Chapitre 10

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Alors qu’ils n’étaient plus que tous les deux, Grégoire daigna à nouveau regarder Hélios. Il avait un air un peu hautain qui rendait dur son beau visage, mais le petit triton ne pouvait s'empêcher de le dévisager avec fascination. 

— Tu souhaites peut-être prendre une douche ? demanda le jeune humain sur un ton qui sonnait davantage comme un ordre. Je peux te prêter des vêtements. Tu ne peux pas continuer à te balader comme ça… 

Hélios hocha la tête en lui souriant une nouvelle fois plus timidement. Grégoire détourna à nouveau les yeux, comme si le contempler était douloureux, et se mit en route sans se retourner. Le petit triton lui emboîta le pas en continuant à regarder tout autour de lui, rempli d'une curiosité insatiable. L'intérieur du bateau lui parut tout à fait confortable quoique sommairement meublé. Il se demanda si Grégoire habitait ici, car il savait que les humains vivaient habituellement sur la terre ferme. Il y avait des milliers de questions qu'il voulait poser mais il en était pour le moment encore incapable, tant que le traducteur tournerait encore. Il se contenta de tout observer et cela lui suffisait pour le moment. Certaines choses ressemblaient à ce qu'il connaissait en Atlantide. D'autres étaient totalement différentes et il aurait été bien en peine de les nommer. 

Grégoire avançait rapidement sans lui laisser le temps de tout admirer. Il finit par s'arrêter devant une porte et lui fit signe d'entrer. 

— C'est ma cabine, marmonna-t-il. Tu peux utiliser ma salle de bain. Je t'attends là. 

Il se laissa tomber sur un grand lit qui semblait très confortable. Hélios avait presque envie de s'y allonger également pour le tester. Plus tard, peut-être. 

La pièce pour se laver était minuscule. Le petit triton n'aurait pas eu besoin d'écarter beaucoup les bras pour en toucher les deux parois opposées. 

Il se glissa prudemment dans la cabine de douche qui tenait péniblement dans cet espace réduit et alluma le jet après en avoir étudié le fonctionnement un moment. L’eau se mit à couler sur son corps, révélant presque aussitôt ses écailles permanentes. Hélios sursauta en écartant le pommeau. Il ne faudrait surtout pas que l'injection cesse de faire effet ! Mais il fallait bien qu'il se lave ! 

Le triton se mordit la lèvre et reprit sa toilette. Il n'avait pas d'autre choix. 

Après une toilette aussi rapide que possible, Hélios s'enroula dans une grande serviette qui était toute douce et s'appliqua à se sécher entièrement. Il se contempla dans le miroir avec attention, scrutant le moindre centimètre carré de sa peau. À son grand soulagement, ses écailles permanentes avaient à nouveau disparu et il avait retrouvé l'apparence d'un parfait infiltré. Il ressemblait vraiment à un humain, malgré ses yeux bleus un peu trop vifs et sa peau qui manquait de couleurs. 

Le petit triton secoua la tête. Il ne s'était toujours pas habitué à se voir sans sa longue chevelure. Elle lui manquait un peu… 

Grégoire était toujours assis sur le lit lorsqu'il ressortit de la salle de bain, à nouveau drapé dans la serviette que lui avait remis l'homme de tout à l'heure. Grégoire s’était changé et portait à présent une chemise blanche fermée à la va vite et un pantalon de cette toile bleue qu'Hélios voyait souvent dans les films de la surface. Des morceaux de sa peau maron apparaissaient entre deux boutons. Hélios ne pouvait s'empêcher de les fixer avec fascination. Il ne s'était jamais imaginé que les humains pouvaient être attirants à ce point-là. Il avait la curieuse envie de se jeter dans les bras du jeune homme pour le serrer contre lui. Mais il ne le fit pas, car quelque chose lui disait que Grégoire n'apprécierait pas un tel comportement. 

Le bel humain le toisa et lui désigna du menton un tas de vêtements posés sur le lit. 

— Tu peux mettre ça en attendant de trouver mieux, lui dit-t-il. Les habits m’appartiennent. Ils risquent d’être un peu trop grands pour toi. 

Hélios le remercia d'un sourire et laissa tomber sa serviette pour se changer. Grégoire fixa son corps nu pendant une bonne seconde, les yeux écarquillés, avant de se détourner brusquement. 

— Bon sang, grommela le jeune homme. Tu n'es vraiment pas pudique ! 

Hélios haussa les épaules. Il enchaînait apparemment les gaffes au point d'en devenir indifférent. Eh puis, Grégoire n'était pas obligé de le regarder s'il ne le souhaitait pas. Pour sa part, il n'aurait rien eu contre voir ce dernier nu. Il avait simplement eu un aperçu de son torse, finement musclé, et cette vision lui avait parut intéressante. S'il avait été un triton, Hélios lui aurait sans doute proposé de venir nager avec lui pour pouvoir l'admirer de tout son saoul. C'était quelque chose qui se faisait fréquemment en Atlantide, même si lui-même n'était pas coutumier de ce genre de comportement, étant réservé de nature. 

Les habits étaient effectivement bien trop grands pour lui, à la fois en longueur et en largeur, car Grégoire le dépassait d’une bonne tête et était d’une carrure plus musclée que lui. Il flottait dans son t-shirt blanc qui aurait pu lui servir de chemise de nuit. Le pantalon engloutissait entièrement ses pieds et traînait par terre. Hélios serra la ceinture autant que possible. Il se regarda dans une glace en faisant la moue. Il n'était pas certain d'être très élégant. 

Grégoire poussa un grognement et s'accroupit devant lui. 

— Il suffit de remonter un peu le bas et tu ne seras pas trop mal. 

Il entreprit de mettre aussitôt son affirmation en pratique. Ses doigts effleurèrent la peau d'Hélios tandis qu'il pliait le pantalon sur lui-même. Il y avait quelque chose d'intime dans ce geste et le triton se sentit rougir. 

— Voilà qui est mieux, grommela Grégoire en se redressant. 

Et, pour la première fois, il adressa à Hélios une sorte de rictus qui ressemblait presque à un sourire. Il parut aussitôt regretter ce mouvement des lèvres et retrouva bientôt son air grognon. 

Le triton regarda le grand lit à moins d'un mètre de lui. Son attrait devint irrésistible. Il s'y jeta à plat ventre et roula pour se retrouver allongé sur le dos, les bras écartés. Il était aussi confortable qu'il l'avait pensé et il sentait bon. Hélios s'y lova avec une intense satisfaction. Ses yeux papillonnèrent et sa fatigue se fit plus présente. Il avait été réveillé en sursaut sans avoir eu son content de sommeil. 

— Hé, protesta Grégoire. Tu ne peux pas te coucher là. C'est ma cabine et mon lit ! 

Hélios fit semblant de ne pas avoir compris. Il se sentait incapable de se relever de ce matelas si moelleux. Ses yeux, d'ailleurs, se fermaient tout seuls et il ne pensait pas être capable de les rouvrir de sitôt. 

Grégoire grommela encore quelque chose. De vagues menaces, peut-être, mais il ne mit sans doute pas à exécution car Hélios se sentit sombrer dans le sommeil sans être dérangé. 

Arc en ciel (bxb) [terminée]Where stories live. Discover now