Vivre en coloc'

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Lay

Un bruit fracassant me sort de mon sommeil. Je me relève brusquement. Il est 5h du matin, le soleil n'a pas encore pointé le bout de son nez. Je passe une main dans mes cheveux en bataille, quand un nouveau fracas se fait entendre.

Discrètement, je décide de me lever. Qu'est-ce qu'il peut bien se passer en bas ? Je décale délicatement les couvertures pour ne pas réveiller Madd. Ses cheveux blonds encadrent son visage et un léger ronflement sort d'entre ses lèvres. Je retiens un sourire. Si je lui dis qu'elle ronfle, elle va me tuer.

Gling.

À nouveau ce bruit.

Je sors de ma chambre. Une brise légère soulève mes cheveux en descendant les escaliers. Quelqu'un a dû laisser la fenêtre ouverte. En pénétrant dans le salon, je constate que toutes les baies vitrées sont grandes ouvertes. Des frissons me parcourent alors que le vent glisse sur ma peau.

Qu'est-ce qu'il se passe ?

Dans la pénombre je distingue une ombre. Elle se tient sur le balcon, la tête tournée vers l'horizon. Au vu de sa carrure, il s'agit d'un homme. Étrangement, il me paraît familier. Je m'approche à pas de loup pour éviter d'attirer son attention. D'un coup, une douleur me cisaille le pied.

Je retiens un couinement, mais le bruit de verre qui jonche le sol résonne dans le silence. Il y a plein d'éclat de cristal partout. Le liquide rouge qui tâche le carrelage m'indique que je viens de me couper. Des pas viennent vers moi. Je me tourne dans la direction de la silhouette. L'homme s'approche de moi. Sa chevelure noir jais, fait augmenter ma pression artérielle.

Non, c'est impossible...

Ça ne peut pas être...

- Layla, c'est toi ?

Mon cœur reprend un rythme normal. Ce n'est pas sa voix. L'individu arrive à ma hauteur. Je reconnais Rob. Leur ressemblance me perturbe bien plus que je ne veux me l'avouer. Il regarde mon pied.

- Merde... Je suis désolé, un des gars a pété les plombs.

Ma curiosité est piquée à vif. J'ai presque envie de lui demander qui serait assez fou pour fracasser une bouteille sur le sol. Malheureusement, nous ne sommes pas assez proches pour que je me permette ce genre de familiarité. Rob réduit la distance entre nous, sa mine devient contrite.

- Je vais t'aider à soigner ça. Assied toi en attendant.

Il sort de la pièce les sourcils froncés. En faisant attention où je pose les pieds, je prends place sur un fauteuil dans la cuisine. Je me demande bien, qui a pu avoir un excès de colère pareil.

Mes souvenirs se tournent vers un soir chez Ase. Quand dans sa colère, il avait dévasté sa maison, puis avait tenté de me planter avec un couteau sous la gorge. Je revois sa mine perdue et ces mots : " pourquoi je ne peux pas avec toi ?". Il cherchait à comprendre pourquoi il était incapable de me tuer. Alors qu'aujourd'hui, il pourrait me planter une balle entre les yeux. Ma respiration s'accélère à cette pensée.

- C'est bon j'ai trouvé la pharmacie.

La lumière s'allume subitement et Rob me tire de mes pensées morbides. Il s'assied en face de moi et me tant une petite caisse noire. Je la saisis dans un silence malaisant.

- Merci, dis-je en ouvrant la boîte de soin.

Je sens le regard Rob peser sur moi, pendant que je désinfecte la petite plaie sur mon pied. L'entaille n'est pas profonde. C'est juste superficiel. Ouf, il ne manquerait plus que ça. Au moment de mettre un pansement, je jette un coup d'œil vers notre hôte silencieux. Il n'a pas détaché son attention de ma personne.

SHADE OFFWhere stories live. Discover now