Chapitre 13

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Je tentais d'ouvrir péniblement les yeux. Une douleur fulgurante me traversa alors le crâne.
Puis une main se posa sur mon front luisant de sueur.
- Tout va bien, calme toi, me murmura Esther.
- Qu'est ce que... Quoi, je...
- Attend, respire, Ann'. Je vais t'expliquer, mais rallonge toi confortablement. Tout va bien. Tout va bien. On est à l'hôpital. À Madrid.
Je m'exécutais. Puis elle reprit, sur un ton très lent et posé :
- A la boîte de nuit, tu t'es fait agresser. Paolo, le mec en question, a voulu t'empêcher de t'enfuir. Alors que tu étais sur le point de réussir à partir, il t'a asséné un énorme coup à la tempe. Tu t'es effondrée au sol, quasiment inconsciente. Damiano, je ne sais par quel hasard, est arrivé sur cet entrefaites. Il a commencé à se battre avec ce type. Beaucoup de monde a rapidement afflué, et on a profité pour appeler la police. Paolo avait déjà de nombreux antécédents judiciaires. Tu n'a vraiment pas eu de chance...Heureusement que Dam a pu vite intervenir.

Quoi ? Je ne me souvenais quasiment plus de tout cela. Mais certaines questions me trottaient encore dans la tête :
- Ça fait combien de temps ? Je suis blessée ? Et où est Dam ? On sont-ils tous ?

- C'était avant-hier soir, tu as dormi toute la journée d'hier. Jusqu'à ce matin. Il est 11 heure, me signala-t-elle en m'indiquant du doigt l'horloge dans un coin de la pièce. Tu n'as pas grand chose, juste un hématome au visage qui s'estompera rapidement, mais aussi probablement un choc psychologique important. C'est pour ça qu'ils t'ont gardé pour aujourd'hui ! Le groupe a du repartir. Pour le concert à Porto de ce soir. Ils voulaient tous rester, mais le manager a insisté et insisté pour qu'ils s'en aillent. Il n'en démordait pas. Alors, à contre cœur, ils ont pris leur avion hier soir.
- Oh... Et nous les rejoindrons bientôt ?
- Dès que tu seras rétablie. Les médecins disent que si tu le sens, tu pourrais y aller dès ce soir. Mais pas d'avion avant demain.
- D'accord. Je pense que l'on va faire comme ça, je me sens capable de partir d'ici ce soir.

- Mais tu n'as pas vu à quel point Dam se sentait coupable. Thomas m'a même dit qu'il ne l'avait jamais vu dans un tel état de faiblesse. Il faisait les cents pas avant qu'on le laisse rentrer dans ta chambre, il a attendu une bonne partie de la nuit. Quand on l'a enfin autorisé a rentrer, il est resté avec toi jusqu'à l'aube. Nous, on est venu te voir toutes les heures. On était tous terriblement inquiets !

Dam était donc resté toute la nuit à mon chevet ?
- Eh d'ailleurs, avant de s'en aller, il t'a laissé un petit mot. Tiens.
Elle me tendit une feuille pliée en quatre.
- Je vais te laisser la lire. Je reviens dans cinq minutes !
Quand elle fut sortie de ma chambre, je dépliais le mot :

Anna,
Je suis tellement désolé pour tout. Pour ce qu'il s'est passé. Je m'en veux tellement. C'est de ma faute, tout est de ma faute ! Jamais je n'aurais dû te laisser seule. Non pas que je te considère comme quelqu'un de faible et cætera, qui a besoin d'être accompagnée, non, mais seule dans une ville que tu ne connais pas, dont tu ne parles pas la langue... Aucun de nous n'aurais dû s'éloigner des uns des autres. Il fallait rester ensemble. La culpabilité me ronge. Je ne cesse de m'imaginer ce qui aurait pu arriver si je n'étais pas sorti à cet instant. Te voir gisante, inconsciente, un filet de sang coulant de ta tempe, cette image m'est insupportable. Puis j'ai fait ce qui m'a semblé être le plus normal selon moi, je t'ai tenu la main à l'hôpital pendant la nuit. Tu n'as rien de grave, et tu ne peux savoir combien cela me soulage !
Le manager est vraiment un sale con. On voulait rester à tes côtés. Mais ce n'était pas possible.
J'espère que tu te réveilleras bientôt, et que l'on se reverra très très vite.
Dam.

Juste au dessus de sa signature, il y'avait une grosse rature, dont je n'arrivais pas à décrypter la signification malgré mes efforts. Sa lettre me touchait profondément. Il avait pris le temps de m'écrire. Les papillons qui m'avaient rendue jalouse il y'a quelques temps étaient à présent tout enjoués, et ils dansaient à l'intérieur de mon corps. Son écriture fine et appliquée, sur une lettre pliée en quatre. J'avais envie de la garder avec moi, tout le temps, pour toujours. La serrer contre mon cœur comme si c'était lui.
Mais mon mantra me revint rapidement : tu ne l'aimes pas ! Tu ne peux pas l'aimer.

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