Chapitre 30

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France, Léa

J'observe Demetrio discuter avec quelques membres de ma famille. La nuit est tombée depuis un quart d'heure mais nous sommes encore dehors, sous le clair de lune. Une brise fraîche atténue la chaleur persistante de cette soirée d'août, faisant voleter nos cheveux et bruire les feuilles des arbres qui nous entourent. Mon mari semble à l'aise au milieu de mes tantes et de ma sœur qui lui posent tout un tas de questions. Je suis certaine qu'il a aussi eu droit à un bon nombre de remontrances, qu'il mérite évidemment. Je songe à son arrivée. Je ne m'y attendais absolument pas, si bien que je n'ai pas pu retenir mes larmes. Je sais qu'il se pose des questions sur mon comportement étrange mais je lui dirai tout une fois dans notre manoir, en Italie. 

- Bon, je vais te donner mon avis !

Je sursaute et me tourne vers la personne. Perdue dans mes pensées, je n'ai pas vu ma marraine, Claire, s'asseoir à mes côtés. Elle semble un peu éméchée et pose son verre lourdement sur la table de jardin. C'est une femme formidable qui a toujours été là pour moi. Je n'ai que de bons souvenirs avec elle. Je suis née quand elle avait 18 ans alors j'ai grandi avec elle. Elle est comme une grande sœur pour moi.

- Ton avis sur quoi ?

Elle me regarde malicieusement puis lorgne Demetrio du coin de l'œil.

- Sur lui, ma belle ! s'exclame-t-elle.

Je soupire et secoue la tête mi-excédée mi-amusée.

- Ah bon ? Et alors, qu'est-ce que tu en conclus ?

Je décide de jouer le jeu en la poussant à s'expliquer.

- En dehors du fait qu'il est absolument canon...

Je la dévisage, surprise qu'elle me dise ça comme ça. Décidément, l'alcool lui fait pousser des ailes !

- Ne me dis pas que tu es attirée par mon mari ! me moqué-je.

- Tu sais que j'aime Clément mais je ne peux pas nier que Demetrio est magnifique. Nous en avons déjà parlé, me répond-elle en me lançant un clin d'œil.

- Non mais toi, t'en loupes pas une ! ris-je.

Elle pouffe de rire à son tour puis continue :

- Plus sérieusement, avec Garance et Lucie, nous avons beaucoup parlé avec lui et il nous a rassurées. Il parle de toi avec tellement de passion que nous sommes convaincues que vous êtes faits pour être ensemble.

- Oh ! Eh bien ça fait toujours plaisir à entendre ! Merci de lui laisser une chance.

Elle se penche un peu vers moi en pointant le doigt vers ma poitrine.

- Mais attention ! Au moindre problème, tu m'appelles et je viens lui régler son compte au bel italien !

J'éclate de rire bientôt suivie par ma marraine. Toutefois, je sais pertinemment qu'elle pense ce qu'elle dit et qu'elle est capable de rappliquer au moindre soucis. Elle ne s'est jamais laissée faire et ne le fera jamais.

Demetrio nous rejoint, interrompant notre conversation. Il prend place à ma droite en déposant un baiser sur mes lèvres. Son regard ne me quitte pas. Je sens une flamme familière m'irradier. Je le désire et je constate que c'est réciproque, ses beaux yeux se sont obscurcis. La tension règne entre nous mais nous nous retenons. Ce n'est clairement pas chez mes parents que je vais coucher avec lui ! Il pose sa main sur ma cuisse, provoquant l'apparition de milliers de frissons sur ma peau, quand Claire reprend la parole.

- Vous êtes vraiment trop mignons tous les deux. J'ai été super contente de revoir mes petits neveux et ma filleule adorée. J'ai aussi été ravie de discuter avec toi Demetrio.

Elle se lève et prend congé de nous en se dirigeant vers Clément, son mari, qui papote avec mon père. Je me tourne vers Demetrio qui pose sa main sur ma joue. Je m'approche de son visage et l'embrasse chastement. Je ne peux pas m'en empêcher. J'ai besoin de le sentir près de moi. Il répond à mon baiser. J'ai envie de l'approfondir mais je détache mes lèvres des siennes. Nous nous fixons pendant un moment, affamés l'un de l'autre.

Peu à peu, mes tantes et ma sœur s'en vont après nous avoir aidés à débarrasser. Elles reviendront demain pour passer la journée avec nous. Je baille à m'en décrocher la mâchoire. Je n'ai plus l'habitude de veiller, à croire que je suis devenue une mamie alors que je n'ai que 24 ans !  

- Maman, papa, je crois que je vais aller me coucher.

- Dans ce cas, nous allons montrer la chambre à Demetrio, me répond mon père très sérieusement.

- Voyons papa, il dort avec moi !

- Ah non, pas de ça sous mon toit !

Demetrio se retient de rire mais j'ai comme l'impression que mon père ne plaisante pas.

- Dis pas n'importe quoi ! Nous sommes mariés je te rappelle, nous avons deux enfants. C'est complètement ridicule de le faire dormir dans une autre chambre que la mienne.

- Edouard enfin qu'est-ce qui te prend ? intervient ma mère.

Soudain, un sourire se dessine sur son visage désormais amusé.

- Je rigole, voyons ! Je voulais vous embêter une dernière fois !

Je souris légèrement en secouant la tête.

- C'était très drôle, papa, en effet ! Bonne nuit !

- Bonne nuit, les salue également Demetrio.

Nous montons à l'étage discrètement puis nous nous lavons chacun notre tour avant de nous coucher dans mon lit. Lovée contre le torse chaud de Demetrio, je me sens à ma place. Je soupire de bien-être et ne tarde pas à m'endormir après un dernier baiser.

La fin du weekend s'est passé sans encombre. Les petits ont été gâtés par leurs grands-parents et leurs tantes. Tout le monde était content. Ça m'a fait beaucoup de bien de passer du temps avec ma sœur, Garance, Lucie et Claire. Adolescente, j'avais l'habitude de les voir régulièrement puis j'ai connu Demetrio. Elles me manquent beaucoup mais nous essayons de nous appeler le plus possible pour prendre des nouvelles et nous raconter nos petits potins !

Nous venons d'arriver au manoir. Je suis épuisée. Je pense que ma fatigue est due à ma grossesse et aux voyages consécutifs. Les jumeaux se sont montrés très sages dans l'avion, tout comme les fois précédentes. Nous avons beaucoup discuté avec Demetrio. Il m'a demandé si tout allait bien. Je ne savais pas trop quoi lui répondre et j'ai fini par lui dire qu'il comprendrait bientôt. Le pauvre, il doit se poser mille questions ! Cependant, je ne me fais pas trop d'illusions. Il ne va pas me laisser tranquille tant que je ne lui aurais pas avoué ce qui me perturbe. C'est pourquoi, j'ai prévu de lui annoncer la nouvelle demain soir. J'ai contacté Domenica discrètement pour qu'elle et Giovanni m'aident à préparer un repas digne de ce nom. Elle avait l'air heureuse que tout aille bien entre nous. J'espère seulement que tout continuera de fonctionner quand je lui apprendrai qu'il va être une nouvelle fois papa !

- Je m'occupe des jumeaux. Va te reposer, tesoro, me propose Demetrio.

- Ne t'en fais pas mon amour. C'est juste que j'ai fait beaucoup de route ces derniers jours, je ne suis pas habituée.

- Peut-être mais il n'y a pas que ça. Je vois bien que quelque chose cloche ! Dis-moi s'il te plaît ! Ne me tiens pas à l'écart. Ça me tue de te voir comme ça sans savoir ce que je peux faire pour toi !

Je ne veux pas le faire souffrir mais je refuse de gâcher la surprise. Cette fois il découvrira ma grossesse normalement. C'est moi qui la lui annoncerai. Il est hors de question que je lui balance que je suis enceinte, là, au milieu du salon !

Je m'approche de lui et caresse sa joue rugueuse.

- Ne t'inquiète pas mon amour. Ce n'est rien de grave, je t'assure. Mais laisse-moi faire. Je t'expliquerai tout demain !

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No Big Deal de Steadman, qui m'a accompagnée durant l'écriture du chapitre, en média.

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