Chapitre 22

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Je passais les deux semaines qui suivirent ma découverte seule, errant dans l'appartement sans but, le cœur vide et l'esprit embué.
Esther était resté tout ce temps chez sa famille, à de nombreuses heures de routes de Rome. Je ne voulais surtout pas la déranger avec mes affaires de cœur, et je comptais l'informer de ma décision de quitter le groupe à son retour.
Cela n'aurait pas été correct de ma part de lui annoncer cela alors qu'elle était sensée profité de son séjour en famille.

Quand aux autres membres du groupe, nous avions continué d'échanger quelques messages via Instagram. Je leur répondais à tous, sauf à Dam. Je ne me sentais pas de jouer la comédie. Il a bien du comprendre que ses textos resteraient en suspend car il a arrêté de m'en envoyer au bout de quelques jours, réalisant sûrement que j'avais répondu à ses amis mais en l'oubliant délibérément.

Plus les jours étaient passés, plus ma décision de quitter mon travail me semblait être la bonne . En plus d'une relation en dents de scie avec Damiano, qui me pourrissait le moral et m'affaiblissait, les paparazzis étaient la cerise sur le gâteau. Je voulais juste retrouver ma vie d'avant. Vivre seule. Sans Dam, en tout cas. Je ne comptais pas couper les ponts avec mes amis, mais faire perdurer ce lien se ferait uniquement sans la présence de Dam.
Je savais que ce n'était pas une décision facile à prendre du tout, mais je devais m'y résoudre !
Alors quand le 17 octobre, Vic m'envoya un texto en me disant qu'ils arrivaient le lendemain à l'aéroport de Rome, je me décidais à les y rejoindre et à annoncer la nouvelle durant le trajet en taxi, afin de me débarrasser de ce poids le plus rapidement possible.
Je me doutais bien que ma décision allait les blesser, mais ils devaient comprendre mon point de vue ; j'avais prévu de leur expliquer que les paparazzis nous pourchassant partout était de plus en plus invivable et que ma santé mentale en était bien trop affectée.
Le coup de la dernière fois, où ceux ci m'avaient attendus depuis l'autre bout de la rue, me surprenant en larmes, avait été la goutte qui avait fait débordé le vase. La raison principale de mon départ était évidemment Damiano, mais je ne comptais pas le dire aux autres membres. Ni à lui, d'ailleurs.

Le lendemain, l'esprit morose et le cœur en berne, je me rendis en tram à l'aéroport. Le personnel m'indiqua alors une petite pièce où j'allais pouvoir attendre l'arrivée de mes amis tranquillement, sans avoir à affronter une horde de fans hystériques ou de paparazzis, forcément.
Je n'ai absolument rien contre les fans en temps normal, mais la période dans laquelle j'étais plongée actuellement m'avait fait admettre un seuil de tolérance bien plus bas qu'à l'habitude.
L'horloge dans un coin de la salle venait de sonner 11h du matin. À cet instant, j'entendis un léger brouhaha venant d'un couloir proche, ainsi qu'une légère odeur de cigarette venant me chatouiller les narines.
- Anna ! s'exclama Vic en me serrant dans ses bras. Tu nous a beaucoup manqué à tous ! Je suis tellement contente de te retrouver. La tournée de promo a été éreintante. Enfin à la maison.
Thomas et Ethan me serrèrent dans leurs bras tout comme mon amie venait de le faire. Seul Dam resta en retrait, et une fois que l'étreinte d'Ethan se relâcha, il quitta la pièce en prétextant avoir oublié quelque chose.

Personne n'y prêta grande attention, et j'avoue que cela m'arrangeait. Je voulais l'éviter au maximum. Mais malgré mon prétendu dédain à son égard, je ne pouvais cacher que mon cœur battait à cent à l'heure lorsque je l'avais aperçu. Sa démarche, ses cheveux, sa manière de fumer négligemment sa cigarette, de triturer ses bagues lorsqu'il est nerveux, son rire, mon dieu son rire, tout me donnait des papillons. Et je me maudissais pour cela. En le voyant arriver, jamais mes sentiments n'avaient été plus clairs : j'en étais folle, raide dingue amoureuse. Mais c'était une histoire impossible, je le savais bien. La colère et la frustration coulaient dans mes veines comme de la lave sortie d'un volcan en éruption.
Nous nous dirigeâmes tous vers le taxi qui nous attendait sur un parking situé non loin de la piste d'atterrissage. Damiano nous rejoint quelques minutes après que nous soyons rentrés dedans ; le chauffeur n'attendait que lui pour démarrer. C'était le moment. Les conversations allaient bon train, et j'attendis un instant de silence pour prendre la parole.
- Je dois vous dire un truc.
- Tu nous quittes ? rit Thomas.
Ma figure devenue livide dû lui faire perdre le sourire rapidement.
- Je... J'en peux plus. Il faut que je partes, ça ne va plus du tout. Ce n'est pas vous, c'est moi ! Je vous le promet. Mais l'autre jour, des paparazzis m'ont attendu toute une après midi dans la rue afin de me coincer, pile dans un moment de faiblesse.
- On a vu les couvertures, m'interrompit Ethan d'une voix blanche. Mais on ne voulait pas t'en parler, cela devait être assez violent pour toi et on a préféré que tu abordes le sujet en premier.
- Merci. Mais je crois que c'était vraiment la goutte de trop ; en ce moment, je ne vais vraiment pas bien. Ça fait des mois que je devais me prendre rendez-vous chez le psy, pour l'agression, et je n'ai toujours pas eu l'occasion de le faire. Je vais m'en occuper. Mais seule. Je suis tellement désolée. C'est moi qui ne suis pas assez reconnaissante de tout ce que vous avez fait pour moi, je ne vous remercierais jamais assez. Mais avant de perdre complètement la boule, je préfère m'en aller.
Un silence de mort s'était fait. Chacun, les yeux vitreux, fixait ses chaussures.
- Et... C'est définitif ou juste temporaire ? me demanda tristement Vic. Oh, et ne t'en veux pas. Rien n'est de ta faute. C'est nous.
Je la remerciais de sa bienveillance, mais ne répondis pas à la question concernant mon départ définitif. Ils comprirent en silence.
Nous avions tous les larmes dégringolant le long de nos joues à une vitesse régulière. Je me sentais tellement inhumaine de leur faire un tel coup...

Excepté pour Damiano. Il fixait le paysage qui défilait par la vitre, le regard dur et sans émotions. Il ne m'avait pas adressé un mot depuis leur retour. Je ne sais pas ce que j'attendais. Une excuse ? Une excuse de quoi d'ailleurs ? J'étais la fautive, il avait tout à fait le droit de vivre sa vie et de fréquenter qui il voulait. Mais j'en étais désormais si amoureuse que ce n'étais plus vivable.
Alors que le taxi venait de se garer devant le studio, où j' allais aller récupérer mes dernières affaires, Damiano me demanda d'une voix neutre :
- Et du coup, tu dors où maintenant ?
Sueurs froides. Merde. Je n'y avais pas pensé.
Sans réfléchir, je lui répondis :
- A l'hôtel.
Et je sortis de la voiture le plus vite possible, pour aller chercher mes dernières affaires. Alors que je m'apprêtais à redescendre mes calepins et un de mes argentiques en poche, je croisais Vic dans les escaliers.
- Je voulais te trouver. C'est à cause de Dam, n'est-ce pas ?
Les larmes me montèrent aux yeux instantanément.
- J'avais compris, tu sais, me murmura t-elle doucement. Mais c'est pas grave. Tu as pris la bonne décision.
- Je suis tellement désolée, Vic. Vous abandonner pour une histoire de cœur. Je m'en veux tellement, et...
- C'est pas qu'une histoire de cœur, Ann'. Corrige moi je si je me trompe, mais tu m'en a l'air amoureuse. Et on ne badine pas avec cela. Ce sont des choses qui détruisent ! Et quand on sent qu'il est temps de s'éloigner parce-que on ne peut supporter plus, il faut le faire. Il faut s'écouter.
J'étais a présent effondrée dans ses bras ; elle me caressait doucement les cheveux. Elle avait si bien résumé la situation, comme si elle lisait dans mes pensées.
Je lui confessais alors tout, tout ce qu'il s'était passé depuis notre rencontre, il y'a plus d'un an. Nos premiers échanges, nos baisers à la sauvette, ses comportements étranges, ce jeu du chat et de la souris. La révélation que je me suis admise de force l'autre jour. Ma découverte des magazines. Mes pleurs. Les paparazzis.
Elle m'écouta avec une patience infinie, avant de me répondre avec douceur.

- Tu sais, Ann', Damiano n'est pas comme nous. Il ne fonctionne pas comme nous tous. Ses émotions restent un mystère, et même si nous le connaissons depuis des années, cela reste une énigme. Alors si je dois te donner un conseil, c'est de lui avouer tes sentiments. Si ils sont réciproques, tu as tout à gagner. Cette hypothèse te paraît sûrement insensée mais pour moi, elle est plus que probable. Il fait souvent tout le contraire de ce que lui dictent ses émotions. Et dans le cas contraire, tu seras définitivement fixée. Parce que je sais très bien que si tu pars, en restant dans le doute concernant la réciprocité de ses sentiments, tu ne tourneras jamais la page.
Elle avait tout à fait raison. Je devais lui dire ! Mais je ne savais pas si je m'en sentais capable...
- Tu n'est évidemment pas obligée de le faire tout de suite ! Prends ton temps, médites dessus. Mais ne réfutes pas complètement cette possibilité, me souligna t-elle avec un clin d'œil.
Je la remerciais mille fois, en larmes.
- Anna, dis lui. Tu ne le regretteras pas. Je le sais. En réalité, je sais que Dam est tout autant...
Elle stoppa sa phrase net. Je l'invitais du regard à la poursuivre, mais elle cligna des yeux comme si elle voulait effacer ce qu'elle avait dit. Je compris qu'elle ne voulait pas insister, et je n'allais pas le faire. Elle avait déjà tant fait pour moi !
Nous ne dîmes plus mots pendant quelques minutes. Puis nous nous assoupîmes l'une après l'autre, serrées l'une contre l'autre. Nous nous réveillâmes au beau milieu de la nuit, et décidâmes de rentrer chez nous.
- Retourne chez toi. Chez Dam, hein. Pas à l'hôtel. Au moins pour cette nuit, s'il te plaît. C'est trop dangereux dehors.
- Pas de soucis.
Je l'embrassais sur la joue une dernière fois avant de descendre du taxi qu'elle avait appelé juste après, et me rendis devant l'immeuble.
J'étais toute dans les vapes. A peine eus-je mis les clefs dans porte que celle ci s'ouvrît brusquement. Dam.
- Anna ! T'es enfin la ! J'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose de grave ! T'es vraiment conne, bordel, hurla t-il.
Son ton lors de sa dernière phrase le surprit autant que moi par sa violence et sa colère. En réalisant, il rougit fortement.
- Je suis désolé, j'étais juste super inquiet ! Je ne pensais pas que tu étais sérieuse tout à l'heure, enfin, je veux dire que je pensais que tu n'étais pas encore sure et...
Comprenant qu'il s'enfonçait, il s'arrêta de parler et me serra fort dans ses bras. Je voulus me dégager de son étreinte. Je ne devais pas céder ! Je me l'étais promis.
Mais lorsque je cru ressentir sur mon épaule une larme s'échouer de ses joues, je ne pu résister plus. Je succombais à son étreinte et le serrais du plus fort que je pu, jusqu'à en avoir mal.
Je l'aimais. Je l'aimais tellement. Je pleurais alors de tout mon soûl contre lui. De temps en temps, alors qu'il me berçait doucement, je ressentais encore des larmes sur mes épaules. Les siennes, ou mon imagination ?
Lorsque je me réveillais dans mon lit le lendemain, la scène de la veille me parut irréelle. S'était-elle vraiment passée, ou mon esprit avait monté cette histoire de toute pièce pour me satisfaire ? Ce doute me refit pleurer.
Mes sanglots attirèrent Dam, et sa main sur la joue me confirma que cela n'avait pas été qu'une illusion.

Métro, boulot, Damiano Where stories live. Discover now