Arc en ciel (bxb) [terminée]

Chapitre 32

Hélios ne passa pas une très bonne nuit. D'humeur inquiète, il se tourna et retourna dans son lit, incapable de trouver le sommeil. L'expression de satisfaction qui s'était affichée sur le visage de M. Faure le hantait. Le triton n'arrivait toujours pas à analyser clairement la situation. Qu'est-ce que le père de Grégoire avait donc pensé ? Est-ce qu'il se pouvait... est-ce qu'il se pouvait qu'il ait découvert sa véritable nature ?

Hélios ressentit une telle panique à cette idée qu'il se redressa sur son matelas, le corps ruisselant de sueur.

Il jeta un regard en direction de la fenêtre. Il faisait encore nuit, mais le soleil commençait à poindre à l'horizon. Autant se lever. Il était persuadé de ne pas réussir à s'endormir.

Hélios alla prendre une douche rapide en essayant de se mouiller le moins possible. Il ne s'était pas transformé depuis des semaines et son corps en souffrait. Il aurait aimé se jeter dans la mer pour nager à l'air libre une dernière fois, mais cela n'aurait pas été raisonnable et n'aurait fait qu'aggraver la situation. Les écailles apparues sur son avant-bras la veille avaient mis des heures à disparaître. Il avait pourtant frotté sa peau avec une serviette pour enlever toute trace d'humidité.

Sa toilette terminée, Hélios s'enroula dans une serviette. C'est alors qu'il croisa son reflet dans le miroir. Il sentit sa tête se mettre à tourner. Ses mains étaient glacées malgré la chaleur de ce début de matinée ensoleillée. Une écaille de la taille de l'ongle de son petit doigt venait d'apparaître à la naissance de son cou. Il lui serait presque impossible de la cacher.

"Je dois partir", paniqua-t-il. "Aujourd'hui même".

Les signaux d'alerte se multipliaient. Il ne pouvait plus les ignorer. Impossible de reculer davantage. Il devait retourner en Atlantide, comme il aurait dû le faire depuis des jours.

Il se mordit nerveusement la lèvre à plusieurs reprises, les mains tremblantes. Puis il quitta à toute allure la salle de bain.

Son beau costume de fête était posé sur la chaise sur laquelle il l'avait lancé en allant se coucher. Hélios l'effila à la hâte. Autant être bien habillé pour son arrestation, au point où il en était. Et puis la cravate cachait une partie de l'écaille de son cou. C'était toujours cela.

Il vérifia que le localisateur de Ptolémée était bien dans sa poche, comme d'habitude. Il n'allait cependant pas l'utiliser tout de suite. Il ne voulait pas que le FIT débarquent dans la villa des Faure ! Grégoire risquerait des ennuis...

Hélios s'inspecta une nouvelle fois dans le miroir. Il sentit sa gorge se nouer en se rappelant la joie qu'il avait ressentie lorsque Grégoire lui avait acheté ces habits si élégants. Aurait-il le droit de les conserver une fois de retour chez lui ? Les FIT pourraient peut-être lui accorder au moins cela.

Le triton trouva dans un tiroir un morceau de papier qu'il posa en équilibre sur son lit. Il allait laisser un mot à Grégoire, pour lui dire... pour lui dire...

Le petit triton avait la tête vide. Comment expliquer au jeune homme qu'il aimait qu'il devait le quitter pour ne plus jamais le revoir ? Existait-il des mots pour cela ? Décidant que non, il laissa le papier vierge. Grégoire se ferait sa propre explication.

Dire qu'ils avaient prévu de passer leur journée ensemble... Ils auraient passé leur temps à s'embrasser et à se promener main dans la main.

Les larmes montèrent aux yeux du petit triton. Il les essuya du revers de la main et prit une grande inspiration. Il parcourut du regard sa chambre une dernière fois et sortit dans le couloir. Il tomba aussitôt sur une porte voisine. C'était là que dormait Grégoire. Ses pieds s'arrêtèrent de marcher juste devant le seuil de cette chambre comme animés de leur propre volonté. Son corps ne voulait pas partir. Hélios avait promis un jour au jeune homme de lui dire au-revoir. Mais il ne le pouvait pas. Cela serait beaucoup trop douloureux. Il s'efforçait même de ne pas penser du tout au jeune homme. Parfois, il se disait qu'il aurait préféré ne jamais le rencontrer.