Chapitre 34

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Notre étreinte se desserra petit à petit, mais sans pour autant disparaître. Ses mais restaient  autour de mon visage ; les miennes sur ses épaules.
Aucun ne nous n'osait trop parler ; nous étions bien trop saisis par l'émotion pour pouvoir aligner trois phrases. Dans un élan un peu maladroit, je l'invitais à rentrer chez nous. Chez nous. Repenser à ce mot après des mois de chez moi m'emplissait d'un bonheur sans nom.
Quand il pénétra dans l'appartement, les larmes lui remontèrent aux yeux immédiatement.
- C'est fou, rien n'a changé... Je ne suis parti que quelques mois, pourtant. Mais j'ai l'impression que cela fait des années.
J'étais encore toute engourdie par le sommeil, je ne réalisais pas ce qu'il venait de se passer. Dam était là. Il était de retour ; il me tenait même entre ses bras. Nous nous assîmes alors sur le canapé, puis il prit de nouveau la parole :
- Je... Anna, je...
Il balbutiait, et peinait à trouver ses mots.
- On parlera plus tard, Dam, lui dis-je dans un sourire.
Et je me jetais sur ses lèvres. Il ne se fit pas attendre, et me rendit se baiser avec fougue. Ce n'était plus cette fois de ces baisers doux et romantiques que nous avions échangés jusque là, non. C'était un baiser passionné, d'une ardeur qui nous était encore inconnue.
À son contact, je me sentais défaillir. Comme sentir son corps contre le mien m'avait manqué ! Maintenant, nous étions serrés l'un contre l'autre comme si notre vie en dépendait. Ses mains me caressaient de partout, faisant jaillir de ma peau de minuscules étincelles. Sa bouche douce, la chaleur de son torse contre le mien et son odeur qui m'emplissait les narines ne m'auraient jamais permis d'interrompre ce baiser. Sur nos visages coulaient des larmes, de toutes les émotions contradictoires que nous ressentions à l'instant. Au bout d'un moment, il me prit dans ses bras, et se leva ; sans pour autant desceller nos lèvres. Je sentais son sourire sur le mien.
Il partit en direction de sa chambre. Il me déposa avec douceur sur le lit, avant de s'allonger à mes côtés.
Soudain, un sentiment de déjà-vu s'empara de moi, et me fit reculer brusquement. Dam sembla paniqué :
- Qu'est ce qu'il y'a ? Tu m'en veux ? J'ai fait quelque chose de mal ? Je n'aurais pas du revenir. Je suis désolé. C'est ma faute.
Son regard était complètement affolé.
- Non, non, Dam. Je t'ai déjà dit que jamais je ne t'en voudrais. C'est juste que... Que... Que, je, ça, cette situation me fait repenser à... À Hawaii et...
J'avais du mal à contenir mes larmes.
- Et j'ai peur de me réveiller à nouveau dans un lit vide. De me retrouver seule, et que tu disparaisses encore.
Son visage se décomposa, et pâlit d'un coup.
- Mais, Anna... Je ne partirais plus jamais. Je te le jure. On a des tas de choses à se dire après, mais ce que je peux te confier dès maintenant, c'est que je te jure sur tout ce qu'il est possible de jurer que je ne te quitterais pas. Je... Je t'aime, Ann' ! Et pour rien au monde je ne partirais. Tout ce que je souhaite, c'est de rester avec toi. Jamais, jamais, jamais je ne disparaîtrais de nouveau.
Tout en balbutiant ces mots, Dam s'était mit à caresser mon visage. À mon tour, du bout des doigts, je parcouru ses traits. Sa bouche, encore rougie de nos retrouvailles. Ses joues, pâlies par l'émotion et l'inquiétude. Ses pommettes relevées, son nez aquilin, le contour de ses paupières, ombrées de son éternel trait de crayon qui avait coulé. Ses cheveux, retombant sur son front, sur ses tempes, ses yeux.
- Je t'aime aussi, Dam.
Il comprit à mon regard que mes appréhensions s'étaient envolées. Nous nous  réappropriâmes alors dans un élan d'ardeur la bouche l'un de l'autre. Ses mains glissèrent sous mon t-shirt, tout comme les miennes sous le sien. Puis, dans le même bal effréné que la dernière fois, à Hawaii, nous recommençâmes à nous embrasser. À nous embrasser jusqu'à ce que nos corps ne fassent plus qu'un, jusqu'à ce que nos peaux se confondent.
Nous nous glissâmes sous les draps, dans un élan de fougue et de tendresse.
Puis, une fois que nous eûmes fait l'amour, je me sentis me rendormir entre ses bras qui m'enlaçaient. Ma peur instinctive d'une nouvelle disparition me fit paniquer à nouveau, alors que je sombrais petit à petit dans les bras de Morphée. Et comme si il avait lu dans mes pensées, il resserra encore plus fort son corps contre le mien. Il embrassa une dernière fois mon crâne.
- Je ne pourrais plus jamais te quitter, Ann'. Je t'aime bien trop. Ce serait impossible.
Et quand je me réveillais quelques heures plus tard, il était effectivement toujours à mes côtés. Il caressait doucement mes cheveux.
Je lui fit comprendre que j'étais éveillée en bougeant un petit peu, puis prit la parole.
- Tu m'avais dit qu'on avait des choses à se dire ?
Pour toute réponse, il m'attira à lui. Je posais la tête sur son cœur ; lui enroula ses bras autour de moi, en mêlant nos jambes ensemble.
- Je ne sais même pas si il y'a grand chose à dire, en fait. Vous savez déjà tout. Le dernier soir où j'étais à Hawaii, le manager m'appelé, et m'a demandé de le rejoindre urgemment en Italie, le plus rapidement possible. Je ne comprenais pas ce qu'il y'avais de si urgent, j'étais juste complètement paniqué à l'idée de partir sans vous. Sans toi. En plus, il m'avait intimé de ne surtout pas vous en parler et de partir sans vous prévenir.
Il resserra un peu plus son étreinte alors que je sentais que sa voix se mettait à trembler.
- Quand je suis arrivé à Rome, on était déjà le lendemain matin. Le manager m'a accueilli dans son bureau, et m'a expliqué de but en blanc, sans émotion, ce que vous savez déjà.

Métro, boulot, Damiano Where stories live. Discover now