Chapitre 40

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Merryl

    Capturée entre son emprise et le matelas, il m'est impossible de m'enfuir mais je ne tente pas de m'évader. Je ne pense à rien hormis au fait que je me sente bien contre lui. Sa peau nue racle la mienne tout en la cajolant et le paradoxe me désoriente. La noirceur de la pièce m'empêche de découvrir le moindre grain de beauté sur sa peau chaude mais son regard reste pourtant translucide à chaque fois qu'il croise le mien. Nos langues dansent plusieurs mesures endiablées alors que son corps s'unit au mien par un rythme assuré. Mes gémissements me sont volés. Mes bras entourent son cou pour ne pas ployer sous l'effet de l'orgasme alors que tout mon être supplie Taehyung de me porter le coup fatal.
    Sur la même longueur d'onde, Taehyung succombe à l'attente insoutenable qui émanait de nous. Le point de rupture s'arrache de notre désir ardent alors que nos corps vibrent, transpirent, halètent, s'embrassent à l'unisson.

    Le cœur battant à tout rompre, je me réveille en sursaut, le corps en sueur, la peau brûlante, les pensées en vrac mais rapidement la solitude revient me bercer depuis mon lit d'hôpital.
     En tentant de reprendre le contrôle de mon esprit, je regarde par la fenêtre. Il fait nuit noir mais il ne m'est pas compliqué de voir les silhouettes des arbres, des oiseaux nocturnes, de l'éclat de la lune. Le temps semble calme. Aucun bruit ne parcourt les couloirs de l'hôpital alors qu'une cacophonie résonne dans ma tête.
    Taehyung occupe toutes mes pensées. Je suis partagée entre le fait de lui dire que son comportement n'avait rien de grave car de toute manière, j'ai déjà un pied dans la tombe et une autre part de moi est révoltée d'avoir pu penser que Taehyung... D'avoir pu penser rien du tout, en fait.
    Je m'en veux simplement. Il était prévu que je reste fixée sur le fait de mourir. Je ne voulais aucune lueur d'espoir, aucun traitement de faveur, aucun contact avec les Gandharva, aucune distraction. Je voulais en finir au plus vite pour éviter de rendre la punition une véritable torture mais je n'ai pas su m'éloigner du danger.
    Taehyung ne m'a forcé à rien. Si j'avais voulu ne pas garder ses secrets, j'aurais pu le dénoncer. Si je n'avais pas voulu l'embrasser alors j'aurais pu ne jamais goûter à ses lèvres. J'aurais pu éviter ma condition. Mais il semblerait que j'aime souffrir.

***

Taehyung

    Je n'ai pas arrêté de penser à Merryl durant la nuit. Je n'ai eu de cesse de me tourner dans tous les sens possibles pour trouver une position confortable mais c'était dans ma tête que ça n'allait pas.
    J'ai tenté de trouver la meilleure stratégie pour me faire pardonner mais je me suis rapidement demandé pourquoi je voulais qu'elle me pardonne. Je veux dire, si elle me pardonne qu'est-ce que cela devrait changer ?
    Je ne peux pas remédier à son sort alors notre relation aura une durée de péremption. Quant au mariage que je vais devoir effectuer, je ne vais pas pouvoir l'annuler de nouveau. Je ne veux plus faire passer Merryl au statut de maîtresse même si elle n'a aucun statut hormis celle de ma patiente.
    Je suis perdu. Je pensais que discuter avec les morts m'aidrait à y voir plus clair mais dès que je repense aux conversations que j'ai avec eux, je me rends compte qu'ils ne comprennent rien. Merryl ne fait ni partie des morts ni des vivants. Elle a son propre monde et j'ignore comment il fonctionne.
    Au lever du jour, je suis assis sur un banc et je fixe les cerisiers japonnais. Bien évidemment, sans miracle, ils n'ont toujours pas refleuri. Je crois que la marche des morts a eu raison d'eux.

« Vous méditez ? »

    Je regarde Jay s'asseoir à côté de moi et il me sourit.

« Vous avez de la chance. Pour le moment, le peuple ne se révolte pas encore contre vous. Il est encore sous le choc de votre annulation de mariage. La pauvre Héra n'arrête pas de pleurer... »

    Je n'ai aucune compassion pour Héra.

« Son sort m'importe peu. Je suis trop occupé à me faire pardonner auprès d'une prisonnière avant qu'il ne soit trop tard.

— Encore Merryl ? Taehyung, ne vous rendez pas malade. Vous rencontrerez d'autres jolies femmes.

— Il n'y a aucun rapport. Elle est belle c'est vrai mais ça ne m'intéresse pas plus que ça. Je ne suis pas dans une démarche perverse. »

    Si je pense à Merryl dans des songes indécents ? Il n'y a sûrement que ça dans ma tête mais au-delà du désir, c'est sa personnalité que je veux.

« Si Jungkook venait à savoir que vous avez dit non à Héra pour Merryl, c'est Jungkook qui déclarerait la guerre avec vous. » il m'assure.

    Je le sais. C'est pourquoi je n'ai rien dit.

« Et si ce n'est réellement que la seule femme qui me plaît ?

— Vous l'aimez ?

— Je ne pense pas qu'on puisse parler d'amour. Je sais juste qu'elle me plaît, que j'ai plus de sentiments que je le voudrais et qu'elle me manque. »

    Est-ce qu'elle a le même genre de rêves et de pensées que moi ?

« Si elle ne vous parle plus, ce n'est peut-être pas plus mal. »

    Je sais mais je suis un trublion, apparemment.

« Si vous voulez réellement vous faire pardonner, pourquoi ne pas faire quelque chose d'important pour elle ?

— Comme quoi ? Lui rendre sa liberté ? Je ne suis pas en mesure de le faire. »

    Je tente quand même de trouver et en fixant le cerisier face à moi, j'ai une idée complètement barrée mais je n'ai pas d'autre choix. Il n'y a que comme ça qu'elle acceptera de me parler. Même si cela prendra un peu de temps, je suis prêt à le faire.

« Tu sais quel temps il fera demain et après demain ? j'interroge l'homme de main de Jungkook.

— Il me semble qu'un soleil radieux devrait couvrir nos têtes. »

    Mon sourit s'élargit et je quitte le banc pour rejoindre la demeure des Jeon.

***

« Qu'est-ce que tu me racontes encore ? » mon père fronce les sourcils.

    Je lui tends son téléphone fixe.

« Je veux que tu passes cette commande pour moi. Je sais que c'est un peu bizarre dit comme ça mais ne t'en fais pas.

— Je me fais de plus en plus de souci pour ta santé mentale, fils. »

    Je souris mais j'insiste pour qu'il passe ce foutu appel. Vaincu par mon envie sortie de nulle part, il cède et passe ma commande plus que hors du commun. Lorsqu'il raccroche, il me détaille :

« Je ne sais pas à quel moment je vais devoir t'envoyer consulter un spécialiste, Taehyung.

— Ne t'en fais pas. Je fais mes propres consultations et je vais très bien. »

    Je lui souris et une nouvelle fois, je m'isole en attendant de recevoir la commande qui devrait être envoyée très vite. Ce sont les ordres d'un des chefs des Gandharva alors il est interdit de ne pas obéir.
    Même si je suis loin de savoir si mon plan va fonctionner, je souris bêtement et espère que cela suffira pour attendrir la belle et envoûtante traîtresse.

DIRTY HEART II - spare me -Where stories live. Discover now