Chapitre 7

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La journée s'étant terminée très brutalement, je suis rentrée directement chez moi afin de pouvoir mettre mes idées au clair.
La chose qui me taraudait, c'était la remarque que Victoria avait faite à Damiano : elle a très clairement sous-entendu qu'elle était prête à quitter le groupe si celui-ci ne changeait pas de comportement. Sa réponse sera la clef du futur du groupe, j'en ai bien peur.
A peine je me fus affalée sur mon lit que mon téléphone sonna : c'était Thomas. Je n'avais pas le cœur à répondre, alors je laissais mon portable vibrer dans le vide. Quelques instants plus tard, je reçu une notification m'indiquant que j'avais un message sur mon répondeur. Je l'écoutais aussitôt :
- Salut, Anna. Je suis tellement désolée pour tout à l'heure. Mais je sais que tu es en train de ronger les sangs en pensant que tout est de ta faute, alors je t'appelais juste pour t'en rappeler le contraire. On pourrait dire que l'on s'en veut pour les soit-disant ambiguïtés entre nous, mais toi et moi et Vic et Ethan savons que ce n'est pas le cas ! C'est juste Dam qui m'a
l'air de péter un câble, clairement. En aucun cas on a à regretter de quelconques agissements. Allez, rendez-vous lundi à 10h au studio. Oh, et t'inquiètes pas pour ce qu'à dit Vic. Elle a fait ça pour faire flipper Dam. À plus, Anna.

Je lâchais alors un soupir de soulagement. Je me doutais de tout cela, mais en entendre la confirmation me rassurais encore plus.
Ce soir là, mon sommeil fut profond et sans rêves.
Quand j'ouvris les yeux, je jetais un coup d'œil à mon réveil : samedi 29 novembre. Déjà !
Dehors, le temps était clair, et la vue dégagée. Je décidais alors d'aller prendre quelques photos depuis un promontoire non loin de chez moi. Mais au moment où j'eus finit de me préparer, je me rendis compte que mon appareil photo n'était nul part. Merde. Avec toute la précipitation de notre départ du studio, j'avais du l'oublier là-bas. En soupirant, je me décidais à m'y rendre.
Le bus était en retard, mes écouteurs ne fonctionnaient plus. Quelle plaie. Dehors, il pleuvait maintenant des trombes d'eau. J'étais venue chercher mon appareil pour rien, le temps était maintenant gâché. En rentrant dans le studio, je me promis que, une fois rentrée chez moi, je n'en sortirais plus avant un long moment.
Je rentrais dans la pièce. J'y fis quelques pas, avant de constater qu'il s'y trouvait également une présence autre que la mienne.
Damiano était la, avachis sur une chaise, une bouteille vide de vodka à ses pieds.
- Anna ? Qu'est ce que tu fous là ? me demanda t-il d'une voix pâteuse.
- Je suis revenue chercher mon appareil. Et toi ? Qu'est ce que tu fous ici ? Dans cet état ? Et avec autant de cigarettes dans le cendrier et de bouteilles vides ?
- Je...Je...
Ses paroles ne se coordonnaient pas, et ses mouvements étaient confus. Soûl, entre autre.
- Je suis désolé ! finit-il par crier. Je suis désolé je suis désolé. C'est juste que... que...
Il tentait de se lever en même temps qu'il parlait, mais son taux d'alcool dans le sang devait l'empêcher d'avoir une mouvance correcte. Je m'approchais de lui afin de lui prendre le bras et de l'installer sur le canapé.
- Me-merci. Je m'en veux tellement. Je sais que j'ai mal réagis, hier et durant les deux dernières semaines. Je sais pas. Pourquoi, je sais pas pourquoi.
Ses yeux étaient vitreux, ses sourcils froncés.
- En fait, je crois que j'étais jaloux. De
toi et Thomas.
J'ouvris grand les yeux. Même avec son ivresse, il comprit sa bourde.
- Non je ne suis pas jaloux, je veux dire. J'ai juste aussi des soucis et et et ça me prends la tête et ça déteint trop sur mon comportement , tenta-il de se rattraper.
- T'inquiètes, le rassurais-je. C'est normal. Le principal, c'est que ça arrête de pourrir l'ambiance.
- Mes parents sont des cons, j'en peux plus. J'ai l'impression que Victoria ne me supportes plus, et je n'arrive presque plus à écrire. Tout ça accumulé, ça me rend détestable.
- Le principal est que tu ai pris en compte les remarques que l'on t'a faites. Et maintenant que tu m'en a parlé, tout le monde sera plus compréhensif !
- Non ! Je ne veux pas que tu leur en parles. S'il te plaît.
Sa voix pleine de trémolos et alourdie par l'alcool me faisait de la peine. Dans quel état s'était-il mit, alors qu'il aurait juste pu expliquer la situation des le départ... Si cette situation est la vraie, car la première qu'il m'a donné instinctivement était celle de la jalousie. Mais je n'y crois pas, cela n'a aucun sens. Il est trop bourré pour être lucide.
Je lui serrais la main.
- Merci de m'avoir écouté. J'espère que vous accepterez mes excuses, poursuivit-il.
- Évidemment, ducon. Les autres seront du même avis, j'en suis certaine.
Je lui jetais un autre regard. Son trait de crayon sous l'œil avait coulé, et ses cheveux partaient dans tous les sens. Il avait l'air très triste. Mais je ne pu m'empêcher de penser qu'il était beau. Vraiment beau. Sa beauté dégageait quelque chose de dramatique.
Trois larmes coulèrent sur des joues. Instinctivement, je me rapprochais encore de lui pour le rassurer. Il pencha sa tête sur mon épaule quelques instants, puis se ressaisis.
- Je dois rentrer chez moi. Les autres ne doivent pas me voir dans cet état. Mais je t'en prie, ne leur dit rien. Je vais juste faire comme si les paroles de Vic avaient eu  l'impact nécessaire juste pour que je redevienne normal.
- D'accord. Je vais y aller, moi aussi, lui dis-je avec un demi sourire.
Je trouvais mon appareil photo dans un coin puis me dirigeais vers la sortie.
- Tu n'y vas pas tout de suite ? l'interrogeais-je.
Il était partit à l'autre bout de la pièce, alors il se rapprocha pour me répondre.
- Non, dans un quart d'heure, je pense. Histoire de nettoyer mon bordel.
- Ok. À bientôt alors !
- Je...
Mais avant que je n'eus le temps de me retourner, il se rapprocha encore de moi, glissa sa paume sur ma joue et posa ses lèvres sur les miennes.
J'eus une envie folle de lui rendre son baiser. Le contact de sa main sur ma joue, de l'autre sur ma hanche me faisait sentir comme je n'avais jamais été avant, comme si une pluie d'étoiles nous entourait. Il dégageait de lui une telle sincérité !
Mais je me rappelais soudain qu'il était complètement soûl, que lui et moi venions sans doute de nous laisser déborder par nos émotions respectives. Avec le sentiment d'avoir commis une lourde erreur, je me reculais, le cœur battant. Je partis sans me retourner, dévalant les escaliers à une vitesses folle.
Dans le bus du retour, une larme roula le long de mon visage. Je ne su jamais si c'était de la rage, de la tristesse ou une colère intérieure qui bouillonnait en moi. Celle d'avoir repoussé celui dont j'aurais voulu, je crois, au fond de moi, rendre le baiser.
Je me jetais sur mon lit et m'endormît, dans un sommeil si profond que l'on aurait cru que j'avais vécu mille jours sans dormir.
En me réveillant, l'esprit toujours embrouillé, je vis que j'avais reçu un nouveau texto d'Esther.
«  rendez-vous à 15h devant chez Luca ? J'ai besoin de toi !! »
J'acceptais, car cela faisait vraiment longtemps que l'on avait pas passé de temps ensemble. Elle me manquait.
Nous nous retrouvâmes donc devant le disquaire, que je pris le temps de saluer. Ensuite, nous nous installâmes dans l'herbe, dans un parc. Pendant que nous marchions un peu, j'avais hésité à lui parler de ce qu'il s'était passé avec Damiano il y'a à peine quelques heures. J'y renonçait rapidement en lui racontant justes les dernières grosses tensions, maintenant résolues.
- Alors, tu voulais me parler de quelque chose ? lui demandais-je, curieuse.
- Oui, j'ai une grosse décision à prendre mais je ne sais vraiment pas quoi en faire.
- Je suis toute ouïe !
- Tu vois, ça fait quelques temps, tout le monde a du le remarquer je pense, que j'ai pas mal d'entretiens le soir.
- Oui... Les fameux patrons trop occupés, hein ! Ils sont plutôt doués, où... me moquais-je gentiment d'elle.
-Mais ! Anna ! Perverse ! rit-elle. Non pas du tout ! En fait,ces entretiens avaient lieu la nuit parce que les entreprises sont à l'étranger. Mon frère habite à Sacramento, et je me tâtais à le rejoindre. Et avec le décalage horaire, tu comprends, les visios devaient prendre place de manière totalement décalée pour nous.
- Mais c'est super ! Je suis tellement contente pour toi ! Et t'as été prise ?
- Oui. Mais...
- Il y'a un mais ?
- Un couac, plutôt. Le soucis c'est que...que...
Je sentais qu'elle n'arrivait pas à finir sa phrase.
- Que ? Ne t'inquiète pas, Esther. Je suis là pour t'aider !
- Le problème, c'est que je crois que j'aime bien Thomas. Beaucoup. Beaucoup trop, même. Et si je suis prise, je ne le verrais probablement plus que très peu, voir jamais. Et même si le job qui m'est proposé à l'air formidable, cette éventualité me brise le cœur.
J'étais sans voix. Esther amoureuse de Thomas ? Cette nouvelle me réjouissait, tout particulièrement quand je repensait à quand celui ci m'avait demandé quand est-ce que il aurait l'occasion de revoir mon amie.
Je lui mentionnais donc cet épisode.
- Quoi ? Il a vraiment demandé quand il espèrerait pouvoir me croiser ?
Son sourire était si large et ses yeux si pétillants que je compris que son départ serait un naufrage intérieure pour elle si elle devait le quitter.
- Exactement !
- Mais ça ne veut absolument pas dire que c'est réciproque... Je suis tellement perdue.
- Écoute, on va voir ça de suite : je l'appelle, je lui donne rendez-vous pour un café et tu arrives avec moi en prétextant que l'on s'est croisées à l'instant. Si tout se passe bien, on rediscute de ton projet. Si ça passe pas bien, la question est réglée !
- Tu as raison. Mais même si ça ne marche pas entre nous, tu m'a bien aidé à m'éclaircir les idées, et je crois que partir sur un coup de tête serait une mauvaise idée. Je ne mûris la décision que depuis trois semaines à peine. Mes relations sont déjà tendues avec mon frère, alors autant y aller calmement. Et Luca à besoin d'aide.
- Tout à fait ! Allez, j'appelle Thomas...

Il décrocha dès la première sonnerie. Nous nous fixâmes rendez-vous à 17h30, dans un café voisin.
Et lorsque je le vis arriver au loin, et que je surpris son regard qui s'illumina comme je ne l'avais jamais vu faire lorsqu'il me vis accompagnée d'Esther, je su soudain au fond de moi que tout irait bien.

Métro, boulot, Damiano Where stories live. Discover now