Arc en ciel (bxb) [terminée]

Chapitre 31

Assis sur la dernière marche de l'escalier, Hélios observait avec intérêt les nombreuses allées et venues.

Une fête était donnée à la villa, organisée par M. Faure. Les invités ne cessaient d'arriver depuis tout à l'heure. De longues voitures noires se garaient devant la demeure pour déverser ses occupants. Un véritable orchestre venait de s'installer sous une grande tente. Les musiciens étaient en train d'accorder leurs instruments.

Cette nouvelle fête n'avait rien à voir avec celles auxquelles le petit triton s'était rendu avec Grégoire et les filles. Pour commencer, les invités n'étaient pas tous des jeunes. La dame vêtue d'une longue robe rouge qui venait de passer à quelques mètres de lui avait les cheveux blancs. Et ils étaient tous habillés de façon très chic. Hélios lui-même avait dû faire un effort vestimentaire. Grégoire l'avait une nouvelle fois emmené faire du shopping pour lui acheter le joli costume noir et la cravate bleue ciel qu'il portait. Le triton se sentait plus humain que jamais.

Il sursauta lorsque quelqu'un l'attrapa soudain par derrière.

— Tu t'amuses bien ? lui souffla Grégoire à l'oreille.

Il l'embrassa sur la nuque et l'entraîna à sa suite. Ils étaient maintenant cachés derrière un buisson, à l'abri des regards. La proximité des convives excitait Hélios. Il se retourna et laissa le jeune homme l'embrasser.

— Je m'amuse mieux quand tu es là, avoua le triton.

Grégoire devait souvent s'éloigner de lui pour tenir compagnie à son père et faire bonne figure devant les invités.

Le jeune homme planta un nouveau baiser sur ses lèvres.

— J'aimerais pouvoir passer tout mon temps avec toi... Et si on se faisait une sortie ensemble demain, juste tous les deux ?

Hélios hocha la tête avec enthousiasme.

— Oh, oui !

Grégoire lui adressa un petit sourire en coin qui fit accélérer les battements du cœur du triton.

— Je dois repartir, soupira alors le jeune homme. Mon père veut me faire encore rencontrer quelqu'un. Qui n'aura très certainement lui non plus rien à faire de moi.

— Je ne savais pas que ton père aimait faire la fête, lança Hélios pour le retenir quelques secondes de plus.

Grégoire eut un reniflement de dédain.

— Oh, il a horreur des fêtes et de tout ce qui peut provoquer de l'amusement. Il ne le fait que pour ses clients. Son entreprise est la seule chose qui l'intéresse.

Il avait l'air amer et Hélios s'empressa de l'embrasser pour le consoler.

Grégoire le repoussa doucement.

— Je dois vraiment y aller. On se revoit demain ?

Le petit triton hocha la tête avec une moue. Il détacha à regret ses doigts des siens. Il observa son humain préféré s'extraire de derrière le buisson pour gagner la foule. Puis il sortit à son tour pour aller se faire servir un verre de jus d'orange.

La chaleur de la journée avait été extrême et la température ne daignait pas redescendre. Le triton mourrait de chaud dans sa veste et il la retira pour la glisser sous son bras. Il essaya, sans grand succès, de se faire du vent en agitant une serviette.

Hélios fit un bond en l'air lorsque quelqu'un toussota soudain derrière lui. Il se retourna et eut la surprise de se retrouver soudain face au père de Grégoire.

— Ah, Hélios, lui dit-il. Je vous prie de bien vouloir me suivre un instant. J'ai à vous parler.

L'homme fit demi-tour et se dirigea vers l'intérieur de la villa sans attendre davantage. Un instant interloqué, le triton le suivit sans enthousiasme. Il ressentit une certaine réticence à quitter le jardin animé pour accompagner le père de Grégoire dans la maison qui, pour la première fois, lui parut sombre et sinistre. Mais cette impression était peut-être due au fait qu'il était soudain seul avec M. Faure. Jusque-là, ce dernier ne lui avait jamais adressé la parole et agissait généralement comme s'il était invisible. Hélios doutait même jusqu'à il y a quelques minutes que cet homme connaisse son prénom. Cette soudaine attention ne lui disait rien qui vaille. Et puis, il aurait préféré continuer à assister à la fête. Grégoire serait sans doute venu lui tenir compagnie de temps en temps. Il allait se demander où il était passé.