45 | Instinct

454 38 1
                                    

Hvitserk lui tournait autour tel un de ses vautours qui peuplait si souvent le ciel.
Ivar imperturbable, comme à son habitude, l'observait faire en demeurant impassible. De temps à autre un sourire entendu fendait son visage avant de disparaître aussitôt. Bien qu'il souhaitait de toute évidence l'impressionner par sa confiance, l'Infirme ne voulait pas pour autant baisser sa garde. Il était meilleur que lui au combat, Ivar le savait, pourtant il n'était pas à l'abri d'une erreur. Connaître ses forces est une chose, sous-estimer son adversaire en est une autre. Leur public demeurait interdit, observant d'un cœur lointain cette scène. A sa plus grande surprise, aucun d'entre eux ne semblait réellement plus inquiets qu'à leur habitude. Sans doute, les frères savaient-ils qu'il ne s'agissait ici que d'une façon puérile de régler leur conflit sans pour autant causer des dommages irréversibles. Après tout, les coups laissent souvent moins des traces que  l'indifférence la plus vile. Sur ce point, Sigurd en conviendrait sûrement, mais cela était un autre point. Rompant les angoisses d'Édith, le premier de leurs coups s'annonçait.

Une fois arrivé dans le coin derrière gauche de la vision de son cadet, Hvitserk lui asséna un coup d'épée. Ce coup aussi clair que ravageur fut évité avec aisance. La Saxonne dû manifester chaque parcelle de quiétude qui lui restait en elle afin de ne pas leur crier d'arrêter. Ivar avait évité ce coup qui aurait pu lui être fatal, seulement durant combien de temps encore le pourrait-il ? Sans lui laisser plus de temps Hvitserk fit un demi tour sur lui même afin de se positionner face à lui. "Tu es trop lent", lui dit-il en haussant innocemment les épaules. En guise de réponse, l'homme laissa échapper un rire amer avant de reprendre consistance. Cette fois-ci, le coup surpris même ceux restés en retrait. Ivar avait récupéré sa hache et l'avait jeté en direction de son frère. Le frôlant de peu, celle-ci s'était logée dans un arbre non loin du corps la Saxonne. Suffisamment proche en tout cas, pour constater qu'entre la lame et l'écorce des morceaux de tissus reposaient. "Ils vont finir par se blesser", cette phrase revenait en boucle dans l'esprit de l'Étrangère qui commençait à perdre pied. Délesté de son arme de prédilection, l'Infirme dû se rabattre sur ce qu'il lui restait : une épée. "Nous serons à arme égale mon frère", lui asséna Hvitserk. L'assurance avait fini par changer de camp, l'un connaissant les difficultés de l'autre. Ivar savait bien viser et se débrouillait bien au corps à corps, malgré tout les armes lourdes et longues n'étaient pas son fort. Il arrivait certes à répondre - souvent il parvenait même à désarmer son adversaire - mais la hargne de Hvitserk lui souffla qu'il pouvait gagner. Ainsi, il essaya.

Entrechoquant les lames aussi rapidement que la respiration saccadée de la femme qui priait pour eux, les frères s'évertuaient à se blesser un peu plus

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Entrechoquant les lames aussi rapidement que la respiration saccadée de la femme qui priait pour eux, les frères s'évertuaient à se blesser un peu plus. Les pointes tailladaient d'une manière sommaire leurs bras, leurs jambes sans qu'ils ne semblent s'en apercevoir. Rien n'était jusqu'alors réellement alarmant, mais Edith savait mieux que quiconque comment une légère coupure pouvait prendre d'énormes proportions.

Le duel maintenait la même intensité, alors que d'un seul coup d'épée la situation s'aggravait de nouveau. Ivar, après avoir frappé habilement son frère sur son point d'appui, venait d'abattre son épée sur sa joue droite. Une profonde entaille meublait désormais le visage rougeâtre de Hvisterk. Resté statique par la surprise, le tout juste blessé regardait ébahi son frère. Lui, qui l'avait blessé. Pour la première fois depuis le début de cet affrontement fraternel, ils semblèrent reconnaître sa présence. Leurs regards se plantèrent sur elle, et c'est avec effroi que l'Étrangère observa le col déjà rougeâtre de Hvitserk se faire consumer par son propre sang. La blessure n'était en rien plus grave que les autres seulement sa position la rendait oppressante, monstrueuse. Hvitserk venait de jeter son arme, vaincu. En tout cas était-ce ce que pensa Ivar avant que son frère ne se dirige vers lui. Il le dépassa, incitant Ivar à baisser sa garde et c'est exactement ce qu'il fit. Lorsque son arme toucha le sol, son frère le saisit de dos et le projeta au sol. "Tu la veux hein ? Alors rampe jusqu'à elle", Ivar essayait de se lever sur ses poings mais, suivant le geste à la parole, Hvisterk balayait ses bras d'un seul mouvement de pieds. L'infirme rampa peu avant de finir par saisir la jambe de son frère. Ils roulèrent au sol et le combat reprit une nouvelle fois. Lassée de cette scène désormais ridicule, Edith se saisit de son bouclier avant de s'avancer vers leur masse grouillante. D'un geste d'épaule elle les frappa. Dégageant leurs corps l'un de l'autre, Edith dû ajouter son élancement dans l'épaule à sa longue liste de peine. Mais cela n'avait plus d'importance désormais, ils l'écoutait et c'est tout ce qui lui importait. "Assez. Vous vous comportez comme des enfants ! J'aurais honte à votre place. Que croyez-vous au juste ? Que vous battre va vous aider à faire quelque chose ? Et bien devinez quoi, à part prendre des risques pour pas grand chose ça ne fait pas de vous des hommes. Alors la prochaine fois quand vous souhaiterez vous battre demandez-vous jusqu'au vous êtes prêts à aller. Et si aucun de vous n'a réellement l'intention de tuer l'autre faites nous épargner du temps et retenez vous." Les garçons la regardèrent interdits, fulminants de l'intérieur. Voyant bien que sa petite tirade les laissait silencieux elle ajouta au bord de l'implosion "et bordel Hvitserk tu saignes vraiment tu devrais compresser la plaie".

𝖥𝗈𝗋𝖾𝗂𝗀𝗇𝖾𝗋'𝗌 𝖦𝗈𝖽 | 𝖵𝗂𝗄𝗂𝗇𝗀𝗌 Where stories live. Discover now