39 | Hard to Cry

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Jamais la douleur n'avait été plus forte. Chacun de ses membres la faisait inlassablement regretter l'époque où, étrangère à l'art de la guerre, Edith observait envieuse les jeunes garçonnets pratiquer lamentablement le maniement d'armes. Bien que son humble village n'abritait pas de réserves militaires propices à l'entraînement, il lui fut donner la chance d'observer - durant les périodes de guerre - des soldats investir les lieux afin d'y trouver refuge avant de repartir quérir une nouvelle bataille. Vêtus de tenues aussi lourdes qu'imposantes, leurs déplacements étaient alors hachés, irréguliers. Les mouvements normands, avaient au moins le mérite d'être délivrés de toutes contraintes. Ne jouissant d'aucune protection corporelle autre que leur bouclier, les guerriers vikings se battaient d'une rapidité qui n'avait rien de comparable à celle des guerriers sévissant de l'autre côté de la mer. Cette rapidité - comme tout autre avantage - avait néanmoins un prix : chaque coups portés à leur encontre les blessait d'autant plus. Seulement les Vikings étaient imprenables, sauvages, indomptables. Ils ne craignaient pas la mort, qu'était donc alors un simple coup d'épée face à une entrée assurée au Valhalla ?

Edith avait veillé une nuit entière sans sommeil. Elle, qui ne pouvait trouver aucune une position qui lui permettait de trouver le sommeil, accepta, reconnaissante, l'aide proposée par Margrethe. Pensant ses plaies et l'hydratant quotidiennement, son amie se portait garante de son rétablissement. 

La Saxonne fut donc clouée à son lit pendant trois jours et trois nuits. Au bout de ses quelques jours sans repos, sa plaie à la jambe continuait de saigner sans pour autant montrer la moindre once de rétablissement, ce qui alarma Margrethe. Nombreuses blessures s'étaient présentées à ses yeux, et toutes celles ayant suivies le même chemin n'avaient pas connues une fin des plus réjouissants.
Que devait-elle faire ? Elle ne souhaitait pas alerter Edith, pourtant lorsque la Saxonne fut saisie durant la quatrième nuit d'une fièvre intense, Margrethe reconnut qu'il était temps d'agir.  Tout semblait annoncer qu'une infection s'installait.

Au matin du cinquième jour, Margrethe partie aux aurores afin de trouver le seul encore capable de changer quelque chose : Ragnar. Elle le trouva assoupi dans la salle de réception du Skali, encore ivre de la veille. Se dépêchant de lui apporter une choppe d'eau fraîche afin que celui-ci se remette les idées en place, Margrethe lui narra sa préoccupation. Elle lui fit par de l'entraînement avec Lagertha, ce qui ne surpris pas outre mesure Ragnar. En effet, cette même nuit s'était glissée dans sa chambre son ex-femme afin de lui raconter dans les moindres détails cette initiation mouvementée. Il avait donc pris connaissance de l'affrontement qui avait précédé entre la Saxonne et une des guerrières au bouclier, pourtant il n'avait été nullement mentionné une blessure à la jambe susceptible de s'infecter. Lagertha l'avait bien décrite comme fatiguée et lasse, mais il savait que jamais elle n'aurait continué le combat si elle s'était doutée qu'une de ses blessures auraient pu nuire durablement à Edith. Lui qui avait été si souvent blessé connaissait l'inquiétude qui pouvait saisir ses proches lorsque maintenu entre les vivants et les Dieux, Ragnar se battait pour survivre. Or, aujourd'hui Ragnar n'était pas le blessé, non. Aujourd'hui, Ragnar était l'inquiet. Une blessure aussi petite soit-elle ne devait en aucun cas être négligé. Trop souvent de valeureux soldats avaient succombé à des blessures bénignes qu"ils jugeaient tout simplement passagères et indolores. Pourtant la fièvre s'installait et bien vite la gangrène la remplaçait. Parfois, lorsque nous étions chanceux, nous pouvions perdre un bras en échange de la vie. Mais les amputations de ce genre, faites à la hâte, étaient bien trop incertaines pour être sûr de ne pas mettre en danger la vie du blessé.

Ragnar, ne pouvait prendre ce risque. Il questionna longuement Margrethe sur l'état précis de sa jeune pupille. Elle lui indiqua ses nombreux tremblements, ses douleurs mais plus inquiétant encore elle lui indiqua que la fièvre l'avait gagnée. La plaie  - ne s'étant pas refermait - continuait inlassablement de laisser s'écouler du sang, ce qui contribuait à l'affaiblissement précipité de la jeune femme. Pourtant que pouvaient-ils faire ?

𝖥𝗈𝗋𝖾𝗂𝗀𝗇𝖾𝗋'𝗌 𝖦𝗈𝖽 | 𝖵𝗂𝗄𝗂𝗇𝗀𝗌 Where stories live. Discover now