Chapitre 39

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L’opération laissa Hélios sans force pendant plusieurs jours. Il les passa au fond du lit en compagnie de Grégoire qui ne quittait pas son chevet. Cela laissa le temps à l'ancien triton de s'habituer à son nouvel état. Il se sentait toujours lui-même et, comme l’avait prévenu le commandant des FIT, il ressentait toujours le désir de plonger la tête première dans l’eau. Il se refusa pour autant de le faire, n’en trouvant pas encore le courage. Le simple fait de ne pas voir des écailles apparaître sur sa peau lorsqu’il se douchait suffisait à le perturber. Seule consolation : il avait gardé ses yeux bleus vifs, l'unique détail qui trahissait encore son ancienne nature de triton.

Une bonne semaine plus tard, Hélios fut déclaré guéri par le médecin qui venait régulièrement l'examiner. Ses jambes semblaient encore avoir un peu de mal à le porter, mais elles ne tremblaient plus autant qu'avant. Il était désormais suffisamment remis pour continuer son aventure. Dans quelques heures, les FIT allaient les escorter jusqu’à l’aéroport de Nice et leur nouvelle vie commencerait. Hélios avait hâte de retrouver la liberté. Il en avait plus qu’assez d’être enfermé dans ce bâtiment sombre, maintenant qu’il avait retrouvé l'essentiel de son énergie. Il ne se retrouverait pas pour autant entièrement coupé de l’Atlantide. Le commandant lui avait signalé qu’il garderait toujours un œil sur lui, autant pour le protéger que pour le surveiller. C'était un soulagement autant qu'une cause d'inquiétude.

Hélios terminait d'emballer ses affaires (quelqu'un les avait récupérées pour lui et pour Grégoire à la villa des Faure) lorsqu'on toqua à la porte. C'était la sirène qui avait participé à leur capture.

— Vous êtes attendu dans la salle d’entretien, lui dit-elle sèchement en ignorant Grégoire.

Elle n'ajouta rien d'autre et maintint la porte ouverte.

Hélios et Grégoire échangèrent un regard.

— Je t'accompagne, déclara le jeune homme d'un ton sans réplique.

Hélios traversa les couloirs avec une certaine inquiétude. Que lui voulait-on encore ? Bien sûr, la sirène n'avait daigné donner aucune explication. Et si les FIT avaient changé d'avis à son sujet et avaient décidé de le punir tout de même ? La main de Grégoire glissée dans la sienne le réconfortait un peu.

Lorsqu’il pénétra dans la pièce, une bonne surprise de taille l’attendait cependant : sa mère, son père et Sélénée se trouvaient là, ainsi que Ptolémée qui se tenait un peu en retrait. Ravi, il se précipita pour se jeter dans leurs bras. Jusqu'alors, il ne s'était pas rendu compte d'à quel point ils lui manquaient.

— Mon petit poisson, s'exclama sa mère en l'examinant sous toutes ses coutures. Tu m'as l'air d'avoir maigri. T'es-tu alimenté correctement ?

Hélios se retint de lever les yeux au ciel.

— Mais oui, Maman ! On mange très bien à la surface, tu sais ?

Il se garda de faire un commentaire désobligeant sur le plancton pour ne pas vexer son père, mais n'en pensa pas moins.

— Alors, tu ne vas pas rentrer, n'est-ce pas ? lui demanda gravement ce dernier.

Hélios secoua la tête.

— Non. Je suis presque un humain, maintenant.

Il vit ses parents et sa sœur regarder ses cheveux courts, son visage dépourvu d'écailles et ses doigts sans palme. Lui-même contempla avidement leurs traits pour se souvenir d'eux à tout jamais.

Ils allèrent s'installer tous les quatre sur des fauteuils. Grégoire était resté près de la porte, comme s'il se sentait de trop. Hélios lui fit signe de le rejoindre.

Arc en ciel (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant