Chapitre 22

5.6K 383 4
                                    

Italie, Léa

Quand je vois ces deux personnes formidables mon cœur bondit de joie. Qu'est-ce qu'ils m'ont manqué ! Sans que je ne m'en rende compte Domenica me serre dans ses bras suivie de Giovanni. L'émotion est omniprésente faisant dévaler des gouttes salées le long de mes joues. Au bout de quelques minutes nous nous séparons. Je constate qu'ils ont aussi les larmes aux yeux.

- Giovanni, Domenica, je suis si heureuse de vous voir ! Vous m'avez tellement manqué ! m'écrié-je.

- Tu nous as énormément manqué aussi ma chérie ! me répond Domenica en essuyant une larme au coin de son œil. 

Puis, une fois l'hébétude des retrouvailles passée, la gouvernante et le cuisinier remarquent la présence d'autres personnes. Celle des enfants. Je les observe attentivement, attendant leur réaction. Je souris quand je vois leur bouche s'ouvrir petit à petit et leurs yeux s'écarquiller. Leur regard se pose sur les jumeaux avant de remonter vers mon visage puis vers celui du maître des lieux.

- Mio Dio ! s'exclame Domenica en couvrant sa bouche de sa main tremblante. Tu...tu étais enceinte ? bredouille-t-elle.

Je comprends tout à fait son incrédulité. Qui aurait cru que ce terrible jour de novembre j'emportais sans le savoir deux petites vies avec moi ?

- Je...allons en parler à l'intérieur. Qu'en dites-vous ? leur proposé-je.

Ils hochent la tête et nous montons le reste des marches avant de pénétrer à l'intérieur du manoir. À première vue rien n'a changé. Le hall, toujours aussi lumineux, donne sur un double escalier en pierre polie qui se rejoint au-dessus d'une large et haute porte en bois clair à deux battants qui s'ouvre sur la pièce principale.

Nous nous engouffrons dans le salon, identique à celui de mes souvenirs. La pièce est toujours aussi chaleureuse malgré son haut plafond qui donne l'impression d'être dans un monument religieux. Les murs peints en marron et en beige associés au grand lustre fait de morceaux de bois entremêlés et aux baies vitrées donnent une luminosité incroyable. Un canapé et deux fauteuils en cuir marron faussement usés font face à une cheminée rarement allumée à cause des températures douces du pays. Mon regard se pose ensuite sur la table basse industrielle comportant un plateau en métal et un autre en bois. Une bibliothèque du même style occupe tout un pan de mur. J'aimais tellement y prendre un livre et aller m'installer confortablement sur mon fauteuil en attendant Demetrio. 

Une pression sur mon bras gauche m'extirpe de ma contemplation. Je regarde Demetrio, touchée qu'il n'ait rien changé à notre maison.

- Léa, Domenica, Giovanni, asseyez-vous. Je vais préparer quelques rafraîchissements dans la cuisine avec les garçons. Vous venez mes petits monstres ?

Mes bébés acquiescent et suivent leur père docilement vers la grande cuisine située après quelques marches au fond de la pièce.

Je me laisse tomber sur le canapé en soupirant. Giovanni et Domenica ne tardent pas à m'entourer, attendant visiblement mes explications.

Je fixe mon regard sur la grande horloge métallique placée au-dessus de la cheminée et commence mon récit en omettant aucun détail : mon expulsion, mon retour dans le Jura, mon nouvel emploi, la découverte de ma grossesse, mes tentatives pour joindre mon ex-mari, l'aide d'Alberta, mon accouchement, la routine qui s'installe peu à peu jusqu'au retour de Demetrio il y a un mois et demi.

Mes deux amis ont gardé le silence pendant mon histoire et me regardent profondément émus. Ils ignoraient tant de choses. En effet, le jour de mon départ, Demetrio et moi leur avions donné leur journée pour avoir plus d'intimité. Par conséquent, ils n'ont appris que plus tard par Demetrio que je n'étais plus là, qu'il m'avait chassée.

Rayons de soleilWhere stories live. Discover now