𝟥𝟥. 𝘍𝘳𝘦𝘦𝘧𝘢𝘭𝘭

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Margrethe n'aimait pas la pluie

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Margrethe n'aimait pas la pluie. Elle n'en aimait ni l'odeur ni le son. La pluie l'empêchait souvent de dormir et rendait ses draps humides : l'Esclave avait horreur du froid. Le petit âtre qui s'occupait de réchauffer leur baraque n'était pas suffisamment important pour en chasser sa moiteur grandissante, se contentant bien souvent de rendre l'air irrespirable.

Aussi, Margrethe aimait dormir au Skali. Elle aimait dormir dans ces lits aux draps chauds et rebondis, les meilleures peaux de bêtes reposant sur son corps nu sans le moindre frisson. Margrethe aimait être ici, aimait avoir une place parmi eux. De l'autre côté de la ligne, l'esclave se sentait digne. Enfin, la vie lui donnait ce dont elle avait rêvé. Bientôt - du moins, elle l'espérait - elle n'aurait plus jamais à craindre l'arrivée de la pluie.

Éviter Ivar, n'avait pas été une chose facile. Les premiers jours avaient sans doute étaient les pires. Il semblait être partout, toujours disposé à guetter ses moindres mouvements. Ivar attendait une erreur, un petit quelque chose qui lui indiquerait qu'elle avait parlé. Restée docile à ses côtés n'était pas une chose aisée. Lors d'un repas, le garçon avait même eu l'audace de glisser son bras autour de sa taille. "Assieds-toi", lui avait-il ordonné dans une voix veloutée.

Les autres n'avaient pas réagi, ils s'étaient simplement contentés d'agir comme si la trouver à leur table et non plus seulement dans leur lit était normal. Le temps sûrement, lui permettrait de s'en sortir. L'esclave savait s'y faire avec les hommes, leurs vices et leurs angoisses. Dès qu'Ivar ne la considèrerait plus comme une menace, sa vie pourrait reprendre ; sa patience devrait simplement se montrer tenace.

Ubbe avait mis du temps avant de venir la trouver, des jours entiers s'étaient écoulés. Il ne lui avait rien reproché, bien qu'elle sentait pertinemment qu'elle le dégoutait. Pourtant, se disait-elle, c'est toi qui me l'a demandé. Peut-être qu'il avait honte de lui-même, honte de ne pas pouvoir être celui à la garder. Le partage était important entre frères, ils avaient fait en sorte de lui apprendre : pourquoi est-ce devrait-il changer ?

Margrethe avait appris à sentir la poigne d'Ivar, ses mains sur son bras et son regard sur sa peau. Elle était vaincue mais non défaite. Jusqu'au jour où, plus rien : plus un mot ni regard pour la pauvre esclave qui retrouvait sa place. Était-elle parvenue à le rassurer où n'était-ce qu'une ruse destinée à la cueillir par surprise ?

Elle s'en était étonnée tout en refusant de s'y habituer. Deux jours ne s'étaient pas écoulés qu'elle redoutait déjà l'arrivée du troisième. L'attente d'un rien la faisait trembler, un silence lui donnait l'impression de se trouver condamner. L'incertitude menaçait de la rendre dingue, aussi finit-elle par se tourner vers celle envers qui sa confession avait commencé.

— Il va finir par le faire, Édith. Lui avait-elle prédit, enfermée dans les draps de son lit. Il finira par me tuer.

Le regard rivé sur le plafond, Édith s'était laissée aller dans un bâillement.

𝖥𝗈𝗋𝖾𝗂𝗀𝗇𝖾𝗋'𝗌 𝖦𝗈𝖽 | 𝖵𝗂𝗄𝗂𝗇𝗀𝗌 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant