Chapitre 54

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Taehyung

    J'aimerais trouver la solution pour retirer la douleur de la blessure de Merryl mais elle a si mal qu'il m'est impossible de la toucher. Quant à mon dos, c'est une torture. Mais étrangement, ça ne me gêne pas.

« Les fondateurs avaient dit qu'une voyante avait prédit un Daïki. L'homme à la volonté de fer. Lalzo nous fixe, comme si nous étions des revenants.

— Peu importe qui est un Daïki. Ma volonté veut que nous poursuivions cette union. »

    L'homme de religion semble voir une divinité devant ses yeux mais je ne suis rien qu'un simple mortel. Je suis un homme qui endure, comme tous les autres. À la différence que je suis prêt à endurer pour les autres si cela préserve la paix.

« Vos désirs sont des ordres. »

    Je me redresse comme je peux et Merryl fait de même. Ses pleurs finissent par se calmer.

« Le pardon accordé, les Dieux, du balcon de l'espace, ont accepté de regarder le témoignage sincère de votre amour. »

    Il prend un calice en or et réussit à récupérer quelques gouttes de mon sang coulant dans mon dos, puis celui de Merryl au niveau de son bras. Nous n'aurons pas à nous faire ouvrir la main. Nous avons été marqués plus fortement ailleurs. Notre sang a coulé, c'est le plus important dans un mariage. Le serment du sang.

« Le bandeau. »

    Je sors mon bandeau encore dans ma poche puis je le donne à Lalzo qui le trempe dans le calice.

« Ainsi, les Gandharva s'imprègnent de votre dévotion. »

    Le clan est dans une métaphore représenté par le bandeau noir et notre sang signifie le pardon que nous avons demandé. En faisant tremper mon bandeau dans le sang, cela a pour signification de dire que les Gandharva absorbent le pardon que nous demandons afin d'avancer.
    Imbibé de notre sang, le bandeau se voit retiré du calice puis Lalzo le tend à Merryl.

« Il faut le lui nouer. »

    Merryl, d'une main tremblotante, saisit le bandeau puis me le noue autour de la tête. Je sens l'excès du liquide rouge vif glisser sur mon visage comme des larmes pour nos souffrances endurés et rien n'est plus pittoresque que cette image. Elle retranscrit parfaitement ce que nos âmes ont été depuis tout ce temps. Meurtries. Blessées.
    Mais pour la première fois, je sens la clé de l'ataraxie, brisée lors de la cérémonie où j'ai ouvert mes fiançailles, renaître de ses cendres... Tel un Phoenix mais avec la force d'un être céleste tel qu'un Gandharva.

« Vos âmes sont liées. Vos destins sont emmêlés et vos vies connectées par le rythme du battement de vos cœurs. » Lalzo déclare.

    Une nouvelle fois, Lalzo chante un chant Gandharien.
    L'homme de foi nous tend le calice afin de faire les lignes du mariage avec le reste de sang qui trône au fond. Merryl est la première à y tremper le bout de ses doigts. Doucement, son index et son majeur tracent les quelques lignes importantes signifiant la loyauté, la fidélité, la santé, l'amour et l'engendrement.

« Tu es magnifique. » je regarde la lueur de ses yeux à travers son masque en dentelle.

    Je vois malgré tout une larme s'échapper de celui-ci pour courir sur sa joue mais je m'empresse de tremper mes doigts dans le peu de sang qu'il reste pour effacer cette larme et la remplacer par l'assurance de ma loyauté, de ma fidélité, de la santé, de l'amour et de l'engendrement. Et ce, envers et contre tout.

« Tu n'es plus Kae Merryl du clan Gandharva. Tu es maintenant Kim Merryl, femme du fils déshérité Kim du clan Gandharva. »

    Lalzo s'éloigne d'un pas pour nous donner notre espace personnel et parce que j'ai assisté à assez de mariage pour connaître la suite de notre union, je me penche vers Merryl et je l'embrasse en ayant pour la première fois un témoin devant notre attirance.
    Les lèvres de Merryl, comme les miennes, ont un goût de sang mais elles ont surtout le goût de l'avenir, d'un nous et d'un toujours.
    Peut-être faut-il être soft pour un baiser lors d'un mariage mais j'approfondis notre baiser et Merryl ne me rejette pas. Nous nous embrassons avec l'espérance de retirer la douleur physique de l'autre.
    À bout de souffle, nous nous séparons.

DIRTY HEART II - spare me -Where stories live. Discover now