Le mot d'ordre

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Lay

J'aime mon présent. J'ai des amis, un avenir, un petit ami, capricieux, certes, mais on ne peut pas lui reprocher de ne pas savoir ce qu'il veut.

J'ose donc affirmer que mon passé restera là où la mort dort. Ma vie fut un chaos sans fin et pourtant aujourd'hui je peux dire que mes cicatrices resteront enfouies là où personne ne peut les trouver. Un endroit dont moi seule détient l'accès : l'ombre de mon cœur.

Tout doit disparaître.

- Layla, pourquoi tu ne m'écoutes jamais ? Se plaint ma meilleure amie Madd.

Je me tourne vers la blonde et m'avachit sur le bureau de notre rangé.

- Je ne sais pas, peut-être parce qu'on est en cours. Je lui réponds blasée.

- Mais qu'est-ce qu'on s'en fout, il raconte sa vie.

Mon amie pousse un grand soupire, à tel point que tout l'amphi se tourne vers elle avec le regard noir. Je lève les yeux au ciel. Elle n'en rate pas une pour se faire remarquer.

- Vous êtes tous des lèches cul, s'énerve-t-elle devant les yeux inquisiteurs des étudiants.

Qu'est-ce que je disais ?

- Mademoiselle, l'interpelle le vieux rabat-joie qui nous fait un monologue sur sa vie depuis plus d'une heure.

La concernée souffle exaspérée de ne pas pouvoir finir sa conversation à sens unique. Quant à moi, je me relève car maintenant ça risque de devenir intéressant. Madd est une vraie bombe à retardement et son point fort c'est d'être une emmerdeuse de première.

- Oui Moonsieur, s'exclame-t-elle toute mielleuse.

Le prof remonte ses lunettes sur son nez bossu, un sourire étire ses lèvres. S'il pense clouer le bec à Maddie Berckman, il a complètement déliré. Cette fille est une tornade qui prend un malin plaisir à détruire tout ce qui touche de près ou de loin à l'université. Le prof se racle la gorge et enchaîne : 

- Vous voulez bien nous faire part de vos réflexions puisqu'elles ont l'air tellement en accord avec mon cours.

Mon amie me regarde avec un air malicieux et me souffle :

- Je vais nous sortir de là, Lay...

Je claque ma langue sur mon palais de façon réprobatrice.

- Tu n'as pas intérêt, on ne va pas se faire virer de cours alors que c'est le premier de notre deuxième année.

En guise de réponse, elle me fait un petit clin d'œil avec un sourire espiègle. Me voilà mal barré. 

- Alors ? S'impatiente le professeur. Ou peut-être que votre amie a aussi quelque chose à nous dire ?

Il affiche un air condescendant. Son but est de nous afficher pour qu'on se la boucle. Oh et puis merde ! À quoi bon rester là, si c'est pour écouter la vie d'autrui alors que jamais nous n'auront la même.

SHADE OFFWhere stories live. Discover now