Deze afbeelding leeft onze inhoudsrichtlijnen niet na. Verwijder de afbeelding of upload een andere om verder te gaan met publiceren.
Toute cette histoire va très mal se finir, se répète Margrethe comme un mantra sur le chemin du retour. Encore une fois, la petite ingrate avait eu les yeux plus gros que le ventre. Comment avait-elle pu penser qu'il en serait autrement ? Comme s'il lui était permis de mener le jeu, d'avoir un coup d'avance sur les autres ; sur sa reine. Idiote, s'entend-t-elle prononcer à voix basse, toute cette histoire va très mal se finir.
— Margrethe enfin, ce n'est rien. Son ton ne trompe personne. Ce n'est pas rien, Edith le sait même si elle a désespérément envie de croire le contraire.
— Avance plus vite. La coupe l'autre, d'une voix sèche.
Le soleil s'est rangé, le danger a retrouvé son chemin. Il ne lui avait pas fallu longtemps. Tandis qu'Edith essaye de suivre, transie par le froid, son esprit ne mesure pas encore la portée que ces dernières minutes auront sur sa vie. L'incertitude que lui procure l'angoisse soudaine de Margrethe ne la rassure en rien, bien que pour l'instant, le pire reste à venir. Bien loin sont les réjouissances, l'insouciance. Ce si bon moment n'existe plus, ravagé par la gravité du moment. La neige se pose toujours au sommet.
Le feu s'est éteint il y a longtemps. Elles n'ont ni d'eau ni vivres. Margrethe pensait pouvoir y retourner, avoir le temps de lui ramener autre chose. De toute évidence, pour aujourd'hui elle devrait faire sans. Margrethe se contente de marcher, d'un côté et de l'autre, sans but. Des images et des milliers de possibilités tonnent dans sa tête comme un orage rendu indétectable par l'absence de nuage. Aucune hypothèse n'est plus joyeuse qu'une autre, chacune comportant son lot de peine et de reproches.
Devait-elle en parler à Ragnar ? Pour qu'il la tienne responsable ? Pour qu'il l'estime incapable ?
Non, cela Margrethe ne pouvait s'y résoudre. Elle avait passé des jours, dans la plus grande discrétion, à accomplir sa mission : nourrir la fille, la garder en sécurité. Les choses devaient être simples.
— Personne ne le saura. Ne prend pas peur, ne prend pas peur, ne prend pas peur. Reviens, toujours.
Edith ne peut rien lui assurer, pas plus qu'elle ne peut lui promettre quoi que ce soit. Aussi éprouve-t-elle-même des remords à lui mentir.
— Il n'a rien vu.
Foutaise.
La fille l'a vu aussi distinctement qu'elle la voit, elle. Il sait qu'elle existe. Bientôt, il saurait où la trouver. Edith sait alors que mentir comporte un risque, qu'elle ne devrait pas l'imaginer plus inoffensif qu'il ne l'est réellement. Il pourrait la tuer. Il pourrait faire pire. Qu'importe, de toute évidence elle ne peut pas rester ici bien longtemps. C'est peut-être un mal pour un bien après tout : désormais, elle n'avait plus le choix. Partir ou mourir. Toutefois, si fuir devient inévitable, elle ne refuserait pas quelques vivres en plus. Margrethe devait revenir, Margrethe devait l'aider.
