Chapitre 24

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Le ciel s'éclaircissait de plus en plus. Le soleil fit son grand retour en chassant rapidement les nuages qui filèrent sans demander leur reste, comme s'ils comprenaient que leur présence dans ce ciel habituellement bleu était incongrue. 

Hélios poussa un soupir, recroquevillé sur lui-même sur un petit bout de plage ensoleillé. Au moins, il ne pleuvait plus et il ne risquait plus de se transformer. Mais il tremblait de froid, aussi peu vêtu. Surtout, il craignait que Grégoire ne voit l'une de ses écailles. Il était persuadé que de nouvelles avaient décidé de ne plus partir, après cette nouvelle transformation et il n'osait pas inspecter son corps pour le vérifier. Et il n'avait même pas son t-shirt pour se couvrir la peau ! Heureusement que seul son dos paraissait touché. S'il parvenait à ne se montrer que de face, le jeune humain ne remarquerait peut-être rien. 

— Je crois que nous sommes sur une île, commenta Grégoire qui était allé faire un rapide tour (Hélios s'empressa de se mettre face à lui). Et pas loin de Cannes. Je peux voir la ville de là. Nous devrions pouvoir être rapidement secourus, même si je n'ai pas mon téléphone portable. 

Il se laissa tomber sur le sable à côté du triton, les bras repliés autour de ses genoux. 

— Une île déserte ? voulut savoir Hélios. 

Dans les histoires, les héros échouaient toujours sur une île déserte. Il aurait dû mettre ce critère sur la liste des endroits de la surface qu'il désirait visiter. 

— Peut-être…, répondit-il Grégoire qui avait l'air lui aussi de bien aimer cette idée. 

Il se rapprocha un petit peu plus du triton. 

— Tu n'as pas trop froid ? 

Le corps d'Hélios fut parcouru d'un long frisson. 

— Si, un peu… 

À son grand contentement, Grégoire enroula alors son bras contre son corps pour lui faire profiter de sa chaleur. Hélios eut un excellent prétexte pour se lover contre lui. Il espérait tout de même que les doigts du jeune homme ne se poseraient pas sur une écaille. Il lui faudrait inventer une explication. Il pourrait toujours lui dire… qu'il s'était fait un bleu, oui, voilà. Ou qu'il souffrait d'une maladie de peau rare, mais absolument pas contagieuse. Une maladie nommée… hum… la poissonnite ! 

Satisfait de son ingénierie, Hélios profita du moment autant qu'il put. Il avait envie d'aller plus loin et de poser sa tête sur l'épaule du jeune homme mais n'osait pas. Ce dernier pourrait mal le prendre. Il était en couple avec quelqu'un d'autre. Grégoire, cependant, ne faisait pas mine de vouloir s'écarter. 

Ils restèrent blottis contre l'autre sans parler, se remettant de leurs émotions. Les vagues, toujours un peu fortes, se calmaient peu à peu. Il était relaxant de les voir aller et venir jusqu'à leur plage. 

Grégoire prit soudain une grande inspiration. Il planta son regard dans celui d’Hélios et le fixa intensément. 

— Je n’arrive plus à lutter, murmura-t-il. 

Hélios cligna des yeux sans comprendre. 

— À lutter contre quoi ? 

— Contre ça. 

Il attrapa le triton par les hanches et l’embrassa. 

Après un instant de surprise, Hélios s'agrippa à sa combinaison et se pressa contre lui, oubliant sa nudité ou le simple fait qu'ils soient coincés sur cette île déserte sans aucun moyen d'appeler les secours. Ou peut-être s'en souvenait-il, justement, et que cela ne faisait qu'exacerber ses sentiments pour Grégoire. Leur situation avait quelque chose de terriblement romantique et faisait battre son cœur d'une façon folle. Il se sentait plus proche du jeune homme qu'il ne l'avait jamais été de personne, pas même de Ptolémée qu'il connaissait depuis son enfance. 

Arc en ciel (bxb) [terminée]Where stories live. Discover now