Arc en ciel (bxb) [terminée]

Chapitre 4

Le lendemain, Hélios essaya de faire abstraction de son chagrin et alla retrouver Ptolémée, son meilleur ami depuis toujours. Ils s’étaient donnés rendez-vous quelques jours auparavant dans l’un des cinq jardins suspendus de la cité pour échanger leurs résultats. Ptolémée avait postulé comme lui en même temps au concours des FIT. 

Le jardin des niveaux intermédiaires était planté d’arbres d'essences variées. Aux endroits les plus touffus, ces derniers offraient l’illusion raisonnable de se trouver dans une forêt de la surface. C’était du moins ainsi qu’Hélios se représentait une véritable forêt car il n’y avait bien sûr jamais mis les pieds. Des hauts-parleurs diffusaient des bruits d’oiseaux variés pour renforcer la ressemblance. 

À cette heure-là, l’Atlantide grouillait d’activités et le jardin était plein de personnes en train de se promener ou de faire leur jogging. Hélios s’était installé au pied de son arbre préféré, un vieil olivier qui avait plus de trois cent ans. Deux sirènes s’embrassaient sur un banc juste à côté de lui. Elles étaient très entreprenantes et le jeune triton commençait à se sentir un peu gêné. Il devait avoir l’air bête, planté là tout seul. Pourquoi fallait-il que Ptolémée soit systématiquement en retard ? 

Enfin, il entendit une voix l’appeler. 

— Hélios ! 

Soulagé, il se leva maladroitement pour aller rejoindre son ami. Ptolémée lui adressait de grands signes. Plein d’énergie comme d’habitude, il avait plus l’air de faire des bonds que de marcher. Ses lèvres étaient étirées par un grand sourire et Hélios comprit aussitôt : contrairement à lui, Ptolémée avait réussi le concours des FIT. 

— Alors ? Alors ? s’impatienta son ami lorsqu’ils se retrouvèrent à mi-chemin. 

Il avait les yeux brillants et paraissait très excité. 

Hélios sourit tristement. 

— Alors, je ne suis pas pris… 

Il vit l’expression de son ami se décomposer. 

— Tu n’as pas été pris ? répéta-t-il, surpris. Oh… Je pensais que… Que… 

Il s'interrompit, à court de mots. 

Hélios évita son regard. 

— Non. Ils n’ont pas voulu de moi. À cause de ma condition physique, apparemment. 

Ptolémée tritura nerveusement ses cheveux et dit sur un ton d'excuse : 

— Euh… moi… Je… j’ai été accepté. 

Hélios essaya de rendre sa voix un peu plus chaleureuse. Il avait l’impression d’être un bien mauvais ami. 

— Eh bien… félicitations ! 

— Merci. 

Ils restèrent silencieux une minute ou deux, avançant au milieu des arbres sans se parler ni même se regarder. Même s’il s’agissait d’une pensée terriblement égoïste, Hélios aurait été un peu consolé de ne pas être le seul à avoir été refusé. Il aurait pu passer un moment réconfortant avec son ami à critiquer les FIT et leurs stupides critères de sélection. Au lieu de cela, il se sentait plus misérable et seul que jamais. 

— C'est vraiment injuste, finit par déclarer Ptolémée en lui tapotant l'épaule. Tu connais pourtant tant de choses sur la surface ! Les FIT ne savent pas ce qu’ils manquent ! Tu aurais été parfait pour eux ! 

Hélios ne put s'empêcher de penser que seul le corps robuste de son ami l'avait fait accepter. En termes de connaissances, Ptolémée lui était inférieur. Il n'était pas dénué d'intelligence, non, mais il n'avait envisagé cette profession que pour imiter Hélios. Il ne tenait pas plus que cela à devenir membre des forces d’intervention. Il souhaitait monter à la surface pour satisfaire une vague curiosité et non poussé par un véritable besoin.