Chapitre 12

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TW : AGRESSION

- Le manager a dit que c'était pas un drame
non plus, nous dit Damiano après l'avoir recontacté. Ça nous servira de leçon. On fera plus attention la prochaine fois. N'est ce pas, ma « nouvelle conquête », conclu t-il en me faisant un clin d'œil.
Je me concentrais pour ne pas rougir. Cette situation me gênait tout de même un peu...
- Yes. Mais ça commence à être vraiment chiant, les paparazzis, rajouta Vic.
- Le revers de la médaille. Bon, pour aujourd'hui je vous propose de rester tranquilles, ici à l'hôtel. Les médias doivent être sur le qui-vive, avec la une qu'on a faite hier.
- On fait comme ça, mec. Surtout que le premier concert est demain. Les premiers sont toujours les plus fatigants, ajouta Ethan.
Le reste de la journée fut donc consacré à profiter du soleil madrilène ainsi que de la piscine qui nous avait été privatisée spécialement. Vers 16h30, chacun commença à préparer ses affaires en vue de la soirée. De mon côté, c'était surtout mon appareil photo. Je l'avais posé dans une des pièces de la suite, mais je ne me rappelais plus laquelle. Je cherchais en vain pendant une quinzaine de minutes. Le temps passait.
- Anna, intervint Thomas, l'heure tourne. On t'attend tous en bas, tu nous rejoins des que possible !
- Pas de soucis ! Ne vous embêtez pas avec moi, dis-je, en m'adressant tout particulièrement à Esther, qui semblait hésiter à rester avec moi.

Ils descendirent tous en direction du parking, me laissant désespérée face à la recherche infernale. Puis je me rendis compte que la seule pièce que je n'avais pas fouillée était la chambre dans laquelle Dam et Ethan dormaient. Il était fort probable que j'ai oublié mon appareil la bas, puisque j'y avais discuté jusque tard la veille.
Le sol de la pièce était recouvert de vêtements sales, d'instruments de musique divers ainsi que de feuilles volantes. Mais au bout d'un certain moment, à pousser tout ce bazar, je mis enfin la main sur mon précieux appareil.
Mais alors que je soulevais son étui afin de m'en emparer, quelque chose dépassant de la valise de Damiano attira mon attention. Un bout de papier, dissimulé sous un tas de t-shirt. Je ne me permettrais évidemment pas de me livrer à des fouilles de ses effets personnels en temps normal, mais cette fois ci, le cas était exceptionnel.
C'était une photo. Une photo dont j'avais complètement oublié l'existence, qui remontait à plusieurs mois en arrière.
Le premier soir ou j'ai rencontré Damiano ainsi que le reste du groupe, Ethan m'avais proposé d'aller chez lui afin de développer mes photos, prises pendant le concert. Et au dernier moment, s'apercevant qu'il nous restait un dernier cliché à prendre, Dam s'était emparé de mon appareil pour me prendre en photo.
Je ne m'en souvenais plus. Quand j'étais allée les chercher, son absence ne m'avait pas choqué, j'étais passée totalement outre cette information.
Mais elle me revenait soudain en pleine face, puisque cette photo était en réalité entre les mains de Damiano. Sur celle ci, on me voit, les yeux écarquillés par le flash, titubant en arrière tout en riant. D'un mouvement un peu flou, on distingue son bras s'avancer dans le but de me retenir avant la chute.
L'ensemble rend très bien. Mais que fait elle dans sa valise ? Peut-être l'a t-il gardé tout ce temps. Ou peut-être que, hypothèse la plus probable, je l'avais complètement oubliée chez Ethan, il l'a retrouvée il y'a peu de temps et l'a donnée à Dam en attendant de me la transmettre. Et il est passé à autre chose.
Je laissais mes interrogations de côté, en me rappelant qu'ils étaient déjà tous descendu et m'attendaient, si ils n'étaient pas déjà partis.
Je dévalais les escaliers en courant, puis trouvais le parking, et enfin la voiture qui nous y attendais. Je m'y engouffrais le plus vite possible, mon étui à appareil photo serré contre moi.
- Pas trop tôt, la ragazza, s'exclama Dam. On était près à s'en aller sans notre photographe. Quel déchirement !
Je ris à sa blague nerveusement, toujours plongée dans mes pensées le concernant.
Nous arrivâmes à l'Arena en une vingtaine de minutes environ. Toute l'équipe fut dirigée vers les coulisses. Habillage, tenue de scène pour commencer. Petit essai sur la scène pour vérifier que tout fonctionne bien. La préparation prend du temps, il est déjà 19h30. On entend le public s'échauffer en tribunes. Les premières parties ne vont pas tarder à arriver. Un membre du personnel passe la tête dans l'embouchure de la porte :
- Il serait temps de passer au maquillage !
Alors que nous nous dirigions donc tous vers la dernière étape, je murmurais discrètement à Ethan :
- Dit, quand on a développé les photos chez toi, fin septembre, on en aurait pas oublié une ? Esther m'avait prit en portrait, mais je n'arrive pas à remettre la main dessus, mentis-je.
- Non, ça ne me dit absolument rien, répondit-il. C'est Dam qui était passé les récupérer en premier. Je suis repassé, il me semble, dans la chambre noire quelques jours après, mais il n'y avait plus rien.
Étrange. Vraiment étrange. Je décidais de ne pas en parler à Dam, c'est typique des choses qui pourraient le faire partir en vrille n'importe quand. Mais était-il donc une hypothèse avérée que celle qu'il ait gardée la photo depuis tout ce temps ?
Ethan reprit :
- Mais sinon, vient avec nous au maquillage. Ça pourrait faire des photos sympas, les comptes fans adorent ce genre choses, rit-il.
Nous pressâmes donc le pas, puisque tout le monde était déjà rentré dans la pièce consacrée à cet effet.
Vic, Dam et Thomas étaient déjà assis, entourés d'une nuée qui maquilleuses et maquilleurs. Je me posais donc dans un coin, afin de commencer ma pellicule. J'étais repartie sur un argentique ce soir, l'effet était très sympa. Mais alors que j'étais occupée à photographier Damiano, je me surpris à m'attarder sur ses conversations avec la maquilleuse : il flirtait avec elle. Ça crevait les yeux. Il lui lançait de ses petites œillades qui feraient fondre d'importe qui, la taquinait. Et je voyais bien que la jeune femme était flattée : elle riait sans cesse, et s'attardait avec beaucoup de prévision sur sa bouche. Il suffisait de lui appliquer un peu de rouge, mais elle s'obstinait à la retoucher sans cesse, du bout de ses longs doits fins.
Je ressentis, tout au fond de mon cœur, de drôles de papillons. Mais pas de ces agréables papillons, ce qui vous font virevolter avec joie, non, ceux qui déchirent vos entrailles de ce sentiment cruel. De jalousie. Lorsque je compris ce qui m'arrivait, j'en eus le souffle coupé : moi ? Jalouse ? D'une maquilleuse avec qui Dam flirtait probablement que pour s'amuser ? Quelque chose de tournait pas rond avec moi. Je tentais d'effacer ce sentiment au plus vite.
Très vite, l'heure tourna et il fut temps de rentrer en scène.
Lorsqu'ils arrivèrent, la foule produisit une telle clameur que toute la ville du l'entendre.
Le concert fut fantastique. Damiano était fait pour la scène. Il savait jouer avec le public, le faire pleurer, danser, rire ou tout cela à la fois.
Les photos furent encore une fois exceptionnelles. Une fois développées, le résultat, j'en suis certaine, provoquera une pluie de compliments. Je ne me jette pas des fleurs, je veux que ce soit les clichés qui soient complimentés, pas moi !
A 23h15, la dernière note de la basse de Vic résonna dans la salle en transe. Quasiment 50 000 personnes étaient réunies, ce soir, et il me sembla entendre des pleurs lorsque le groupe quitta la scène. Au moment de quitter mon siège pour les rejoindre en coulisses, je vis une banderole au milieu de la foule :
« CHOISIS MOI À LA PLACE DE LA FILLE DU SUPERMARCHÉ ! »
Super. Je pensais que l'histoire tomberait vite aux oubliettes. Je m'étais trompée.
Lorsque je rentrais dans les coulisses, la première vison qui m'assaillie fut celle d'Esther et Thomas, en train de s'embrasser. Derrière eux, je surpris le regard de Dam dans
ma direction, qui mimait l'action de vomir. J'esquissais un faible sourire, vite disparu quand j'aperçus juste à ses côté la même jeune femme que tout à l'heure. Encore ces douloureux papillons. Elle embrassa Damiano sur la joue, avant de s'en aller. Leur histoire n'avait donc visiblement pas pour but d'aller plus loin. Mais même malgré cela, mon cœur continuait de battre la chamade. Quelle idiotie !
Vic prit la parole :
- Ce soir, mesdames et messieurs, je vous propose une virée dans un club. Premier spectacle, première grosse cuite d'après concert.
- Validé ! s'écria Dam. On se change et on y va.
Dix minutes plus tard, chacun était près. Le taxi nous déposa dans une boîte de nuit voisine, non loin où nous étions.
Alors que nous pénétrâmes dans le bâtiment, j'eu l'idée fugace, que je réfutais immédiatement, que ce lieu serait l'endroit parfait pour me rapprocher de Damiano.
Les lumières étaient de toutes le couleurs, la musique a un volume assourdissant. Mais je le vis rapidement s'approcher d'un groupe de filles, exceptionnellement belles, je dois l'avouer. De mon côté, j'étais complètement décoiffée, mon maquillage avait coulé. Je n'avais rien comparée à elles...
Quand je tournais la tête, je vis que notre petit groupe s'était déjà bien repartit dans le club.
Pour faire taire ma morosité, je décidais d'aller me prendre un verre.
- Un mojito, s'il vous plaît. Ou même deux.
Deux mojitos, ça allait me faire penser à autre chose. Alors que j'étais sur le point de finir le deuxième, un jeune homme inconnu s'approcha de moi. Grand, blond, vêtu d'un ample t-shirt Nirvana.
- Tu partages pas avec moi ? de demanda t-il.
Il était beau. A peine plus âgé que moi. Du meme âge que Dam, je suppose. J'acceptais la proposition vivement.
Penser à Damiano, à toutes celles qui lui tournaient autour et à toutes celles auquel il semblait tourner autour me faisait ressentir une tristesse que je n'arrivait pas a expliquer. Ce blondinet serait sûrement la solution, rien que pour ce soir, pour faire taire ce malaise. Nous dansâmes ensemble. Puis rapidement, à cause de l'alcool, je sentis ma tête tanguer. Il me rattrapa.
- Paolo, à votre service.
Paolo. Il s'appelait Paolo.
- Anna.
Puis, sans préavis, il m'embrassa. Furieusement, comme si il réfutait cette envie depuis des années. Ses mains se baladaient sur mon corps. Cela dura pendant toute la demi heure qui suivit.
- Tu me plaît, Anna. Continuons ça dehors. Sous les étoiles, me fît-il avec un clin d'œil.
Complètement soûl, pourvue d'à présent plus  aucune réflexion, j'acceptais sans réfléchir.
Alors, il me prit la taille, tout en continuant de m'embrasser, et me guida vers une petite porte qui donnait sur un jardin. Au dernier moment, je vis au loin, au milieu de la foule, le regard de Damiano qui nous suivait. Puis Paolo claqua la porte, et m'entraîna toujours plus loin.
Il reprit son exploration de mon corps de manière encore plus poussée que tout à l'heure. Quand je compris où il voulait aller, mon cerveau sembla se remettre en marche à cet instant. Je me dégageais de son étreinte.
- Non ! Je suis désolée... Je... Je veux... plus, pas. Je rentre.
- Non. Tu restes.
- Hein ? Quoi ?
Ses mains m'agrippèrent violemment les poignets. Et m'immobilisa contre un mur.
- LACHE MOI ! hurlais-je.
- Tais toi ou tu vas voir, m'intima t-il furieusement.
Je tentais de me débattre, mes mouvements altérés par l'ivresse.
Alors que j'arrivais presque à m'enfuir, je reçu dans la mâchoire un énorme coup. Je m'effondrais. J'étais sur le point de perdre connaissance, lorsque je cru entendre une voix familière arriver au loin. Puis des bruits de coups, encore et encore. Des cris. Puis des bras qui soulevèrent mon corps inanimés.
- C'est fini, me murmura doucement Damiano. On a appelé la police. Tout est sous contrôle. On t'amène à l'hôpital.
Puis, je m'endormis. J'eus à peine le temps de sentir la bouche de Damiano se poser sur mon front, avant de sombrer dans les ténèbres.

Métro, boulot, Damiano Where stories live. Discover now