Chapitre 26

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Nous pénétrâmes dans le club aux alentours de 23h. Il était totalement différent de celui auquel j'avais subi mon agression : le bâtiment n'était pas oppressant et sombre, mais lumineux, spacieux et donnant accès, grâce à une large porte, à la plage.
Le soleil ne s'était pas encore entièrement couché, mais le club était déjà rempli et la musique vibrait si fort que les murs en tremblaient. J'étais soulagée de me retrouver dans une ambiance qui ne ressemblait en rien au lieu précédent. Je sentais, par rapport à cela, le regard inquiet de Dam toujours posé sur moi, ce à quoi je répondit par un grand sourire afin de le détendre.
Il y'avait beaucoup de monde, et nous nous étions promis de rester à proximité les uns des autres, afin d'éviter mauvaises rencontres.
Je me commandais alors un ou deux verres au bar, pour me détendre tout en m'évitant la grosse cuite.
Je décidais alors de me laisser porter par la musique, et d'arrêter, ne serais-ce que pour une soirée, de me poser mille et une questions sans réponses. Je me sentais si bien. Je ne parlais a personne, et m'étais enfermée dans ma bulle. Je ne faisais plus attention aux autres, et ne m'importait plus que mes mouvements.
Je perdis la notion du temps. Puis, soudain, la musique changea. Jusqu'à présent, le Dj passait des classiques du rock, mais maintenant ce n'était plus le même ; le nouveau avait opté pour un répertoire bien plus moderne qui ne me correspondait plus.
Troublée, je me dirigeais vers les toilettes afin de trouver une horloge m'indiquant l'heure ; mon portable n'avait plus de batterie. Minuit et cinquante-deux minutes passées. Déjà ?
Je retournais alors sur la piste de danse, à la recherche de mes amis. Ethan et Vic dansaient comme des déchaînés ensemble, et ils avaient l'air si bien que pour rien n'au monde je ne les aurais dérangés. Mais Damiano n'apparaissait plus dans mon champs de vision.
J'eus soudain peur qu'il soit occupé avec une autre fille. Les papillons qui s'agitaient dans mon ventre il y'a quelques instants à l'idée de le retrouver se transformèrent instantanément en épées qui pourfendaient douloureusement mon ventre.
Alors que la tristesse commençait à reprendre le dessus, je le vis soudain, près de la grande baie vitrée ouverte qui donnait sur la plage.
Il parlait avec une jeune femme. Sa cigarette était négligemment posée sur le coin de ses lèvres, habillées d'un léger sourire. La lumière des étoiles projetait sur son visage une lueur dorée. Mon cœur s'emballa. Qu'est-ce qu'il était beau !
Je devais peut-être le laisser tranquille avec cette fille. Il n'y avait visiblement pas de contacts entre eux et ils ne faisaient jusqu'à présent que discuter, mais je ne voulais surtout pas imposer ma présence.
Je fis demi-tour, dépitée, le moral bas. Mais alors que je m'étais éloignée de lui et me renfonçais de nouveau dans les profondeurs du club, une main m'attrapa le poignet. Et avant que je n'eus le temps de me retourner pour voir qui étais-ce, une odeur de Cologne agrémentée d'une léger parfum de cigarette me parvint aux narines :
- Ann' ! Je te cherchais, me fit Dam.
- Je ne voulais pas te déranger, ne t'inquiète pas, lui répliquais-je gentiment.
- Mais tu ne me déranges pas du tout, au contraire !
Puis il se rapprocha un peu plus de moi, et me dit à l'oreille, afin de couvrir le bruit qui nous entourait :
- Je m'ennuie un peu, là. La musique est moins cool qu'au début. Ça te dit d'aller se promener sur la plage ? Ça aurait été sympa d'y aller tous les quatre, mais Ethan et Vic on l'air occupés, m'indiqua t-il du bout des doigts nos deux amis dansants comme si c'était leur dernier jour sur Terre.
Son contact contre ma peau me fit encore une fois frissonner. Il faisait noir dans le club, heureusement car ainsi il ne s'en était pas rendu compte.
- Bien sûr. L'ambiance est redescendue, j'ai l'impression.
Alors, il saisit ma main pour m'entraîner hors de bâtiment, en direction de la plage. Elle était vide, la grande bande de sable s'étendait loin derrière le volcan, sans personne pour troubler cette tranquillité.
La nuit était à présent noire, mais faiblement éclairée par les étoiles se reflétant sur l'océan. Les vagues s'écrasaient à nos pieds. Nous ne parlions pas, et nous nous contentions de suivre le rivage, sa main, inconsciemment toujours dans la mienne.
Les derniers verres que j'avais bu étaient un peu de trop, et je me mit à tanguer légèrement ; cependant assez pour que Dam le remarque.
- Oulala. Moi aussi j'ai un peu bu, et je t'avoue que m'asseoir me ferait du bien.
Nous nous assîmes alors sur le sable humide, au pieds des vagues léchant nos orteils.
Nous ne parlions toujours pas, mais l'un comme l'autre, je crois que ce n'était pas pour nous déplaisant ; le silence remplace parfois les plus belles paroles.
Mes pensées se mirent à vagabonder. À propos de lui, évidemment. Il était juste à côté de moi, son épaule touchait la mienne. Il était si proche, et me paraissait pourtant si éloigné.
Jamais je n'avais autant voulu être avec quelqu'un. Et je savais que ce moment, ce moment précis était LE moment. Celui rêvé pour lui dévoiler mes sentiments. Mais la peur me serrait le ventre, bien plus fort même que la jalousie. Quelle plaie, l'amour ! Qui avait donc inventé ça ?
Ses yeux étaient perdus au milieu de l'océan, qu'il fixait mélancoliquement. Je voudrais tellement. Tellement. Je voudrais être dans ses bras, je voudrais le sentir murmurer des mots rassurant à mon oreille, je voudrais, je voudrais...
J'étais complètement déchirée par mon dilemme interne. C'était l'instant. Cet instant.
J'étais à présent figée sur le sable, je n'osais plus esquisser un seul mouvement.
Puis, alors que je m'étais gelée sur place, je sentis une main se poser avec douceur sur ma joue. Une autre main sur la mienne. Je ne cherchais pas à comprendre. Un regard qui se plongea dans le mien. Puis des lèvres se posant délicatement sur les miennes. Des lèvres qui caressèrent ma bouche avec une douceur infinie. Des bras qui m'entouraient, me serraient fort contre lui comme si il avait peur que je m'envole. Resserrant de plus en plus son étreinte.
Son corps me parlait. Je l'entendais, il me répétait sans cesse les mêmes phrases. « Ne t'en fait pas, je suis là ». « Je t'aime ».
Mes lèvres suivaient la cadence des siennes ; lente et douce, presque réfrénée. Comme si nous voulions nous dévorer l'un et l'autre, mais nous voulions tout d'abord faire comprendre à l'autre toute la tendresse que nous lui portions.
Mes mains entouraient à présent sa nuque et caressaient ses cheveux, au fur et à mesure que notre baiser s'intensifiait.
Je ne rêvais pas. Non. Damiano venait de m'embrasser. De m'embrasser comme il ne l'avait jamais fait auparavant, avec une passion si naturelle et instinctive qu'il n'avait jamais jusque là laisser transparaître.
Je voulais que ce moment ne s'arrête jamais, il me paraissait trop parfait pour être réel.
Je perdis, pour la deuxième fois de la soirée, la notion du temps. Aucun de nous ne voulait stopper ce baiser. Son corps serré contre le mien, ses mains me tenant les deux côtés du visage.
Ce baiser dégageait une forme de détresse, comme un baiser d'adieu dramatique. Mais pour moi, il n'avait rien d'un dernier. Il s'avérait plus être un commencement.
Puis, nous reculâmes en même temps nos lèvres du visage de l'autre, mais sans pour autant desserrer notre étreinte. J'étais complètement sonnée, et ne savais pas quoi dire. Mais il prit la parole tout de suite :
- Je t'aime, Anna. Depuis le premier jour. Je m'en veux tellement, j'ai été un sale con. Mais je te jure que depuis septembre dernier, et j'ai bien essayé de réfréner mes sentiments parce que je sentais qu'ils n'étaient pas réciproques, je t'aime. Je t'aime, Anna. Je t'aime.
Il me disait cela tout en ayant ses mains des deux côtés de mon visage. Il semblait au bord des larmes, mais souriait sans pouvoir se retenir.
Mon cœur battait la chamade, et semblait être sur le point d'exploser.
- Je t'aime aussi, Dam, parvins-je à murmurer.
Ses yeux se remplirent alors d'une lueur toute nouvelle, une lueur que je n'avais jamais vu auparavant.
Il me ré-embrassa. Moi aussi. Nous nous dévorâmes ainsi pendant un temps infini, sans parvenir à réfréner nos sourires.
Nous nous serrions si fort, si fort l'un contre l'autre. Pour rien au monde je ne l'aurais lâché.
Puis au bout de quelques minutes il se sépara de nouveau de la bouche. Je vis la lune qui s'était levée nous regarder, deux amants esseulés se déclamant toute leur passion sur les rivages d'une plage endormie.
- Tu m'aimes, Ann' ? Vraiment ?
- Oui, idiot. Je te l'ai dit.
- Tu ne me dis pas ça juste pour me faire plaisir ?
- Évidement que non ! Je t'aime Dam. Vraiment.
- J'avais tellement peur que tu me repousses. J'étais persuadé que tu ne m'appréciais pas, je ne savais pas quoi faire... J'ai essayé de t'oublier, je te jure, mais jamais je n'y suis parvenu. Je ne sais pas ce qui m'a prit. Je n'ai pas beaucoup bu, pourtant. Je veux dire, je ne t'embrasse pas parce-que je suis soûl ! Non ! Juste, ça m'a donné du courage.
- Je pensais la même chose, c'est marrant. Que tu ne m'aimais pas. Comme quoi, riais-je doucement en l'embrassant de nouveau.
Et c'était reparti pour un tour. Chaque parcelle de mon corps crépitait sous ses caresses, je me sentais rayonner.
Puis au bout d'un moment, notre baiser s'intensifia. De plus en plus. J'étais sur le point de me débarrasser de mon t-shirt quand il nous interrompit, une drôle de sourire aux lèvres :
- Attend. On pourrait aller dans un endroit plus confortable.
Il se mit debout, se pencha et me prit dans ses bras pour me porter tout contre lui.
Ainsi, nous partîmes, hilares, en direction de l'hôtel. Je me sentais flotter. Il m'aimait. Il me l'avait dit. J'étais dans les bras de l'homme que j'aimais.
- Mais Ethan et Vic vont sûrement rentrer, non ?
- Les connaissant, ils ne seront pas là avant quatre heures du matin grand minimum.
Soulagée, je me contentais de lui adresser un sourire satisfait.
Nous arrivâmes alors à l'appartement. Il me déposa sur le lit, et nous recommençâmes alors notre bal effréné. Nos baisers devenaient de plus en plus sauvages et passionnés, très vite, je me retrouvais en soutien-gorge et lui torse nu. Il m'interrogea alors :
- T'es sûre ?
- Oui.
Mon ton était affirmatif, et ne laissait aucune place au doute. Il comprit cela tout de suite.
Il me serra encore un peu plus contre lui ; comme si nos peaux ne faisaient qu'une.
Puis ses mains s'aventurèrent sous ma poitrine, les miennes de plus en plus vers son jean. Le rythme s'accéléra, et nous nous retrouvâmes bien vites nus l'un contre l'autre.
Jamais je n'avais ressenti auparavant une telle fusion, une telle connexion avec quelqu'un. Nos deux corps étaient des aimants, deux pièces d'un puzzle destinées à se retrouver.
Nous nous glissâmes alors sous les draps, dans un bal effréné de caresses, de baisers, de soupirs, de murmures.
De murmures doux et amoureux, des murmures qui me faisaient sentir comme la femme la plus aimée sur terre.
Je t'aime. Il m'avait dit je t'aime.

Métro, boulot, Damiano Où les histoires vivent. Découvrez maintenant