Hoppla! Dieses Bild entspricht nicht unseren inhaltlichen Richtlinien. Um mit dem Veröffentlichen fortfahren zu können, entferne es bitte oder lade ein anderes Bild hoch.
Le soleil est un ami, un soutient indéfectible sur lequel nous pouvons compter afin de nous en sortir. L'astre est une boussole entre les aiguilles desquelles, les hommes remettent leur vie à chacun de leurs périples. Rusés, ils ont appris à deviner les marées, contourner les rochers et sentir les tempêtes. Seulement, même les plus talentueux d'entre eux ne peuvent rien faire lorsque l'eau demande son droit de passage.
Emprisonnés sur cet îlot mouvant, seuls les prières et l'alcool parviennent à les maintenir actifs. Certains vomissent, d'autres passent leur temps à dormir, des querelles éclatent et leur embarcation tangue. Édith quant à elle, se contente d'essayer de rester en vie et d'éviter les soucis. Plus facile à dire qu'à faire, la fille apprend à maîtriser sa langue en la mordant si nécessaire.
Ils sont en mer depuis des jours, des semaines peut-être. Édith a arrêté de mesurer le temps depuis que l'eau a commencé à lui manquer. La soif est l'ennemi des marins, pouvant en voir une quantité infinie sans pouvoir en user. Les journées se rallongent et l'espoir d'arriver entière à destination devient de plus en plus faible. Ils ont perdus un bateau, une nuit plus brutale que les autres. Hier, la fille avait pensé que c'était leur tour, que son Dieu était venu demander réparation aux mortels pécheurs dont elle faisait partie. Que sa rédemption serait enfouie dans les tréfonds d'une mer étrangère et qu'elle ne reverrait jamais sa terre.
Certains étaient tombés à l'eau avant d'être rapidement avalés par les vagues, d'autres avaient hurlé des demandes soit disant prophétiques selon lesquelles un serpent de mer serait à l'origine de leur malheur. La fille n'avait pas vraiment compris ces insinuations et ce, sans pour autant poser la moindre question.
Ils doivent avoir leur raison, se disait-elle simplement, chacun agit à sa façon lorsque approche la fin. Édith avait donc résisté à cette guerre navale : nous l'avions attachée au mat et nous l'avions laissée s'égosiller jusqu'à ce que la tempête s'apaise. Édith n'avait peut-être plus de voix mais au moins était-elle toujours en vie. Ragnar était venu lui-même la libérer au levé des mondes, lorsque le jour était sauf.
On lui avait donné un bout de galette humide et un fond de vin amer pour faire passer le tout. Avoir accès ne serait-ce qu'à une seule goutte de cette mixture était un honneur que la fille pouvait reconnaître certes, sans pour autant s'en montrer reconnaissante. Après tout, si elle se trouve sur ce foutu bateau c'est uniquement de leur faute. Elle ne va pas non plus les féliciter de la garder en vie.
Le premier indice avait été un corbeau. Un oiseau noir et peu agréable. D'ordinaire, Édith l'aurait chassé d'un geste de la main. Simple et efficace. Pour une raison qu'il lui demeurait inconnue, la fille lui avait tendu la fin de galette qu'elle avait pensé à mettre de côté. Sur ses gardes, son nouveau compagnon s'était contenté de le picorer sans y toucher. Le faisant presque tomber par dessus-bord, l'oiseau finit par s'en saisir. L'avalant précipitamment, il ne met pas longtemps avant de reprendre sa route.
