Chapitre 29

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Les jours s'écoulaient à une vitesse folle à la villa. Hélios avait barré tous les jours de son calendrier et n'était pas parti à la date fatidique. Il avait finalement renoncé à son exploration de la surface. Il n'aurait jamais eu le temps de faire tout ce qu'il avait envisagé. Il préférait encore s’attarder dans cet endroit où il se sentait si bien. Il resterait avec Grégoire jusqu'à ce que... jusqu'à ce que son départ devienne inévitable. Ou que les FIT finissent par mettre la main sur lui. Il ne lui restait de toute façon que peu de temps.

À chaque fois qu'il se levait, le petit triton prenait soin d'emporter avec lui le localisateur que Ptolémée lui avait remis. C'était un rappel de ce qui l'attendait. Il lui était toujours plus difficile de se souvenir qu'il n'était pas un humain, malgré ses écailles qui se multipliaient à un rythme alarmant. Comment pourrait-il un jour renoncer au soleil ? Et renoncer à Grégoire...

Pour éviter d'avoir à trop penser à son avenir, Hélios se lança dans une exploration méthodique de la villa qui était bien plus vaste que le yacht. Cette immense demeure se révélait pleine de surprises pour lui. Il y avait des œuvres d'art un peu partout qui ressemblaient à celles que l'on trouvait dans le Musée de la Surface qu'on pouvait visiter en Atlantide (Hélios s'y était rendu une bonne vingtaine de fois lorsqu'il préparait le concours des FIT).

Mais sa pièce préférée se trouvait au sous-sol. C'était une salle ronde sans fenêtre qui ne comportait comme mobilier qu'un immense aquarium. Il était presque aussi grand que le bassin de sa famille dans lequel il nageait naguère tous les jours et abritait une colonie de petits poissons colorés.

Hélios s'y rendait tous les matins. Il s'asseyait en tailleur à même le sol et restait là parfois jusqu'à une heure à suivre le mouvement des poissons. Sa maison et sa famille lui manquaient. Il ressentait toujours de la nostalgie, mais cette dernière était moins prégnante qu'autrefois. Elle se résumait à un petit pincement au cœur.

Ne pas se transformer se révélait en revanche plus difficile à gérer. Il lui était bien difficile de lutter contre la tentation de se jeter dans le grand bassin la tête la première ou dans la mer si proche.

Grégoire était en revanche d'humeur maussade depuis leur installation sur terre et prenait soin de se tenir éloigné d'Hélios, surtout lorsque son père était présent. Le triton avait l'impression que M. Faure ne l'aimait pas non plus beaucoup. Il le regardait de travers à chaque fois qu'il le croisait. Hélios ne comprenait pas ce qu'il pouvait avoir fait de mal. Peut-être avait-il fait une nouvelle gaffe, comme le matin où il avait mangé une orange avec sa peau ? Les humains n'étaient pas toujours très faciles à suivre.

Cet après-midi là, M. Faure était heureusement absent de la villa (il s'absentait souvent pour de mystérieux rendez-vous) et Maude et Barbara étaient sorties faire du shopping en ville. Hélios et Grégoire étaient seuls (abstraction faite du personnel qui entretenait la maison). Ils s'étaient réfugiés dans la bibliothèque, une très belle pièce recouverte de rayonnages en bois qui montaient jusqu'au plafond dans laquelle personne n'allait jamais.

— Nous serons tranquilles, ici, déclara Grégoire avant de poser ses lèvres sur celles du triton.

Hélios enroula ses bras autour de son cou et se mit sur la pointe des pieds (Grégoire était beaucoup plus haut que lui). Ils s'embrassèrent à en perdre le souffle serrés l'un contre l'autre, jusqu'à ce qu'un craquement non loin de là ne les fasse sursauter.

Ils s'arrêtèrent précipitamment, le cœur battant, et reculèrent. Les pas passèrent sans que personne n'ouvre la porte.

Grégoire poussa un juron étouffé et s'éloigna vers la fenêtre.

Arc en ciel (bxb) [terminée]Where stories live. Discover now