Chapitre 16

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Je reçu ma convocation au tribunal deux semaines après, le 7 septembre. Tribunal de Rome. Et non plus le notaire local, ce qui forçait mes parents à venir faire le déplacement jusqu'ici. Le manager m'avait affirmé qu'il était selon lui impossible que son avocat perde. Les enjeux étaient double : leur faire abandonner leur décision de remboursement de crédit concernant mon appartement ainsi qu'un deuxième remboursement, concernant la somme qui m'avait été léguée à ma majorité.
J'étais assez confiante, mais tout de même angoissée.
- Ça va bien se passer, me répéta Esther. Tout ira bien, il n'y a aucune raison pour laquelle ça se passerait mal.
Tout le groupe me soutenait, et se comportait comme si le procès était déjà gagné. Cela me réjouissait, mais en cas d'échec, la déception serait immense.
Je n'ai pas eu de nouvelles de mes parents depuis. La convocation au tribunal leur a été transmise, mais ils doivent avoir très mal prit cet affront. Cela me fait plutôt rire, au fond.
Voir leur mines dépitées et emplies de haine à la fin du procès me procure une motivation immense.
Le procès est donc prévu pour le 30 septembre. Je l'attend avec impatience.
Les séances au studio avançaient plutôt bien, mais nous réfléchissions à prendre des vacances. Le retour de tournée, qui fut plutôt intense, suivie de la sortie du nouvel album en même temps nous a énormément fatigués. Trois semaines de repos étaient amplement méritées.
Pendant le déjeuner, Victoria sortit d'un sac son ordinateur portable pour nous montrer les photos des endroits qu'elle et Esther avaient présélectionnés :
- Pour le moment, on hésite encore avec le Danemark, le sud de la France, la Sardaigne et les Maldives, nous prévint donc Vic.
- Perso, j'éliminerais déjà les Maldives. C'est super beau, c'est sur, mais je trouve que culturellement, y'a pas grand chose. De musées et ce genre de choses, je veux dire, intervint Dam.
- C'est vrai. Je suis plus sud de la France, sur le coup, dis-je. En plus, j'y suis déjà allé, je pourrais servir de guide. C'est vraiment super sympa !
Vic et Esther semblaient convaincues, et cherchaient dans les yeux des trois autres leur approbation.
Thomas répondit en premier :
- Ça me va parfaitement.
- Moi aussi, poursuivit Ethan.
- De même.
- Alors c'est bouclé, soupira de soulagement Vic. Les dates, on s'était bien dit du 4 au 26 octobre ?
- Ouais ! J'espère qu'il fera quand même bon, dit Ethan.
- Les températures correspondent quasiment à celles du nord de l'Italie à la même époque. Alors oui, je pense que jusqu'au 15 on est tranquilles. Après, il est possible que ça se gâte un peu, mais pas de quoi s'inquiéter, le rassurais-je.
J'étais contente que nous ayons prévu des vacances, un peu de repos en cette période chargée n'était pas de refus, c'est certain. Mais avant cette étape, il y'avait donc le procès concernant mes parents, qui se déroulera à peine quelques jours avant notre départ.
Je croise les doigts pour que tout se règle en ma faveur, car autrement nos vacances seraient plombées.
Les jours s'écoulèrent lentement, jusqu'au 25 septembre. Plus le temps passait, plus mon angoisse augmentait. Alors que j'avais toujours été confiante en notre victoire face à mes géniteurs, la proximité immédiate de la décision me faisait douter. Même les voir physiquement commençait à me faire appréhender le moment. Mais je serais entourée de mes amis, et leur présence me rassurait. Damiano, avec qui je n'avais jamais été aussi proche, se montre d'une confiance absolue, presque trop forte. Il me le rappela une énième fois alors qu'il nous ramenait en voiture après une journée de travail.
- Arrête d'y penser ! On s'y rend parce que c'est obligé, mais on sait tous que la décision est dans la poche. Les arguments que l'avocat va mettre en avant pour te disculper de toutes les requêtes faites par tes parents sont plus que valables. Mais si tu es toujours aussi angoissée, on peut essayer de médiatiser l'affaire. Avec cette pression supplémentaire, peut-être qu'encore plus de chances seront mises de notre côté.
Il me regarda dans les yeux intensément, et je perçus dans son regard toute la volonté qu'il y avait en lui de me rassurer.
Si l'on m'avait dit que le Damiano que j'avais rencontré un an auparavant, cet homme antipathique, froid et méprisant deviendrait quelqu'un d'aussi attentif, rassurant et proche de moi, j'aurais éclaté de rire.
Notre pari à l'air toujours en marche, car il me taquine régulièrement à ce sujet. J'en ris, car je sais que lui le prend comme une blague, mais au fond de moi, mon cœur se pince à chaque remarque. Je ne saurais expliquer pourquoi. Et je ne veux surtout pas commencer à en chercher la cause.
J'ignore cette douleur, agis comme si elle n'existait pas. Sûrement qu'en prétendant qu'elle n'est pas réelle, elle finira par disparaître...
Je finis par lui répondre :
- Oh, non surtout pas... Tu sais très bien ce que je pense des médias, enfin les paparazzis principalement.
Il rit.
Alors que j'étais sur le point de claquer la portière, il me retint par la main :
- Souviens toi bien de ce que je t'ai dit, hein ?
Je lui souris, et serra sa main avant de la lâcher.
26 septembre. Le stress est à son point culminant, les autres tentent tout pour me rassurer. Mais je finis la séance au studio allongée sur le canapé, terrassée par une crise d'angoisse. J'aurais aimé sentir la main de Damiano sur la mienne, celle que je n'ai pas sentie à l'hôpital. Mais il n'est pas venu.

Métro, boulot, Damiano Où les histoires vivent. Découvrez maintenant