La gueule de bois

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Lay

La lumière du jour réchauffe doucement ma peau. C'est trop agréable. J'ai l'impression d'être dans un cocon. Une vive brûlure me sort de ma torpeur. Ma tête tambourine. Je me relève doucement, des coups dans mon cerveau résonnent. J'ai trop mal. Qu'est-ce qui m'a pris de boire autant ?

Ah oui mon enfoiré d'ex.

Le problème c'est qu'après ça, c'est le trou noir. Mes mains se portent à mon cou meurtri. À tous les coups, j'ai un hématome de sa poigne sur moi. Le dégoût me tord l'estomac. Heureusement que mon cœur ne ressentait rien pour cette ordure. Dire que je lui avais tout de même accordé ma confiance. Je suis naïve.

Trop naïve.

Je sens des petites croûtes sur mes bras et la peau fine de ma nuque. Mes fantômes ont donc décidé de me rendre visite dans la nuit. En même temps avec ce qu'il s'est passé, le moment était opportun.

Je me relève la tête toujours lourde. À moitié dans les vapes, j'essaye de prendre mon téléphone sur ma commode.

Sauf que ce n'est pas ma commode...

Ce n'est pas ma chambre. 

Cette pièce est immense. Elle fait la taille d'un appartement. Le chant des oiseaux est le seul élément qui me signale la vie. Ce qui m'indique aussi que je suis loin de la ville. Cette maison est bien trop silencieuse par rapport à celle des Berckman.

Je suis où ?

Bien joué Lay tu voulais oublier. C'est fait et maintenant ? Il faut que je mette la main sur mon téléphone pour appeler Madd. Je repousse les draps. En soie ? Cette personne doit avoir de sacrés moyens financiers. L'air frais glisse sur mes jambes nues. Je porte un simple tee-shirt trois fois trop grand pour moi...

Dites-moi que je me suis changée seule.

Je me lève, l'esprit toujours embrumé. Quand je sors de la pièce un long couloir me fait face. La maison est immaculée de blanc. Tout est propre et bien rangé, comme si la pureté devait être la maîtresse de ces lieux. Je me suis fait enlever par un maniaque ou quoi ?

La pression augmente à mesure que je descends les escaliers. L'endroit à l'air complètement désert. Au pied des marches, se trouve un salon avec une cuisine ouverte. Je m'avance un peu. À ma grande surprise, la porte d'entrée est grande ouverte. Putain c'est quoi ce délire ?

Mes pieds se posent sur le carrelage en marbre, aussi froid qu'une tombe. Je bifurque vers le salon. Peut-être qu'il faudrait que je prenne la fuite. Peut-être que c'est lui... Qu'il est venu pour finir ce qu'il avait commencé.

Disparais.

Mon cœur tambourine dans ma cage thoracique à mesure que j'explore la villa. Un tableau sombre trône dans la pièce. Il jure avec le reste de la déco qui est impeccable. L'artiste qu'il l'a peint devait avoir des idées sombres. Deux ailes noires me font face tel un ange déchu. Le tout saupoudré d'or. Une phrase y inscrite :

" Que l'ombre reçoive la lumière dont elle a besoin".

Le propriétaire semble très poétique. Certains psychopathes le sont aussi et ça n'a rien de rassurant. Ma curiosité s'agrandit quand j'aperçois une porte presque dissimulée entre deux meubles. Elle doit sûrement être fermée. En m'approchant, j'actionne la poignée. Un grincement résonne dans le vide. Mon cœur s'arrête.

Et s'il arrive.

Boum.

Le silence.

SHADE OFFWhere stories live. Discover now