Prologue

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Lay 

Il s'est écoulé sept mois depuis que je ne l'ai pas vu. L'été remplace doucement le froid printanier. Je pensais qu'une fois que j'aurais achevé le créateur de tous mes maux, les choses s'arrangeraient d'elle-même. 

Encore une fois, je suis trop naïve. 

Je ne me suis jamais sentie aussi mal que depuis ces derniers mois. À l'instant où, j'ai mis la main sur cette lettre de malheur, tout a basculé. Mes erreurs me sont revenues en pleine face. J'ai préféré faire confiance à la pire ordure pour blesser une personne qui cherchait à se faire pardonner. 

Mais peut-on pardonner à un tueur d'avoir gâché sa vie ? 

Il y a sept petits mois, je vous aurez dit que non. Aujourd'hui, les choses ont changé. Le temps s'est écoulé pour me faire comprendre que ce tueur était un monstre sous la contrainte. Il se haïssait pour ces actes. Le choix de ces actions n'était pas permis et moi comme une idiote, je voulais l'accabler. Je pensais qu'il était de mèche avec son père.

Quelle erreur.

C'était Abraham le problème. 

Je m'en suis rendue compte quand j'ai vu sa mère suite à une énième visite dans l'hôpital psychiatrique qui l'accueille. Je ne me voyais pas tuer encore un autre membre de sa famille, alors j'ai fait interner sa mère.

À cause de ses nombreux sautes d'humeur, son comportement désorganisé et ses problèmes de concentration, les médecins ont diagnostiqué qu'elle était atteinte de folie. 

Sans blague. 

Cette femme fonctionne comme un disque rayé. Elle répète sans cesse que son fils est un monstre, que la mort ne voudrait même pas de lui puisque c'est lui le monstre. Parfois, j'ai envie de lui dire que la meurtrière de sang-froid dans l'histoire, c'est moi. 

Mais à quoi bon ? 

Dire qu'il a protégé sa mère tout ce temps et qu'elle ne s'en rend même pas compte. C'était le moyen de pression d'Abraham pour obliger son fils à faire tout ce qu'il voulait. S'il avait le malheur de désobéir, son père ferait subir les pires horreurs à sa mère. Il m'arrive de me demander ce qu'il a bien pu vivre, mais Ase fait toujours passer les autres avant sa propre personne. 

Je chasse son nom de mes pensées. Ce nom qui me brise l'âme chaque fois que je l'entends. Je prends la bouteille de Gin écossais sur la table basse. 

Son Gin. 

Je me ressers un verre généreusement. Je n'ai pas su me résoudre à partir de la villa. Allez savoir pourquoi, je me sens toujours en sécurité ici. Malgré le poids de la culpabilité, je suis restée. Juste au cas où il reviendrait. Juste au cas où ses mèches sombres apparaîtrai dans l'embrasure de la porte et son regard noir se poserai sur moi. Je porte le liquide translucide à mes lèvres. Une vive brûlure m'arrache la gorge. 

Cette brûlure qui tranquillise celle de mon cœur. 

Ce verre est certainement celui de trop. À quoi bon s'arrêter quand la douleur s'estompe avec quelques gorgées. Je veux juste éteindre mes pensées le temps d'un instant, afin d'éviter aux cauchemars de venir me hanter. Ce jour où j'ai appuyé sur la détente me reviens en mémoire chaque soir. 

La balle qui traverse le crâne de ce connard. 

Ses yeux sombres sous le choc de ma trahison. 

Cette voix qui me répète sans cesse : 

Si tu arrives à vivre avec le poids de la culpabilité tant mieux, car moi je n'ai jamais réussi à m'y habituer. 

Non. Définitivement je n'arrive pas à vivre avec. Ce sentiment me bouffe toute entière, moi et ma vengeance. Pourquoi il a fallu que j'aie des sentiments pour toi ? Je saisis la lettre que j'avais arrêté de lire il y a quelques instants. Pourquoi tu ne m'as jamais rien avoué ? Est-ce que tes émotions sont réelles au moins ? 

Je porte ma main au creux de mon cou. Mes doigts entrent en contact avec la pierre froide et sombre. Ce diamant qu'il m'a offert le jour de mon anniversaire et que je pensais ne jamais retrouver après qu'il m'ait avoué sa trahison. Il l'a posé sur l'îlot de la cuisine avant de disparaître. Juste le diamant noir, aucun signe de l'anneau qui était à côté du pendentif. 

J'ai compris que ce soir-là qu'il était sincère. Je pensais qu'il cherchait juste à m'amadouer, mais je me suis trompée. 

Encore. 

Il s'était ouvert et je ne l'ai pas cru prise par le doute de ses précédents mensonges. 

Je suis à toi tout entier. 

Cette phrase me donne un uppercut dans l'estomac. Il me l'a écrit, il me l'a avoué et j'ai l'impression de perdre pied. J'ai tant de questions à lui poser. Pourtant si demain, il se tient devant moi, je serai incapable d'esquisser le moindre mouvement de peur qu'il disparaisse de nouveau. 

Car j'ai des putain de sentiments. 

Car le seul à m'avoir sauvé c'est, toi. 

Je dois sembler bien folle, assise tout seule sur ce canapé dans la pénombre de la nuit. Je n'ai rien de normal. J'en ai conscience. Je suis complètement perdue. Paumée dans le néant de ma volonté avec pour unique compagnie la douce chaleur de l'alcool. 

Car mon cœur bat pour le tueur de ma famille. 

°°°

Je suis trop contente de vous retrouver les petits gars ! 

On va bien s'amuser MOUHAHA ! 

Vous m'avez trop manqué ça fait déjà un mois ! 

J'espère que ce prologue vous plaît. 

Je vous laisse, plein de bisous 

Love ❤️

SHADE OFFWhere stories live. Discover now