Chapitre 33

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Au bout de deux jours, j'avais complètement perdu espoir quand à son retour.
Lorsque Dam avait pénétré dans l'avion, j'étais restée statique devant pendant une bonne dizaine de minutes, comme si il allait en sortir soudainement et de ruer dans ma direction. Mais non. L'avion avait décollé, et il s'était envolé en destination de la Sardaigne.
La douleur que je ressentais était, je crois, pire que celle vécue lors de sa disparition, alors que nous ne savions même pas si il était encore vivant. En fait, se raccrocher à la pensée que Dam nous détestait réellement m'avait donné une motivation à tenter de l'oublier. Cela n'avait évidemment pas fonctionné, mais l'intention y était.
Or, maintenant que je savais qu'il était bien vivant - et qu'il m'aimait ! - mais que malgré tout, il était délibérément parti, il m'était impossible de me forcer à tourner la page.
Je pourrais rester figée sur lui des années durant,  peut-être même toute ma vie, je m'en sens bien capable.
La montée d'euphorie que j'avais eu lors de la révélation concernant le manager m'avait fait croire que tout redeviendrait comme avant. Jamais je n'aurais pu me remettre en question, et me dire que les choses n'évolueraient pas forcément dans ce sens.
Mais si. Il était parti, conscient du fait qu'il m'aimait encore. Que je l'aimais encore.
Que je l'aimais encore ? Lui avais-je dit que je l'aimais encore ? Quoi ?
Mon cerveau rentra en ébullition. Lui m'avait bien confirmé que ses sentiments étaient toujours là, dans sa dernière lettre. Mais moi ? Je n'avais jamais eu en réalité occasion de lui redire ! Était-il parti parce-qu'il pensait que nous le haïssions réellement ?
Des sueurs froides se mirent à ruisseler le long de mes tempes. Qu'est ce que j'étais bête ! J'étais tellement obsédée par sa perte et mes sentiments qu'il me semblait évident qu'il était au courant de ce que je ressentais. Avais-je été assez imbécile pour croire qu'il était télépathe ?
Alors qu'en me mettant à sa place, les choses étaient très claires : il pensait sûrement que j'avais cru à la fausse lettre, et que je le détestais à présent. Que tous ses meilleurs amis le détestaient. C'est pour ça, en partie, qu'il avait sûrement prit la décision de nous quitter pour la deuxième fois ; de son plein gré.

Il fallait que je trouve un moyen de le contacter à tout prix. Il était arrivé à Caligari il y'a à présent deux jours et quelques heures ; c'était les seules indication dont je disposais. Il avait très bien pu, durant tout ce laps de temps, s'enfoncer dans la campagne sarde sans que personne ne soit au courant.
Je m'étais affalée en travers de mon canapé, les mains sur les tempes. Il fallait que je me ressaisisse, que je trouve quelque chose à faire.
Alors, l'idée la plus évidente qui me vint à l'esprit fut celle d'appeler le meilleur ami de Dam. Thomas.
Une demi-heure plus tard, il sonnait chez moi.
Nous ne squattions plus les uns chez les autres ; depuis que Dam était définitivement parti, nous avions commencé à essayer de peu à peu reprendre le cours d'une vie à peu près normale. À peu près.
Je fis entrer Thomas dans mon salon. Il me serra dans ses bras quelques instants, ce qui me fit un bien fou.
Je lui expliquais alors en détails ce que j'avais conclu il y'a quelques minutes.
- Je dois faire quelque chose, le voir, lui faire parvenir un message, une lettre. Peut importe tant qu'il entend ce que j'ai à lui dire. Ce que nous avons à lui dire, me rectifiais-je.
- Je comprends. Et je vais t'aider. Mais saches que c'est là notre dernière tentative ; si il continue de faire le fantôme ensuite, il faudra s'y résoudre. Et on pourra entamer notre deuil.
- Tu as raison. Mais je sais que je ne me sentirais jamais soulagée et prête à tourner la page si je ne lui dis pas ce que je ressens. Je sais aussi combien je suis cruelle et égoïste à vec vous ; je continue de vous imposer sa présence continuellement, alors que vous voulez juste passer à autre chose.
- Ne dis pas ça, bien au contraire ! Ann', sans ta détermination, jamais nous ne serions parvenu à découvrir la vérité. On serait restés prostrées dans notre tristesse, sans chercher à en savoir plus. Alors rien que pour ça, je me dois de t'aider.
- Merci, Thomas, lui dis-je en le serrant de nouveau contre moi. Mais comment allons nous pouvoir faire pour le contacter ? Son ancien numéro est toujours hors-service, il n'est aussi plus actif sur les réseaux sociaux...
- Et bien figure toi que j'ai repensé à quelques petites choses, hier. Je m'en veux de ne pas y avoir réfléchi plus tôt, d'ailleurs. Mais il y'a deux ou trois ans, un de ses anciens numéros de téléphone avait fuité. T'imagines bien qu'en l'espace de moins d'une heure, il avait été contraint d'en trouver un autre, tant il faut bombardé d'appels et de messages. Il s'était tellement énervé ce jour là qu'il en avait même balancé le téléphone par terre, rit doucement Thomas. Il était toujours en état de marche, mais il en avait quand même racheté un. Ce vieux téléphone, il l'avait appelé le téléphone urgence. Dont il ne s'est jamais servi, mais qu'il garde continuellement avec lui. Alors peut-être qu'avec un peu de chance, on peux essayer d'appeler ce numéro.

Métro, boulot, Damiano Where stories live. Discover now