41 | Nouveaux Jours

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Le repos, enfin.

La quiétude comme linceul, la douce lumière du jour faisant office d'une couverture indélébile venant s'inscrire sur leur peau. Sans un mot, le sommeil les avait gagnés. Les laissant côte à côte, tels des compagnons de sommeil solitaire dans ce lit pourtant partagé.

Chacun, respectant avec délicatesse l'espace de l'autre, trouvait dans la respiration de leur compagnon un nouveau souffle.

La présence rassurante d'Ivar l'avait sauvée de ses sursauts les plus spontanés face à ses mauvais rêves sournois et possessifs.
Lui, qui avait représenté la plus grande des menaces, l'apaisait désormais.
Son contact chaud et ferme, était ce qu'il lui manquait pour être sereine.
Tant qu'il serait là, nul ne s'en prendrait à elle. Personne n'oserait affronter ce fils instable, personne n'oserait agir contre sa volonté. D'une manière insoupçonnée, Edith avait accepté sa présence avec plus de plaisir qu'elle n'aurait pu se l'avouer. Fréquemment réveillée par la douleur, d'un bras posé sur sa taille, sa respiration retrouvait son rythme régulier. L'homme sentant dans les brumes du sommeil son trouble, la calmait, l'apaisait. Pour la première fois, ils semblèrent se comprendre. Ils s'apprivoisaient dans la nuit, à l'abri des regards et des jugements. N'ayant pas à affronter le regard de l'autre, ces deux jeunes adultes, récemment sortis de l'enfance, découvraient courageusement cette proximité inhabituelle.

Bien souvent mis à mal par la présence des femmes, Ivar se retrouva surpris par la facilité avec laquelle celui-ci parvint - pour la première fois - à comprendre pourquoi ses frères s'égaraient si souvent dans les lits de femmes qui n'étaient pas les leurs. S'écartant du devoir de transmettre sa lignée, une femme était un soutient, une force inébranlable, équivalente à la douceur des événements partagés.
S'oubliant dans ces draps chauds plus longtemps qu'ils ne l'auraient dû, un bruit lourd et sec le tira des vagues du sommeil.

Edith, épuisée, dormait toujours mollement à ses côtés. Les quelques mèches qui reposaient sur son front volaient au rythme des courants d'air qui indiquaient déjà que la journée serait froide et dure. Ses lèvres légèrement bleutées inquiétèrent le jeune homme, qui, d'un réflexe,  recouvrit ses épaules découvertes d'une couverture négligemment installée sur la couchette. Se tournant avec le plus grand soin, il observa, circonspect, le visage interdit d'une jeune viking blonde l'observer. Un sceau renversé trônait à ses pieds, comme symbole du bruit qui si anormalement avait résonné.
Surpris dans cette situation, Ivar agit d'une manière calme et réfléchie. Margrethe le craignait encore, et nullement Ivar souhaitait que cela ne cesse. L'homme se releva donc lentement sur les coudes avant de dégager son visage. Un sourire malicieux souilla son visage angélique, ce qui suffit à terrifier la Viking. D'un geste de main, l'Infirme lui indiqua de sortir sans attendre. D'un geste tout aussi rapide, Margrethe sortie à grandes enjambées.

« Elle a oublié le sceau, dommage ».

Le vent suffit à faire claquer la porte derrière elle. « Bien », ses frères seraient bientôt au courant. Après tout, n'était-ce pas ce qu'il souhaitait ? N'était-il pas ici pour alimenter les rumeurs sur une possible liaison avec cette Saxonne ? Edith n'oserait jamais avouer le contraire si Ivar lui imposait, ainsi la parole isolée de Margrethe ne constituerait plus une menace. Enfin, Ivar serait délié de ce nœud oppressant son bas-ventre. À moins, que cela ne soit autre chose ?

L'Étrangère remuait désormais. Ivar n'eut pas à attendre longtemps avant de la voir ouvrir les yeux à son tour. Au contact des yeux bleus du jeune homme, un sourire timide apparu sur ses lèvres. Bref instant de mélancolie, avant le retour de la douleur. Un rictus remplaça le sourire, bien vite chassé à son tour par la voix grave de l'Homme,

𝖥𝗈𝗋𝖾𝗂𝗀𝗇𝖾𝗋'𝗌 𝖦𝗈𝖽 | 𝖵𝗂𝗄𝗂𝗇𝗀𝗌 Where stories live. Discover now