Shoot Full

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Lay

Des voix me sortent de mon inertie. Mon corps se fige. J'ai peur de ce qu'on va me faire. Ma tête est toujours douloureuse mais ce n'est rien comparé aux griffures dans mon cou.

Elles me brulent comme si une flamme était au contact de ma chaire. Si seulement ces crises pouvaient s'arrêter. 

Pour ça il faudrait que ma vie devienne un long fleuve tranquille.

Hors elle a toujours été un océan déchaîné.

- Je m'occupe d'elle. Tu peux y aller, signale une voix masculine.

Je reste camouflée sous la grande capuche du sweat. A cet instant c'est ma seule protection contre le monde. J'aimerais qu'on me laisse tranquille. J'aimerais partir pour un endroit plus paisible.

Pourquoi je dois vivre cloîtrer dans l'horreur ?

Le sort s'acharne sur moi depuis ma naissance. Le pire dans tout ça c'est que les aboutissants m'échappent.

La raison de la mort de mes parents : inconnue.

La violence de mon père : inconnue.

Le meurtrier qui m'a épargné : inconnu.

Trop de questions restent sans réponse. Tout comme ma présence parmi ce gang. Je suis une pauvre cruche. Une gamine naïve et idiote qui se laisse abattre à la moindre occasion.

Je voulais apprendre à me défendre contre mon tortionnaire. Je voulais ne plus trembler devant le sang, ne plus trembler en tenant une arme. Pourtant, j'ai choisi la facilité, celle ou un tueur à gages me protège. Un putain de tueur qui me protège d'un de ses congénères. La vaste blague.

Une pression s'exerce sur la manche de mon pull. Je me crispe. Qu'est-ce qu'on me réserve encore ?

- Lay réveille toi, répond une voix étrangement tendre.

Je ne dors pas.

Je ne dors plus depuis bien trop longtemps.

Son propriétaire se penche au-dessus de mon corps. Des petites mèches bouclées apparaissent dans mon champ de vision. Maxwell me fixe toujours la culpabilité collée au visage. Je lui fais pitié aucun doute là-dessus. Je déteste qu'on me regarde de cette manière.

"La pauvre enfant a perdu ses parents"

"La vie ne l'a pas épargné"

"Comment vous sentez vous mademoiselle ?"

Toutes ses interrogations et ses regards dans le but de montrer son empathie envers mes malheurs, je les exècres. Ils me ramènent sans arrêt à ma condition de faiblesse. À cette force que je n'ai jamais acquise d'après mon père. Je ne suis qu'un lot de pitié et de honte. Putain qu'est-ce que je peux me vouer une haine sans précédent.

Pas assez musclé pour se battre.

Pas assez forte pour retenir ses larmes.

Trop recluse sur elle-même pour échanger avec les autres.

Je me redresse sur le lit de camp et plante mes yeux dans ceux de Max.

- Qu'est-ce que vous comptez me faire ?

Ma voix est dure et distante, mais je n'ai aucune envie de me faire des illusions sur l'attitude bancale de mon ancien ami. Il pose sur mes genoux un petit bout de soie bleu et des talons plus grand que mon désarroi.

SHADE OFFOù les histoires vivent. Découvrez maintenant