𝟤𝟦. 𝘛𝘩𝘦 𝘊𝘳𝘪𝘱𝘱𝘭𝘦

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Ivar est né une journée d'hiver semblable à celle-ci, entouré de servantes et d'apprenties

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Ivar est né une journée d'hiver semblable à celle-ci, entouré de servantes et d'apprenties. Sur ordres de sa mère, ce cercle d'aide s'était rapidement amenuisé entre ses poussées. Personne ne devait savoir, personne ne devait le voir avant qu'elle n'en soit sûre.

Avant même que ses cris ne déchirent l'air, sa mère le sait : son dernier fils ne naîtra pas entier. Malgré les efforts de sa chair, son enfant est mal fait. À peine sent-elle que son corps le rejette que le voilà offert en pâture au monde, présenté comme un échec à son père. La mère endeuillée ne laisse qu'une larme unique s'échapper des griffes de sa volonté.

Tandis qu'on entoure son dernier né dans des serviettes chauffées, la Reine est résignée. Son fils n'est pas né tels qu'ils l'avaient désiré et pourtant, quoiqu'il advienne - quoiqu'il lui coûte - ce petit garçon vivrait. Pour que son enfant ait un nom, la mère s'était élevée contre son époux. Grâce à sa difformité, ce petit amas de chair portait un nom qui - elle en était sûre - ferait trembler des peuples entiers. Cette journée d'hiver, Ivar le désossé était né.

Sous ses airs stoïques, quelque chose de laid grouillait. Un quelque chose qui risquait d'avaler tout entier les plus curieux d'entre-eux. Cette colère insatiable qu'il se devait de faire connaître au monde était un poison pour quiconque tentait de l'approcher d'un peu trop près.

La douleur le rendait souvent maussade à un âge ou les enfants ne devraient penser qu'à rire, qu'à vivre. Contraint de rester prostré dans sa douleur, rien ne semblait pouvoir le soulager. Bambin, il pouvait pleurer des heures incapable de faire quoique ce soit d'autre. Pour l'apaiser, nous avions tout essayé : baume, onguents, élixirs ... même des sacrifices avaient été faits. En vain.

Tout espoir devait être abandonné et pourtant, un jour, les choses avaient changé. Harbard était arrivé, emportant avec lui une partie de son mal. De cet homme, ses frères nourrissaient des souvenirs bien différents des siens. Pour eux, Harbard n'était qu'un infidèle parmi tant d'autres qui n'avait rien fait d'autre que de tenter leur mère. Ses frères oubliaient le bien qui lui avait fait à lui, que grâce à sa présence, le petit Ivar avait pu respirer à nouveau.

Depuis ces tristes premiers jours, l'enfant fragile a bien grandi. Sous-estimé par ses pairs, les plus intelligents d'entre-eux ont finit par l'éviter : trop nombreux étant ceux à se rappeler de cet incident malheureux. Alors qu'ils n'étaient que des enfants, un jeune garçon avait perdu la vie : Ivar en était le seul responsable. Envahi par cette rage qu'il savait cohabiter en lui, il s'était saisi d'une hache et le reste avait fait l'histoire. Pour les plus raisonnables, cet incident ne voulait rien dire. Pour les plus pragmatiques, la bête venait de planter ses crocs acérées pour la première fois ; ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'elle ne recommence.

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