𝟣𝟩. 𝘖𝘶𝘵 𝘰𝘧 𝘵𝘩𝘦 𝘸𝘰𝘰𝘥𝘴

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La jeune fille n'a pas bien dormi et Dieu seul sait qu'elle n'a pas été la seule

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La jeune fille n'a pas bien dormi et Dieu seul sait qu'elle n'a pas été la seule. L'esprit travaillé par les événements de ces derniers jours, chaque seconde est bonne pour réfléchir à la façon dont elle pourrait faire connaître son histoire.

Parvenant à peine à s'endormir lorsque les premiers rayons du soleil commencent à filtrer au travers des vitres sales de sa nouvelle mansarde, l'arrivée momentanée de sa bienheureuse colocataire tire définitivement un trait sur son repos.

—   Il t'attend. Margrethe a le regard injecté de sang. Édith n'est donc pas là seule a ne pas avoir fermé l'œil de la nuit.

Ainsi, c'est avec une mine blafarde et le corps endoloris qu'Édith se met en marche. Durant ce début de journée la ville dort encore. Jamais Édith ne les avait plus envié qu'a cet instant. Ils dorment, soulagés qu'ils ne leur soient rien arrivés. Les normands connaissent le sommeil réparateur des vainqueurs : cette seule idée parvient à la dégoûter, sans doute plus qu'elle ne le devrait.

Observer la ville de jour lui permet de reconnaître les chemins par lesquels elle est passée la veille, lorsque la mort la poursuivait encore. Les torches n'avaient nullement rendu hommage aux pierres apparentes de certaines maisons ni à la vision de la mer qui, si étrangement, au détour d'une ruelle pouvait s'imposer si largement. Une fois dénuée d'habitants, la ville était belle. Atrocement sauvage, douloureusement différente.

Dans de meilleures circonstances, Édith aurait pu remercier son créateur de l'avoir menée jusqu'ici. Elle qui ne rêvait autrefois que d'aventures aurait été des plus heureuses : une nouvelle ville à découvrir, des habitudes à maîtriser, des secrets à d'emmêler. Aujourd'hui, elle l'en maudissait presque : toute cette verdure qui lui resterait à jamais inaccessible, ces maisons qui ne lui appartiendraient jamais, son histoire qu'elle ne saurait écrire.

Édith avance comme l'aurait fait une damnée, une main posée dans le creux de son dos comme la pointe d'une épée. Tu ne peux pas reculer. Arrivant devant les immenses portes sculptées, Margrethe lui fait comprendre que la grande entrée ne leur ait pas destinée. Conduite devant l'une de celles reculées, Édith découvre grâce à l'odeur qu'elle s'apprête à pénétrer dans les cuisines adjacentes à la résidence.

—   Je t'attendrais ici. Margrethe lui donne ses dernières recommandations. Tâches de venir me trouver. Surtout, ne pas la laisser seule. Nous rentrerons ensemble.

Sur le pas de la porte, impuissante, Édith se présente entre les feux, les esclaves et les carcasses. Les senteurs sont parfumées, presque insupportables. Toute cette viande, tout ce sang. Qu'est-ce que Édith donnerait pour oublier l'odeur du sang. Les inlassables allées et venues des servants contribuent à rendre la chaleur de la pièce des plus étouffantes et anxiogènes. En bref, une chaleur maladive imprègne ces corps transpirants d'efforts.. En d'autres termes et contre toute attente, Édith est presque soulagée de rejoindre la pièce où l'attend Ragnar.

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