SHADE OFF

Brise moi

Ase

Elle vient de tirer sur mon père. Elle vient de lui planter une balle dans la trachée. Lay se tient à côté de moi sans un mot. Je ne veux pas le croire. Layla n'est pas comme ça. Elle déteste le sang et les armes. Elle ne peut pas... 

- Tu es bien plus efficace que je ne le pensais, la complimente Luc. 

Il s'approche de nous. Mes poings se serrent. Je me suis fais avoir comme un putain de débutant. Elle m'a mené en bateau depuis le début. Je plante mes yeux dans ses iris qui en temps normal m'auraient transpercés l'âme. A cet instant le dégoût m'envahit. 

Je repense à son étreinte d'hier soir. Ce n'était qu'un subterfluge de plus. Elle n'a pas cru un seul mot de ce que je lui ai dit. J'ai l'impression que tout se déchire dans mon âme, laissant place à une colère sourde. 

Elle m'a dupé. 

Elle m'a trahi par choix. 

Cette pensée me rend malade. J'ai envie de vomir, de hurler et surtout de tuer. Les hommes de Luc déplacent le corps de mon défunt père. Sa mort ne m'affecte pas tant que ça. C'est le goût de la trahison qui me reste en travers de la gorge. Dire que je pensais qu'elle voulait en finir avec cette histoire en donnant le trafic de son père. 

Je me suis tellement trompé. 

Ce qu'elle voulait c'était une putain de vengeance. 

Je ne veux même plus la voir. Je me détourne de sa culpabilité qui se voit même dans le noir. Les sbires de Luc finissent de nettoyer l'espace du meurtre. Puis le blond s'assoit à la place de mon père. 

- Bien, dit-il. C'est vrai que ce bureau est vraiment agréable. Je pourrais me sentir chez moi ici. 

Il me fixe avec un sourire hypocrite, puis claque dans ses doigts. 

- Oh mais oui ! Enchaîne-t-il. Maintenant c'est chez moi. 

Il pose son flingue sur la table en bois dans ma direction. Alors lui aussi est ici pour mettre un terme à ma vie. La douleur dans mon cœur est tel que de toute évidence ça n'a plus d'importance. Je préfère mourir que de vivre avec l'esprit accablé de remords. 

- ça ne fait pas partie du contrat Luc, intervient la voix rauque de Lay. Tu m'as donné ta parole que tu ne le tuerais pas. 

Le blond se tourne vers Lay en crispant son visage. Visiblement les petites lignes que contient leur accord n'ont pas l'air de lui plaire. Ça me fait rire. Lay ne souhaite pas ma mort, elle préfère que je subisse la douleur de mes actes et de sa trahison. Elle est tellement plus sadique que je ne le pensais. 

-Je ne compte pas le tuer, répond la voix stridente de ce connard. Je veux l'humilier. 

Son arme toujours pointée sur moi, il m'observe avec un dédain réciproque. 

- À genoux Ase Doom. Tu as un nouveau patron. 

Plutôt mourir que de poser un genou à terre devant cette ordure. Je le défie toujours sans exécuter le moindre mouvement. Sa peau prend une teinte rougeâtre sous l'effet de la colère. 

- A GENOUX ! Hurle-t-il. 

Ses hommes viennent me contraindre à poser mes articulations au sol. Je serre les dents sous la contrainte de cet ordre. Mon aversion est en train de grimper en flèche. Layla tente de croiser mon regard. Elle pince ses lèvres, prise de confusion. 

Il fallait réfléchir avant my shade.  

La tête baissée et les bras maintenus par deux hommes. Je suis en position de soumission. L'ironie dans tout ça c'est que ce soit mon père ou un Campbell. Rien ne change vraiment.