Arc en ciel (bxb) [terminée]

Chapitre 25

Lorsqu’Hélios gagna la terrasse le lendemain matin, il trouva les trois humains plongés dans un silence pesant. Barbara avait les yeux rouges et gardait les yeux résolument baissés sur sa tasse de thé. Maude était assise à côté d’elle et jetait de fréquents regards de reproche à Grégoire qui faisait alors mine de ne rien remarquer en beurrant sa tartine avec application. L'ambiance était si lourde que le triton se sentit trembler de la tête aux pieds en s'asseyant à son tour. Il ne supportait pas bien cette tension qu'il ne comprenait pas bien. 

Ils n'avaient pas  rencontré de grandes difficultés à regagner le yacht avec la navette de cette île qui n'était finalement pas déserte. Les membres de l'équipage du bateau (qui était beaucoup moins chic que celui des Faure) avaient laissé Grégoire passer un coup de téléphone. Ils avaient eu le droit d'embarquer sous condition de payer après. 

À leur retour, Maude s'était révélée aussi furieuse que son cousin l'avait prévu. 

Grégoire avait pris l'air agacé devant le déluge de reproches qui lui avait été adressé. 

— Si on ne peut plus s'amuser…, avait-il marmonné. 

Avant de s'arrêter précipitamment devant le froncement de sourcils impérieux de Maude. 

Curieusement, la jeune femme paraissait encore plus en colère ce matin qu'elle ne l'avait été la veille. Qu'est-ce que Grégoire pouvait bien avoir encore fait ? 

Personne ne semblait vouloir prendre la parole. Le petit triton avala une tartine de pain grillé en essayant de produire le moins de bruit possible, ce qui n’était pas facile car elle croustillait. 

Crounch crounch. 

Des miettes tombèrent dans son assiette. Personne ne parut cependant y prêter attention et Hélios essaya de se détendre un peu. 

Il leva les yeux vers le ciel qui n'avait pas du tout la même couleur que d'habitude. Est-ce qu'une tempête allait à nouveau éclater ? Il espérait que Grégoire n'allait pas en profiter pour inventer une autre sortie. Bon, il serait prêt à le secourir une seconde fois, mais tout de même… Il lui fallait éviter à tout prix de se transformer à nouveau. Et si ses mains restaient palmées après cela ? 

Inquiet, il ne put s'empêcher de jeter un regard sur ses doigts pour les inspecter discrètement. Ils étaient heureusement tout ce qu'il y avait de plus humains. 

Criiic. 

Hélios fit un bond en l'air lorsque Grégoire tira soudain sa chaise dans un long crissement pour se lever et partir sans saluer personne. 

Hélios en profite aussitôt pour l'imiter et s'éloigna presque en courant. 

Il rejoignit le jeune homme au niveau du pont supérieur. Ils s'arrêtèrent hors de portée d'écoute. Grégoire s'accouda à la rambarde. 

— Nous avons rompu, Barbara et moi, expliqua-t-il alors d'un air embêté. Cela lui a fait de la peine, mais ça me semblait la meilleure chose à faire. C’est avec toi que j’ai envie d’être, même si j'aimerais que cela reste pour le moment un secret. 

Hélios se sentit rougir. Il avait ponctuellement fréquenté des tritons ou sirènes, mais n’avait jamais été en couple avec personne. Cela ne l’intéressait pas beaucoup, à l’époque, tant il était obsédé par le concours des FIT. Dire qu’il avait consacré tant d’heures à réviser pour finalement échouer en raison de son physique… Ce manque d'expérience lui posait problème, à présent, car il ne savait pas vraiment comment on sortait avec quelqu’un, secrètement ou non. 

Ce fut heureusement le jeune humain qui prit la direction des opérations. 

— Tu veux aller faire un tour avec moi ? proposa-t-il. Oh, pas en mer, ne me regarde pas comme ça. Je pensais plutôt à prendre la voiture et aller à Menton.