46 | Rencontre Mortelle

446 37 5
                                    

Elle ne les aperçu pas directement. La salle semblait étrangement vide, voire anormalement calme. Pourtant sans même les voir, Edith parvenait à les sentir. L'excitation qui régnait entre elles rendait l'espace presque visible. Leur absence transformait leur distance en matière. Comme s'il s'agissait d'une sorte de matière nouvelle, épaisse mais pourtant malléable. Il ne lui restait qu'une fraction de seconde avant que l'assaut ne commence, Édith devrait faire vite. Pourtant malgré ses bonnes intentions, elle eut tout juste le temps de se retourner vers Hedda qui était appuyée contre la porte pour lui dire un "Où m'as-tu emmené ?", avant qu'elles ne pénètrent à leur tour dans la pièce. Elles étaient moins nombreuses que ce qu'elle avait imaginé. Une dizaine de guerrières emplirent les lieux, venant s'asseoir chacune leur tour autour des larges tables placées devant elles. Edith trônait au milieu de ce comité, debout, sujette à la moindre de leur attaque. Seulement aucune d'entre elles ne fit quoique ce soit.
Elles attendaient, tout comme elle.
A l'entrée de Lagertha, elles se levèrent cependant. Sous le regard de Torvi, Edith comprit que ce qui s'apprêtait à suivre promettait d'être important. Prononçant son prénom de sa voix grave et sereine coutumière, la guerrière au bouclier l'invitait à prendre place. Ne se sentant pas de refuser, Edith tira un tabouret afin de s'asseoir juste devant elles. Une fois installée, deux guerrières vinrent l'encadrer. "Je ne compte pas fuir vous savez", se sentit-elle obligée d'ajouter face à cette si ferme surveillance. " Elles ne sont pas ici pour t'empêcher de faire quoi que ce soit, Edith. Mais elles peuvent aller s'asseoir si tu le désires", lui proposa leur chef. Proposition, qu'Édith accepta. Une d'entre elles lui apporta une corne rempli de ce qui semblait être du vin, verre que la Saxonne refusa. Cette soudaine confrontation lui avait supprimer toute soif. "J'en aurais sans doute besoin après cette conversation", se prit-elle à penser un peu amère. Lorsque Lagertha entama la discussion, Edith regrettait déjà d'avoir remis sa beuverie à plus tard.

Merci Hedda, le visage du Jarl s'illuminait d'un sourire et d'un air de ravissement sincère. Celui d'Hedda, paraissait quant à lui, renfermé. Edith avait bien remarqué avec quelle application la Viking s'appliquait à ne pas croiser son regard depuis leur arrivée. Tu dois sans doute te demander pourquoi nous t'avons mené jusqu'ici, n'est-ce-pas ?

— J'imagine que vous n'allez pas tarder à me l'apprendre, la Chrétienne se montrait plus sèche qu'elle ne l'avait jamais été. Après tout comment aurait-on pu la blâmer pour cela, personne n'aime être manipulé pour répondre à des fins qui lui sont étrangères.

Nous n'avions pas le choix si nous voulions nous entretenir loin des oreilles indiscrètes, marquant une pause dans son récit pour s'humecter les lèvres, Lagertha ne tarda pas à reprendre, te savais-tu suivis Edith ? Son visage surpris fut plus éclairant que tout autre réponse. Et bien, il était temps que tu l'apprennes. Ces ombres qui te suivent ne sont pas les miennes ni celles de Ragnar. Je ne connais pas leur attention mais elles ne présagent rien de bon.

— Alors vous m'avez emmené ici pour me mettre en garde ?, ces "ombres" qui l'avaient suivi n'avait jamais attiré son attention. Edith s'était toujours jugée attentive, mais encore une fois l'histoire lui avait démontré le contraire.

— Oui ... mais pas essentiellement, d'un geste de la tête Lagertha fit signe à Torvi de s'approcher. Dans ses mains se trouvait une sacoche qui tintait aux moindres de ses pas. Elle déposa ce sac sur la table afin que Lagertha puisse s'en saisir. Le manipulant joyeusement dans ses mains, la femme reprit, te rappelles-tu de l'homme qui t'as agressé à ton arrivée ici ? Ne comprenant pas où elle souhaitait en venir, Edith acquiesça tout en précisant qu'un homme qui essayait de vous tuer était tout de même assez difficile à oublier. Cette réponse fit sourire plusieurs guerrières ce dont la Saxonne ne se souciait guère. Dis moi Edith, comment payez vous à l'Ouest ? Désormais Lagertha s'était levée, et faisait les cents pas dans la pièce.

𝖥𝗈𝗋𝖾𝗂𝗀𝗇𝖾𝗋'𝗌 𝖦𝗈𝖽 | 𝖵𝗂𝗄𝗂𝗇𝗀𝗌 Where stories live. Discover now