant soin de laisser tout ce qu'il a pu m'offrir y compris mon alliance et ma bague de fiançailles. Il me prend pour quelqu'un que je ne suis pas et je ne le supporte pas !

Sans un mot je redescends et passe devant lui, m'exposant à son regard meurtrier. J'ouvre la porte et la claque avec fracas. Je prends une grande inspiration et éclate de nouveau en sanglot. Je suis complètement perdue et j'ai peur. Qu'est-ce que je vais faire ? Où est-ce que je peux aller? Ce matin, j'étais la femme la plus heureuse du monde et là, mon cœur est fracassé.

D'un pas chancelant, je quitte le domaine et appelle un taxi tant bien que mal. Cette nuit je dormirai à l'hôtel après avoir demandé de l'aide à Victoire.

Quand j'y repense, j'aurais pu perdre mes bébés à cause de son comportement violent. J'étais déjà enceinte de deux mois et demi même si je ne l'ai appris que trois semaines plus tard. C'est que, dans ma situation, je ne m'attendais pas du tout à porter la vie.

Cette réminiscence a renforcé ma haine envers Demetrio. Son attitude envers nos enfants commençait à m'attendrir et il ne faut absolument pas que je cède.

Il n'attend que ça que je revienne vers lui mais il peut encore patienter ! Je crois qu'il n'a pas conscience de la souffrance qu'il m'a infligée.

 Il ne se rend pas compte qu'il a massacré mon cœur qui se rétablit peu à peu depuis la naissance de mes deux petits rayons de soleil.

Rayons de soleilWhere stories live. Discover now