Chapitre 20

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J'eus à peine le temps de claquer la porte, que Dam arriva pour me tendre le fameux magazine.
- On a fait la une, dites donc.
- On dirait bien, répondis-je, excédée.
- Ann', reprit-il, je sais que ça ne te plaît pas. Et je suis vraiment désolé ! J'étais complètement soûl, je ne maîtrisais plus ce que je faisais, et il aurait suffit que je sois sobre pour que rien de tout cela ne se produise.
- Mais dans ce cas là, Dam, pourquoi faut-il qu'a chaque fois que tu sois ivre, tu finisses par m'embrasser ?
Je n'eus pas le temps de finir ma phrase que sa réponse fusa immédiatement:
- Mais tu n'hésites pas à me rendre ces baisers !
- Je sais. Mais quand je suis soûl, encore même plus que toi. Et ça ne répond toujours pas à ma question !  Cette idée de contrat, de pari ou je ne sais quoi était complètement idiote. Je te demande ce cesser ces comportements ambigües, et tu trouves une solution en me proposant un pari. Soit. Mais respecte le, dans ce cas là !
Le rouge lui était monté aux joues, mais un rouge assez révélateur de sa colère. Il ne dit mot pendant quelques instants, puis chiffonna le magazine qu'il tenait entre les mains avant de partir dans sa chambre en claquant la porte.
Je n'allais pas laisser finir notre discussion ainsi. Résignée, je me rendis devant la porte où il s'était enfermé, et toquais. Pas de réponse.
- Dam.
Je l'entendis bouger dans la pièce, mais il ne me répondait toujours pas.
- Dam, ouvre moi.
Toujours rien. Alors je poussais la porte de moi même. Il était assis sur son lit, une pile de carnets et de feuilles gribouillées d'une écriture indéchiffrable à côté de lui. Il devait probablement être en train d'écrire.
Son regard était sans émotion. Il semblait attendre que je prenne la parole.
- Dam, arrête d'éviter la confrontation à chaque fois. On vient d'emménager ensemble, et si on ne règle pas vite se problème la cohabitation va vite devenir un enfer.
Il ne répondit pas tout de suite, et ses yeux se mirent à errer dans la pièce, examinant tout avec une attention particulière, comme si il découvrait pour la première fois chaque objet devant lui.

- Si tu ne veux vraiment pas me répondre, je peux comprendre. Mais dans ce cas là, il vaut mieux pour nous deux que je m'en aille, et que j'aille habiter ailleurs.
Toujours rien.
Je me décidais alors à partir, et à commencer à réfléchir sérieusement au bon sens de cette décision d'emménagement. Alors que j'avais franchis le pas de la porte, sa main agrippa mon bras.
- Attend ! Anna.
Je me retournais.
- Je suis désolé. Je...Je...
- Tu quoi, Dam ?
Il semblait une nouvelle fois à court de mots. Très doué pour écrire des belles chansons, le garçon, mais moins pour arriver à exprimer ses émotions.
- Je m'en veux tellement de réagir comme ça ! Je veux dire, de toujours finir par partir en claquant la porte, en laissant ceux qui comptent pour moi dans le déni et la culpabilité la plus totale, alors que le problème vient tout simplement de moi. C'est juste que je n'arrive pas à bien gérer mes émotions.
Il fit une petite pause, puis repris la suite de sa phrase.
- Quand j'étais petit, je réagissais déjà excessivement comme ça. J'avais été suivit par un psy pendant quelques mois, ça c'était amélioré. Puis il a suffit d'une fois pour que tout recommence. Je sais que je devrais songer à recommencer une thérapie, mais je finis toujours par me dire que ça passera. Et non.

Touchée par ses confidences, je lui mit une main sur l'épaule en signe de compassion.
- Mais alors, quelle émotion refoules-tu autant pour réagir ainsi ? Je t'ai juste posé une question. Tu t'es braqué. Dam, pourquoi faut-il à chaque fois que nous soyons tout les deux un peu pompettes, nous finissions toujours dans les bras l'un de l'autre ? Je sais que je suis aussi coupable que toi, et je m'excuse d'avoir tout rejeté sur toi tout à l'heure. Mais maintenant, il faut qu'on ai une réponse.
Son regard était perdu. Il bégaya quelques syllabes insensées, et ses sourcils s'étaient arqués. Nous étions à présent très proches l'un de l'autre ; ma main étant encore posée sur son épaule.
- Je, parce-que... Je...
Un bruit se fit entendre dans l'entrée. Surpris, nous tournâmes vivement la tête. Puis il sembla oublier cette interlude et reposa son regard sur le mien.
- On se connaît depuis quand ? Un an et quelques ? reprit-il.
Son regard s'affolait, il cherchait ses mots et je cru percevoir un léger tremblement au niveau de ses mains.
- J'étais dans une période, à ce moment là, un peu voir très compliquée, et tu es arrivée à ce moment là et, et... Tu... Anna, je dois te dire que... Je, tu, je... Je t'...
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, dont je n'avais de toute façon entendu que le début. Un bruit fracassant nous parvins de l'entrée.
- Surprise ! hurla Vic depuis le salon. On fait la fête, ce soir ! Avec Thomas, Ethan et Esther ont est allé acheté de quoi faire. On fête l'anniversaire de ton arrivée, et votre crémaillère en même temps !
Je ne compris pas tout de suite. J'étais encore sous le coup de l'émotion de ma discussion avec Dam, et mes idées prirent quelques secondes pour se remettre en place. Damiano semblait aussi ne pas tout comprendre tout de suite, car il se recula vivement de moi, et cligna des yeux plusieurs fois.
Je m'efforçais alors de prendre un ton enjoué et de rejoindre mes amis. Leur attention me faisait très plaisir, mais je ne peux cacher qu'elle ne tombait pas au meilleur moment. Celui où j'aurais enfin eu des explications à propos de Damiano. Il nous rejoint d'ailleurs quelques instants après, prétendant que lui aussi était parfaitement en forme. Et non pas bégayant et au bord des larmes comme il y'a deux minutes à peine.
- On a tout de qu'il faut pour la soirée ! me dit Ethan, tout content.
Son enthousiasme me faisait chaud au cœur. Ethan était vraiment une personne formidable.
Le reste de la soirée se déroula dans la bonne humeur, et ma fausse gaité du départ se transforma bien vite en une réelle joie.
Vers minuit et demi, alors que nous étions tous un peu éméchés et discutions de tout et de rien, affalés par terre ou sur le canapé, le téléphone de Thomas sonna.
- Allô ? C'est le manager, nous souffla t-il à voix basse. Oui. On vous avais déjà dit. On part en octobre, je me rappelle plus tout à fait des dates exactes. Dans le sud de la France.
Silence.
- Quoi ! Non ! Attendez, vous ne pouvez pas faire ça. On est crevés. Ça fait des semaines qu'on enchaîne les concerts, la tournée, les interviews. Dam et Aur' se font sans cesse avoir par les paparazzis. On est exténués. C'est vraiment cruel. Très cruel.
Nouveau silence.
- D'accord. Mais cette fois, pas de changement. Sinon je vous jure qu'on plaque tout et qu'on change de label. C'est ça. Au revoir.
Il raccrocha en soupirant. Nous étions tous pendu à ses lèvres, ayant compris que quelque chose de pas très agréable devait être annoncé.
- Ils annulent nos vacances. Parce-que on a un soit-disant tour de promotion à effectuer dans quelques villes d'Europe pendant deux semaines. Je ne comprends pas, on rentre de tournée. Les gens ont pas besoin de ça. Et donc, nos vacances sont sensées être reportées en janvier. A Hawaii, nous a t-il promit, pour se dédommager de la déconvenue.

Nous nous regardâmes tous, dépités.
- Fait chier. Faut vraiment chier, souffla Dam.
- On a pas le choix, lui répondit Vic. On a plus qu'à accepter, à endurer les deux semaines. Thomas, c'est de quand à quand exactement ?
- Du 7 au 28 octobre. Circuit dans les villes majeures d'Europe.
- Donc c'est dans peu de temps.

Cette nouvelle m'attristait. J'avoue que moi même, étant juste la photographe du groupe, j'étais déjà très fatiguée. Alors je n'osais pas imaginer l'état de mes amis. Je pris alors la parole.
- Je ne suis pas sûre de venir. Je me sens vraiment faible, ces derniers temps. Il vaut peut-être mieux que je me repose. Si ça ne vous dérange pas, évidemment. Je suis désolée, je sais que ça n'est pas correct. Vous me donnez un job, et je finis par refuser les obligations à cause de la fatigue et...
Ethan me répondit immédiatement:
- Ne t'excuses pas, Ann'. Ce n'est pas ta faute, ni celle de personne. A part du manager, bien entendu. On t'imposera jamais quoi que ce soit. Et puis, photographe, on t'as embauché pour ça, c'est vrai, mais surtout pour avoir une excuse pour passer plus de temps avec toi, finit-il en souriant.
Émue par sa déclaration, je le serrais dans mes bras.
- Merci beaucoup !
Je jetais un regard à Dam. Il n'avait pas dit grand chose depuis le début de la soirée, et notre discussion s'étant finie plutôt brutalement, j'espérais que ce n'était pas cela qui le perturbait.
Thomas, lisant notre déception de cette soudaine annulation sur nos visages, essaya tant bien que mal de nous réconforter :
- Vous inquiétez pas ! On part quand même, en janvier. Dans un sens, c'est même mieux. En octobre en France, le temps n'aurait sûrement pas été ouf ; alors qu'à Hawaii, ça sera grand luxe...
- T'as raison, répondit Vic. On endure encore quelques semaines la fatigue, mais avec une ligne de mire finale plutôt agréable.
La soirée se finit quelques instants plus tard, la nouvelle ayant malgré tout plombé le moral de tout le monde. Une fois que tout le monde fut partit, nous rangeâmes le salon. J'en profitais pour tenter de relancer la conversation avec Dam.
- Quand Vic à débarqué, je n'ai pas entendu la fin de ta phrase. Tu...
Je n'eus le temps de finir de parler qu'il me coupa directement :
- Rien. C'était rien.
Il se dirigea vers sa chambre. Fuyant une nouvelle fois. Soudain, il fit brusquement demi tour, et revint vers moi.
- Non, tu as raison. Je ne peux pas me défiler encore une fois. Je suis désolé, je crois que je suis juste exténué et...
- Ne te forces pas, lui dis-je. J'ai moi aussi conscience de mes erreurs ; je n'arrive pas à me remette en question. Mais on discutera de tout ça la tête reposée demain, je pense que c'est mieux.
- T'as raison. A demain, Ann'.
Puis il me serra dans ses bras, et me planta un baiser sur le sommet du crâne.
Comme la fois où je lui avais embrassé la joue avant de partir, ce fut cette fois à mon tour de devenir écarlate.

Métro, boulot, Damiano Where stories live. Discover now