DIRTY HEART II - spare me -

Chapitre 16

Taehyung

    Le soir, j'entre dans ma chambre où les torches au mur sont toujours allumées. La couleur orangée se diffuse dans la pièce et le reflet des flammes donne du mouvement à l'endroit.
    La bibliothèque est fermée alors je l'ouvre après avoir déposé le plateau que j'ai pu ramener pour Merryl. Lorsque la pièce secrète est ouverte, j'aperçois Merryl dans une de mes chemises et Asko dans ses bras.

« Personne n'est entré dans la chambre ? » je demande.

    Elle hoche négativement la tête. Je tends une pomme à Asko qui s'empresse de la prendre puis je porte la hyène sur la table métallique conçue pour les opérations. Je lui retire son bandages puis nettoie sa patte abîmée.

« Je t'ai apporté un plateau. Il est dans la chambre. »

    Je ne suis pas d'humeur à lui faire la conversation et elle semble le remarquer car elle fuit rapidement les lieux.
    Je m'occupe de Hutcha en faisant attention à ne pas lui faire mal puis je prends les mesures que je juge nécessaire pour pouvoir lui créer sa nouvelle patte.

« Est-ce que tout va bien ? » Merryl demande en revenant dans la pièce.

    Devrais-je discuter avec une femme comme Merryl des soucis du clan ? Je crois qu'elle ne comprendrait pas l'enjeu et qu'au contraire, elle serait peut-être contente de savoir que les Gandharva vont être anéantis.

« On me force à me marier. je contourne la conversation.

— Oh... Mais tu savais que ce serait comme ça.

— Je sais mais le savoir ne veut pas dire être d'accord. Le mariage n'est qu'une promesse faite sur la simple pensée du pouvoir Gandharien. Je dirais oui à une femme pour être chef. Je devrais lui faire des enfants et je n'aurais pas le droit d'en aimer une autre. Alors, je n'aurais pas le droit d'aimer car me forcer à épouser une femme c'est me pousser à aimer une personne. L'amour, ce n'est pas quelque chose qui se contrôle. Et c'est égoïstement un sentiment qui nous est personnel. »

    Hutcha renifle la crème que je lui étale sur sa plaie mais elle reste tranquille. Elle sait qu'elle aura le droit à des morceaux de viande plus gros si elle se tient correctement.

« Un sentiment qui nous est personnel ? L'amour n'est-il pas justement un sentiment de partage ? Merryl me reprend.

— Nous tombons amoureux d'une personne parce qu'avec elle nous nous sentons moins seuls. Elle nous fait rire et nous nous sentons vivants, intéressants, différents avec elle. Et c'est ce sentiment qui nous fait tomber amoureux. Nous aimons la personne que nous devenons en sa présence mais ce n'est pas réellement de la personne dont nous sommes amoureux. Et la jalousie intervient quand la personne qui nous fait nous aimer donne cette importance à une autre personne. »

    Je crois en l'amour personnel mais je n'ai jamais connu d'amour partagé.

« Ce n'était pas un sentiment d'égoïsme lorsque tu étais avec Chan Hee. Merryl prétend.

— Non, tu as raison. Je l'ai aimée. Mais j'étais amoureux de son image et pas de sa personnalité car je ne la connaissais pas. »

    La traîtresse fronce les sourcils parce qu'elle ne comprend pas. Je caresse l'animal sauvage sur la table puis je déclare :

« Chan Hee était une fille pas si différente des autres. Je l'ai aimée mais pour moi, elle est morte la nuit de l'incendie.

— Et elle est réellement morte le soir de l'incendie. »

    Chan Hee était ma petite amie depuis que nous avions dix ans. Je vivais dans mon coin et je ne me souciais pas de l'avenir car je pensais que ma vie se passerait toujours aux côtés de Chan Hee. Elle était parfaite et tout le monde l'adorait... Jusqu'à l'incendie. Je l'ai haïe. Et je la déteste encore.