REBELLE

TOME II: PARTIE. 32

Amdy avait raison. Bien que Hamdel soit très proche de son père, il n’échangeait pas à ce propos ni sur Amina d’ailleurs. Concernant leur couple, Yérim préférait pour le moment rester en retrait.

_ Je sais que la sexualité au sens pur du terme est reléguée au second plan pendant le moment de jeûne. Ainsi de l'aube au coucher du soleil, il est interdit d'avoir des relations sexuelles. Ils annulent le jeûne si cela a été fait volontairement et en toute connaissance de cause. Les personnes doivent alors rattraper ce jour et doivent aussi s’acquitter d’une œuvre expiatoire en jeûnant deux mois consécutifs pour se repentir d’un tel acte. 

_ Effectivement mais avant la rupture du jeûne, la sexualité peut prendre une autre forme. Elle peut être traduite par des embrassades, des câlins, des propos doux à l'endroit de son conjoint et il n’y aucun mal à cela du moment où ça ne va pas aboutir à une excitation qui pourrait gâcher votre jeûne. En gros, des marques d'affection, sans aller jusqu'à l'acte sexuel en lui-même.

Sir sembla réfléchir un instant. Connaissant bien sa femme, elle ne se contenterait pas de bisous et de petits câlins pendant la journée. D’ailleurs elle serait surement capable de le provoquer comme elle sait si bien faire. En plus il fallait avouer que lui non plus ne serait capable de supporter cela sans pour autant aller plus avec son épouse. 

_ Voilà le problème oncle Amdy, l’impact que pourrait avoir ces embrassades sur leur jeûne.

_ Ce n’est qu’une question de maitrise !

_ La maitrise ? J’ai toujours su me maitriser… sauf envers lady Sy. Lorsqu’il s’agit d’elle je préfère la précaution.

_ Te tenir complétement à carreaux de peur de gâcher ton jeûne. Comment feras-tu lorsque vous cohabiterez ensemble les ramadans à venir ? Eviter ta femme en désertant le domicile conjugal ?

_ On verra en temps venu. Pour le moment je préfère attendre après le Ramadan pour profiter pleinement de mon nouveau statut d'époux en jouissant d’une lune de miel sans restrictions……………….

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Durant le Ramadan, particulièrement au Sénégal, les dépenses alimentaires se retrouvent bien au-dessus de la moyenne des autres mois. Dû à la modification des habitudes de consommation et à certaines traditions, ces dépenses quelquefois exorbitantes vont parfois à l'encontre du rite religieux………….

Le mois béni du Ramadan constitue une occasion de plus pour les femmes mariées d’offrir des cadeaux à leurs belles familles notamment le soukeurou Koor (le sucre du jeûne, en traduction littérale) mais qui se traduit par l’offrande de repas, tissus, argent ou des paniers remplis de denrées alimentaires. Une tradition bien chère à la gente féminine, qui parfois peut devenir un véritable cauchemar pour les belles filles. Car si vous êtes fauchée et incapable d’offrir un panier Ramadan à votre belle-mère ou à vos belles sœurs, ce sera la guerre assurée.

Pour Nafissatou Dia, le soukeurou Koor était un lourd fardeau. Depuis que sa belle-famille en avait parlé, cette tradition était devenue une vraie épée de Damoclès qui lui donnait des maux de tête. Le fait que Soukeyna l’admiratrice de son mari en ait apporté à sa belle-mère ne la dérangeait vraiment pas. Ce qui l’importunait c’est le fait que Ngoné et Miss Thiam aient mentionné sa cousine par rapport à ce sujet. A croire que tout tournait autour de Zahra. Mais cette fois ci il était hors de question qu’elle lui vole encore la vedette surtout auprès d’eux.

En route pour liberté 6, elle observait silencieusement son mari conduire. Très craquant avec ses lunettes de soleil, bien que conscient du voyeurisme de sa femme, Bassirou fit comme si de rien n’était. Ces derniers jours, les choses étaient tendus entre eux. Sa femme ne cessait de le tympaniser pour avoir 400.000 francs de quoi offrir un soukeurou Koor à sa famille. Et puisqu’il n’avait pas cédé, madame lui faisait la tête. Ainsi, Nafy avait décidé de trouver main forte auprès de sa mère.