Chapitre 60

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Merryl

    Je suis tellement hypnotisée par l'animal roux à rayures noires que je ne remarque même pas le père de mon mari s'infiltrer derrière moi. Je me rappelle de lui uniquement au moment où il termine de déchirer fièrement mon haut.
    Je sursaute et mes yeux s'écarquillement. Mes bras se resserrent davantage contre ma poitrine et je sens mon cœur battre à tout rompre au point que je craigne que même lui ne puisse pas suivre son propre rythme.

« Tu sais combien d'hommes rêvent de ton corps, Merryl ? Tu inspires le sexe et le fantasme de chaque homme. Jungkook te protégeait alors personne ne pouvait te toucher mais en le trahissant ta protection s'est effritée. Et maintenant que tu t'es tapée mon fils, tu n'as plus aucune protection.

— Je ne suis pas à disposition. »

    Tous rigolent comme si je n'avais aucun autre but sur terre que d'accomplir la volonté des hommes et ce qui me répugne le plus c'est Héra. Elle sourit comme si j'étais un beau spectacle alors qu'elle était prête à profiter de Taehyung pour son titre. Elle n'a pas hésité à coucher avec le père de mon mari pour ensuite tenter d'être la nouvelle femme de Kim Dal Oh afin d'avoir un rôle prestigieux. Elle me dégoûte. Et ça me déchire de me dire que c'est moi qui l'ai évacuée des Phoenix car elle disait être en danger.
    Evandre est dangereux, je ne remettrai jamais ça en cause mais Héra était néfaste aussi. Tout l'entourage de Lilith lorsqu'elle vivait chez les Phoenix était néfaste à l'exception de sa mère. Mais aujourd'hui, je suis là, à genoux et presque dénudée devant une femme que j'ai voulu aider et qui me remercie en balançant ma relation avec Taehyung parce qu'il n'a pas voulu d'elle.

« Tu as la langue trop pendue. Commençons par régler ce souci. »

    Kim Dal Oh se rassoit sur le trône de Jungkook tandis qu'un homme de main de ce type détestable s'avance avec une dague chauffée au préalable dans les flammes qui nous cernent.
    Je sais que la torture arrive.

***

Taehyung

    Le temps est épouvantable en cet après-midi. Le ciel est gris, il fait froid et je ne me sens pas à l'aise dans ma peau. Les douleurs dans mon dos se réveillent et sont aussi vives qu'au moment où elles ont été faites... Comme si Merryl souffrait. Comme si nous étions reliés par un lien indéfinissable.
    Parce que je me sens submergé par la tristesse et la colère sans le savoir, je quitte la maisonnette puis je me promène dans les bois afin de vider mes pensées mais ça ne va pas mieux.
    Je sors le masque de ma femme et je me serre tout en me rappelant de son visage.
    Quelque chose ne va pas. Je le sais. Et je crains le pire.
    Je jette un regard vers le ciel lorsque j'entends le tonnerre se déclencher puis une pluie battante s'abat. Et lorsque je repose mon regard sur le masque, j'en suis convaincu...
    Ma femme est arrivée à son jour... Son dernier jour.
    Sur l'île des Terre qu'on ne nomment pas, il doit faire nuit et je suis tellement désolé de savoir que je n'aurais pas été à ses côtés pour la rassurer. Pour lui dire que je l'aimais avant qu'elle parte. J'aurais aimé que Jay empêche ce massacre mais... Le monde va perdre la vraie Daïki de tous les temps.
    Ma mère et Merryl pensaient que j'étais le Daïki de la prophétie mais et s'il s'agissait de Merryl ? Elle a subi les tortures les plus immondes et elle n'aura pas perdu l'espoir de la paix jusqu'au dernier moment. Elle a été ma sagesse, mon envie, mon espoir, ma source d'inspiration, ma force... C'est la volonté de Fer de Merryl qui aura aidé le Daïki à avancer.
    Lorsque mes pas traînent vers la maisonnette pour rentrer à l'intérieur de celle-ci, la tête en vrac, je me vois propulser plusieurs mètres en arrière par une onde de choc que je n'aurais jamais pu prévoir.
    Le bruit assourdissant de la bombe tombée me perce les oreilles et une pluie de terre me retombe dessus en plus de la pluie. Il me faut quelques minutes pour réussir à me relever mais lorsque je vois la maison détruite, je retombe à genoux en hurlant de colère et de tristesse parce que ce n'était que de simples innocents bienveillants.
    Je pleure de nerf, de tristesse, de dégoût et malgré le bourdonnement dans ma tête, je m'entends crier à m'en déchirer les cordes vocales. Mon poing percute le sol sous la colère et j'hurle de nouveau avec l'espérance de faire réagir ce monde pourri.
    Les éclairs fissures intensément le ciel et le bruit de l'orage déchire ma voix dans des éclats de souffrance.
    Du mouvement dans les débris de la maison attire mon attention pour en voir un de mes hommes sortir en tenant le bébé dans ses bras. Il me rejoint et son visage saigne, ses bras tremblent sous l'adrénaline et le bébé pleure à chaudes larmes.
    Je reste à genoux et mon espoir est mort. Je suis anéanti. Je n'arrive plus à vivre.
    Comment arrêter tout ça ? Les humains ne méritent pas la vie.

« Taehyung, n'abandonnez pas ! » mon dernier homme vivant me dit.

    Mais je n'arrive plus à y croire.

« Vous êtes plus fort que ça. Vous avez déjà tellement fait et si vous, vous perdez espoir, alors le monde sera sincèrement perdu. Vous ne devez pas abandonner. Vous avez ce qu'on dit dans la légende ? »

    Le survivant berce le bébé pour le calmer et je me demande où il trouve cette force pour garder son sang-froid. Je suis révulsé par ce monde.

« Le Daïki poussera un cri qui déchirera le coeur du monde et les Dieux s'élèveront pour remettre de l'ordre. Sa volonté de faire résonnera dans les êtres célestes et le monde s'agenouillera devant le plus honorable des combattants. »

    Il se met à genoux.

« Vous êtes le Daïki de la prophétie et je serai honoré de mourir pour vous. Servir un être céleste est un honneur et si je peux participer à peu dans votre quête alors c'est un privilège. N'abandonnez pas. Vous êtes la rédemption des hommes. »

    La météo s'agite encore plus et la foudre tombe sur l'arbre derrière moi mais je ne tremble pas. Je ne me retourne même pas. Je sens juste mon cœur se durcir et ma volonté devenir une raison de vivre. Ma colère de la guerre s'enracine dans mes pupilles pour colorer dangereusement la membrane de mon œil de noir, venu du diable.
    Le tonnerre fait rage en moi. Le bébé a arrêté de pleurer mais sa tristesse n'a pas disparu et mon homme de main me regarde avec espoir.

« Je tenterai de sauver ce monde mais si ma femme est morte à mon retour, je te jure que le monde n'aura jamais autant brûlé et souffert. Je défoncerai chaque parcelle de cette foutue planète. Je ne sauverai pas un monde qui ne le mérite pas. Si Merryl est morte, je jure devant tous les Dieux que la volonté de Fer du Daïki sera le fléau et l'extinction de l'humanité. »

    La rage au ventre, je me dirige vers le chemin à prendre pour poursuivre notre quête. J'entends d'autres bombes exploser plus loin et elles ne m'assourdissent plus. Elles ne font plus trembler mes membres. Comme si je venais de dominer la moindre once de crainte sur cette terre. Et je défie les gens de se mettre sur mon passage, car peu importe qui il sera, je le tuerai. La vie n'a finalement aucune valeur.
    La seule valeur de ce monde c'est la pureté du cœur.
    En étant médecin je pensais que la vie était le plus important mais ce n'est pas vrai. Je me suis laissé bercer par l'idéologie de la peur humaine de la mort.
    Nos valeurs se basent sur nos craintes et la vérité est relative pour tous car nous n'avons pas les mêmes peurs. Ma seule peur était de perdre Merryl mais si elle est morte, alors je ne crains plus rien. Mon esprit devient soudain clair.
    Cette rage qui bat au fond de moi sera la détermination du futur. Si Merryl est morte, la seule valeur de ce monde, autrement dit la volonté de fer du Daïki, je peux promettre que la voyante de nos ancêtres avaient raison. J'éteindrai la peine de ce monde car je le tuerai. Je ne laisserai rien, ni personne. Je réduirai cet enfer en poussières et les flammes de Hutcha s'affoleront à l'entente de mon nom.
    Je jure qu'à partir d'aujourd'hui je n'arrêterai pas. Je me battrai pour ma volonté de faire la paix mais cette volonté prendra fin à la mort de ma femme car elle est ma paix.
    Un jour Merryl a dit que la vie d'un Daïki était faite de solitude et de tristesse mais elle n'a jamais dit que le Daïki resterait gentil et innocent jusqu'à la fin des temps. Je suis libre d'abandonner l'humain à son sort.

DIRTY HEART II - spare me -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant