Larme Douce

o4 • Blessure superficielle.

Nos cœurs ne sont pas habitués à supporter le poids de nos péchés.

Hermès •

C'était la dernière semaine de l'été, dans cette villa sicilienne. La villa était toujours autant calme, personne n'était venu nous déranger ni gâcher nos vacances.

Nous avions passé les soirées à regarder des matchs de foot, jouer aux échecs, et Kenan nous parlait de son entreprise, tandis que les après-midis étaient consacrés à la pêche, la natation, les promenades en bateau et la danse sous le soleil.

Mais ces semaines n'étaient pas du tout de repos, mes parents étaient comme d'habitude insupportables avec leur pique et Arès s'est révélé être un énorme connard, une facette de sa personnalité que je ne connaissais pas.

Heureusement qu'elle était là parce que sinon merde, j'aurai craqué et j'aurai sûrement commis un meurtre.

Je brûlais d'envie de la séduire et de lui faire bonne impression. Je ne voulais pas qu'elle voit mes défauts. Je ne voulais pas qu'elle voit à quel point mon cœur me faisait mal quand j'étais avec ma famille.

Je ne voulais pas qu'elle voit à quel point mon âme était brisée et noyée, ni qu'elle sache que j'avais besoin d'elle et que j'étais obsédé par elle. En somme, je ne voulais pas qu'elle me voit comme un homme sans cœur.

C'était pourtant ce que j'étais.

Pendant ces derniers jours, j'ai passé tout mon temps à chercher un moyen pour qu'elle soit à moi, pour qu'elle ne voie que moi, que par moi.

Je n'ai jamais eu autant de rancœur envers mon propre frère.

Même mes parents n'ont pas réussi à faire naître autant de haine envers mon jumeau que cette femme. Le pouvoir qu'elle avait sur moi, en si peu de temps, me fait peur.

Je ne supportais pas de les voir ensemble. Je voulais la garder rien que pour moi.

Lorsque je la voyais dans les bras de mon frère, mes yeux me brûlaient.

J'avais médité sur quelque chose de complètement irrationnel. Je ne voulais pas en arriver là, mais je sentais que c'était nécessaire pour mon bien-être. Elle me rend faible.

Je me trouvais face à une pensée totalement irrationnelle. J'envisageais de tuer mon frère et de prendre sa place. J'étais conscient que c'était une idée folle, mais je me sentais obligé de réfléchir à un plan infaillible pour assouvir ce désir. C'était essentiel pour ma survie mentale.

Les semaines que j'ai passées avec lui ont fait ressortir mes véritables sentiments envers mon frère, et j'ai réalisé à quel point je m'étais trompé, à quel point j'ai été stupide.

J'ai réalisé que j'ai passé toute ma vie à envier mon frère, à le voir comme un modèle à suivre. J'étais aveuglé par ma jalousie et mon admiration pour lui. Mais maintenant, je vois les choses différemment. Je dois agir pour obtenir ce que je veux dans la vie, plutôt que de simplement envier ce que mon frère a.

S'il ne devait y avoir qu'un seul fils dans la famille Lazarovic. Qu'il en soit ainsi. Il n'y en aura qu'un. Il n'y a de la place que pour un seul.

Et cette place me reviendra :

Hermès Lazarovic, je le promets que je serai l'unique fils de cette famille.

Il n'y a rien qui nous relie, outre notre sang. Arès ne serait bientôt qu'un simple souvenir amer de mon esprit.

Durant ce mois ici avec Adyna, j'avais bien pris soin de ne pas être proche d'elle et ni de discuter avec elle. Je ne voulais pas qu'elle imprègne de moi. Je devais rester un inconnu, dont elle ne connaît pas grand-chose.