Taehyung
Je subis la journée la plus épuisante du mois et elle n'est toujours pas terminée. Debout depuis trois heures du matin, je n'ai fait qu'enchaîner les opérations les plus importantes puis lorsque j'ai cru avoir une pause, je me suis retrouvé convoqué dans la salle des dirigeants. Devant la grande carte du monde, j'y ai retrouvé Jungkook, mon père et tous les hommes qui ont de l'influence sur notre clan.
« Que se passe-t-il ? » je demande.
Lassé d'avoir passé ma journée debout lorsque je vois vingt heures sur l'horloge, je m'assois sur une chaise en bois ébène.
« Nous venons d'apprendre que les Phoenix avaient renforcer leurs frontières et ils ont apparemment augmenté leur puissance militaire. »
Je reste stoïque un moment avant de prendre la parole.
« Et donc ?
— Il faut qu'on se prépare. Cela peut présager une future guerre avec l'ennemi. mon père déclare.
— Et donc à la place de trouver un terrain d'entente, on se déclare la guerre ? » je demande avec ironie.
Je ne peux m'empêcher de trouver leur comportement ridicule. Avec le temps je n'ai plus réussi à faire semblant. Je suis lassé de devoir affronter des conflits sans importance. La vie est si fade...
« Donc c'est quoi le plan ? On refait des stages de survie ? Perso, je ne suis pas pour. À sept ans je devais faire le choix de tuer mon coéquipier ou boire de l'eau et je pense que ce n'est pas une manière d'enseigner la sagesse et le combat à un futur soldat. »
Mon frère a échappé aux stages de survie car il était le préféré de tous les Gandharva et il ne fallait pas lui donner de traumatismes donc il n'a pas eu à être torturé mais moi oui parce que je n'étais que le second et que mon avis n'a jamais compté. Aujourd'hui, il pourrait compter si je me mariais à Héra et je suis presque pris d'une pulsion d'accélérer le mariage pour que je puisse enfin taper du poing sur la table afin qu'on m'écoute mais je ne veux pas me plier aux caprices de Héra et de la malhonnêteté des Gandharva. Moi, je vaux mieux que ça.
« Les stages de survie sont toujours un bon moyen de former les soldats. »
Je pose mon regard sur mon père en n'arrivant pas à croire que ce soit lui qui dise ça.
« Les enfants ne sont pas des jouets et encore moins de la chair à canon. On ne fait pas des enfants pour les envoyer à la guerre et si ton enfant voit le jour, Jungkook, penses-tu que Lilith accepteras qu'il fasse des stages de survie ? À sept ans, on joue dehors, on ne tue pas. On n'enferme pas des enfants pendant quelques jours sans nourriture pour savoir lequel survivra à ça. On ne torture pas des enfants pour qu'ils se battent en l'honneur des Gandharva. »
Je me lève de ma chaise et je regarde la carte comportant les marques rouges des agissements des Phoenix. Il est vrai que le comportement des Phoenix représente une menace constante pour les Gandharva mais ce n'est pas en répondant par de la provocation que nous préserverons la paix. En agissant comme eux, nous allons installer un climat de méfiance et de peur chez les civils. Ce n'est pas ce qu'il faut faire.
« Taehyung, tu vis dans un monde qui a l'air très sympathique mais ta mentalité ne reflète pas la réalité. Nous ne vivrons jamais dans un monde fait de licornes et de paillettes. Jungkook se moque.
— Pourquoi faut-il que tu sois toujours con ? » je demande de but en blanc.
Exaspéré par sa manière de diriger le clan et la façon dont mon père laisse tout passer, je quitte la pièce mais malheureusement, je ne peux plus faire comme si tout cela m'importait peu. Je sais que maintenant je dois agir parce que nous allons bientôt atteindre le point de non-retour.
Pour pouvoir réfléchir correctement, je monte dans ma suite et m'enferme. Je libère mes animaux puis m'occupe d'eux avant de me déshabiller pour entrer dans ma douche.
Si j'espérais pouvoir me sortir de mes pensées, c'est raté. Pour aucune raison, mes songes se rapportent à Merryl que je n'ai pas vue depuis trois jours depuis qu'elle est retournée à l'hôpital.
Son absence dans mon lit me laisse un sentiment de solitude que je ne sais pas combler mais qu'elle savait occuper et il y a ce désir... Je repense à son corps contre le mien dans mon lit sans jamais que je ne fasse le moindre geste envers elle alors que j'en mourrais d'envie en silence.
Je ne devrais pas mais je repense à son corps nu dans ma douche. Je me rappelle de sa peau lisse et pâle et de la longueur de ses cheveux cascader dans son dos. Je ne peux manquer de me rappeler la courbe de ses hanches et la forme de ses seins... Depuis mon lit, je voyais tout mais je ne disais rien. Je gardais ce désir pour moi.
Mes pensées attisent mon excitation et pour pouvoir me libérer de cette emprise déjà insoutenable, je me soulage moi-même. Je me masturbe en pensant à la pire ennemie des Gandharva et je sais que ce n'est pas bon signe. Je sais que je suis tombé dans les filets de cette sirène...
Mes yeux se ferment sous le plaisir et je revois le corps de Merryl, et je repense à ses lèvres contre les miennes. Un frisson parcourt mon corps et j'aimerais savoir si elle se sent pareille. Pense-t-elle à moi en se touchant ?
Tout est intense et rapidement j'atteins l'orgasme. Pour me détendre, je laisse l'eau me retomber dessus et je pose mes mains à plat contre le carrelage froid de la douche. Je tente de reprendre mes esprits mais je sais que c'est trop tard.
Je ne réussirai pas à me débarrasser de mon désir vers Merryl tant que je ne l'aurais pas assouvi... Sauf que je n'en ai pas le droit.
« Maudite vie. »
Je coupe la sortie d'eau puis attrape une serviette avant de sortir de la douche. Je me brosse les dents et je me fixe dans le miroir. Depuis la glace, j'aperçois Asko sentir le masque que Merryl portait lors de la soirée libertine et je crois qu'elle lui manque.
« Elle ne reviendra pas, Asko. Tu dois te faire à l'idée. »
Il tourne sa tête dans ma direction et je pourrais presque percevoir une lueur de tristesse dans son regard s'il n'avait pas déjà son petit air abbatu.
« Merryl doit mourir. »
Je quitte la salle de bain et récupère le masque en dentelle de Merryl. Je la revois dans sa robe rouge. La voir danser sous le cerisier était amusant et séduisant.
Hutcha s'approche de moi en boitillant et je reviens à la réalité.
Merryl est une jolie pensée mais en rien mon avenir. L'avenir, s'il doit y en avoir un, il se construira sur mon mariage... Dans le cas contraire, c'est une guerre mondiale qui attend les Gandharva et les Phoenix.
« J'ai pris ma décision. »
J'enfile un nouveau sous-vêtement puis un jogging noir avant de quitter ma suite. Je longe les couloirs et frappe à la porte de la suite où loge Héra. Mes mains sont moites et ma gorge est sèche mais je le fais parce que je n'ai pas le choix. Ma conscience me l'interdit.
Elle ouvre la porte et elle est couverte par un pyjama presque transparent. Je connais son corps nu et elle est jolie mais étrangement, Héra ne m'inspire aucun désir. La beauté que je lui donnais s'est évaporée. La sympathie et sa gentillesse que je croyais voir en elle se sont dissipées et je ne ressens vraiment plus rien à son égard.
« Nous allons nous marier. » je dis.
Un instant, elle reste silencieuse puis elle sourit.
« Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?
— Aucun Gandharva ne s'est sacrifié pour son clan. J'ai décidé de le faire pour éviter une guerre mondiale. Je suis médecin et je refuse les morts inutiles. Ma vie contre celles de tant d'autres... Je crois que c'est un compromis qui m'ouvrira les portes de Yuma.
— Yuma ?
— Les portes du Paradis. C'est comme ça qu'on dit en Gandharien. Hutcha veut dire Enfer et Yuma Paradis. »
Je ne ferai pas semblant d'aimer Héra. Je ne coucherai pas avec elle si je n'en vois pas l'intérêt et je ne lui pardonnerai jamais la manière dont elle s'est servie de moi pour obtenir un statut prestigieux. Mais les Kim sont maudits depuis des générations et malheureusement, j'en fais partie.
Dans le regard de Héra, je ne peux pas passer à côté de sa satisfaction et ça me brise le cœur.
« Tu ne rêvais pas qu'un homme t'aime sincèrement, Héra ? » je lui demande.
Elle aurait pu attendre encore un peu avant de se marier puis elle aurait pu trouver l'amour. Elle est prête à tout sacrifier pour un titre qui ne signifiera rien lors de notre mort.
« L'amour n'existe pas si on ne le provoque pas. C'est ce que la relation de Lilith et Jungkook m'a enseigné.
— Ils n'ont rien provoqué et je ne t'aimerai pas parce que tu me forceras.
— Le temps fera les choses pour nous. »
Sauf que je sais déjà que je deviendrai aigri parce que je me serai oublié pour les autres. Je serai un chef de clan et je n'aime pas les Gandharva. Je n'aimerai pas ma femme alors quelle consolation aurais-je lorsque je rentrerai épuisé dans ma suite ?
Je devrai coucher avec une femme que je n'apprécie plus et je devrai lui faire un enfant. Voire même plusieurs pour assurer la descendance car il faut toujours au moins un second.
« Je demanderai à ce que notre mariage soit rapidement conclu. »
Héra ne cache même pas son sourire et moi, je ne suis pas content. Je suis dans un piège dans lequel je n'ai pas le choix de reculer.
Et quand je regarde ma fiancée, j'ai le regret de penser à Merryl...
« Tu verras, tu aimeras notre mariage. Héra m'assure.
— Il y a bien longtemps que j'ai cessé de croire en l'amour et tu n'es pas celle qui me fera changer d'avis. »
Lourdement, je tourne les talons et retourne dans ma chambre. Je me laisse tomber dans mon lit. À cause de l'élan, il tangue comme une balançoire. Mes yeux fixent le plafond.
« Nous n'échappons jamais à notre personne. » je dis pour moi-même.
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DIRTY HEART II - spare me -
Fanfiction- Il est la voix que les morts n'ont plus. - Moi, je suis libre mais pas ma vie. Je devais être honoré et digne de ce que j'allais hériter. Je devais changer pour être une autre version de moi-même. Je ne voulais pas changer. Elle, elle n'ét...
