Chapitre 56

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J’avais alors trouvé une chambre miteuse au Chaudron Baveur. Et c’était un endroit si puérilement simplet pour se cacher, que l’Ordre ne pensa même pas à me chercher là. Enfaite, je ne me cachais même pas.

Bien que l’on aurait pu croire que j’avais lâché la société secrète. Au contraire, j’effectuais la mission que Dumbledore m’avait demandé. Rapporter ce que je pouvais entendre des plans de Voldemort, ou des nouvelles tentatives de ses partisans, les plus fidèles ou non. Et quoi de mieux que de servir des hommes assoiffés de femmes et de luxure. Serrées jour et nuit dans des corsets nous empêchant de respirer correctement, accompagnés de lourdes jupes aux différentes couches de tissus plus grandes à l’arrière, le devant montrant le plus haut possible nos cuisses. Haut perchée sur des bottes de cuirs lacées. Les Mangemorts imbibés d’alcool ou de drogue, souvent les deux en même temps, ne pensaient pas que les putes avaient des langues.

Les boutiques de Magie Noire de l’Allée des Embrumes n’acceptaient pas de jeunes femmes inconnues avec un bon CV. Alors je me contentais de ça.

C’était sans doute honteux à dire. Mais ce boulot me faisait vivre. Me loger et me nourrir. Les boutiques avaient de toute façon passé la clef sous la porte. Toute à part celle de Fred et Georges qui battait son plein. J’étais, jusqu’à maintenant, passée devant sans jamais y faire un tour. J’avais simplement envie de passer un moment seule, à remettre de l’ordre dans tout ce bazar. J’irai alors bien plus tard, les féliciter.

Accomplir les missions de Dumbledore m’aidait à ne plus penser, par moment, à ce qui hantait mes esprits. Et l’une des choses qui revenait sans cesse, c’était celui qui portait le nom de Remus John Lupin.

Mon parrain…

Trop d’espoir et de désespoir fusaient, et ça me faisais un creux déchirant dans mon ventre. Mes yeux se fermaient difficilement chaque nuit.
D’un côté, il n’y avait pas de lien de sang. Même aucun lien tout court à part celui de prof-élève. Rien ne nous empêchait de faire quoique ce soit. De l’autre, s’il avait été l’ami de James et Lily. Il ne voudrait sans doute pas leur faire un coup pareil.

Et si il ne ressentais rien ? S’il savait simplement ce dont je rêvais et qu’il m’avait offert ce moment de tendresse parce que j’avais sauvé son meilleur ami ?

Maudit espoir qui ne me quittait jamais et qui faisait parfois souffrir.

A mon plus grand bonheur, la fin des vacances était là. A mon plus grand malheur, je retournais à Poudlard. Malgré que j’allais enfin quitter se travail, loin d’être luxueux, et cette chambre sentant le renfermé, que j’allais pouvoir me blottir dans un lit doux et chaud, je ne me sentais pas d’affronter Harry Potter. C’était sans doute puéril…

J’avançai alors sur le quai, la tête regardant le sol. Les parents et leur enfants se serraient dans leur bras. Avant qu’ils ne montent entre copains à bord du Poudlard Express.

Je relevai la tête et vit des têtes que je connaissais. Remus se trouvait parmi eux. Mon ventre se serra. Madame Weasley me remarqua avant que je ne fasse un pas.

- Nina ! S’exclama-t-elle.

Elle courut vers moi et me prit dans ses bras. Avec une telle force que Superman lui même n’avait pas.

- Par Merlin… Où étais-tu passé ? Nous t’avons cherché partout ! Elle me regarda en me séparant d’elle dans une secousse, ne lâchant pas mes épaules. Comment tu vas ? Tu as l’air épuisé ! Tu as pu manger correctement ? Elle me plaqua encore une fois contre elle.
- Molly.. Laisse la respirer. Sourit son mari.
- Je vois que même après un coup de colère, vous êtes toujours aussi sérieuse. Vous auriez pu ne pas retourner au château.

Je regardai Lupin et rougis légèrement. Monsieur et Madame Weasley s’écartèrent un peu. Au loin Harry me regarda, le visage un peu crispé.

- J… Je suis désolée de ce que je vous ai dit. Je ne le pensais pas..
- Ce n’est rien… Répondit Lupin, dans un sourire rassurant. J’imagine que ça devait être loin d’être facile. Ce que l’on ressens doit être inimaginable.
- En effet oui…
- Vous n’aviez eu aucun doute jusque là ?
- Non, ce n’est pas quelque chose qu’on pense possible.. Et rien ne me laissait de soupçons. Vous avez tous été très bon..

Lupin baissa la tête.

- Dumbledore avait ses raisons…
Je fis un signe de la main, lui demandant de s’arrêter là. Les dents serrées.
- Dumbledore a toujours plus ou moins de bonnes raisons, dans chacun de ses actes. C’est comme ça qu’il fonctionne, il ne fait rien par hasard.

Remus ne répondit pas. J’avais sans doute été un peu froide, raide. Coupant la discussion là où elle en était.

Il prit simplement ma main et entrelaça ses doigts aux miens. Je les regardaient, s’enlacer. Mon cœur battait plus vite heureux et douloureux. Ce geste ne pouvait, à présent, que prendre plusieurs sens. Je le regardai alors tristement. Il regardait nos mains, caressant ma peau de son pouce. Comme si il évitait mon regard. Comme s’il avait peur de craquer et de faire quelque chose qu’il estimait être mal. Je brûlais de le sentir contre moi, reprendre là où nous nous étions arrêté. Ou nous avions du nous arrêter. Tel des amants maudits.

Lily et James allaient-ils me pourrir la vie.. ?

- Nina.. Le train va partir, dépêche toi ! On se revoit à Noël d’accord ? Tu viendras passer les fêtes à la maison ! File !

Elle me serra une dernière fois, fort dans ses bras. Remus avait du me lâcher la main. Et me poussa à l’intérieur du wagon, me demandant de faire très attention à moi.
Je ne lâchai pas Lupin des yeux, jusqu’à se qu’il disparaisse dans un virage, espérant un geste. Espérant qu’il me toucherait, que je puisse respirer son odeur une dernière fois avant Noël. Il penchait un peu en avant, comme si il retenait son corps de courir vers moi.

Une larme coulait sur ma joue.

La fille Potter (Remus X Oc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant