L'enlèvement

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Lay

- Merde ! il nous suit.

Ase.

- Il nous tire dessus maintenant !

Des coups de feu tonnent de toute part.

- Prends à gauche !

Mon esprit se referme. J'espère qu'il va me retrouver.

Sauve-moi.

°°°

C'est d'abord l'odeur de l'humidité qui me tire des ténèbres. Ma tête est lourde. Les évènements de la veille me reviennent comme des flashs. Le repas, Ase au téléphone, le chiffon sur mon visage et la camionnette cachée. Surtout cette voix. Ce connard ne paie rien pour attendre.

Je tente de me relever, mais tous mes muscles sont engourdis par la drogue et le trajet. Lourdement je m'adosse à quelque chose qui semble être une cloison. J'essaie de fixer les alentours en quête d'un point de repère.

Rien.

L'odeur ambrée de la villa est remplacée par celle de la moisissure, la lumière des baies vitrées laisse place à une petite fenêtre qui éclaire à peine la pièce. La superficie est pauvre comme une cellule de prison. Mais n'est-ce pas ce que je suis prisonnière ? Les pierres apparentes sur les murs me prouvent la rudesse des lieux. Je suis dans une sorte de cave lugubre. Un petit lit de camp est posé avec un seau à côté qui ne laisse pas de doute sur son utilité. La conclusion est bien trop rapide et claire :

Ase ne m'a pas ramené.

Je me souviens de l'avoir vaguement supplié de me sauver, d'entendre les détonations des armes à feu et même le hurlement de mon nom. Pourtant je suis dans cet endroit morbide sans connaître la raison de ma présence. J'ai la rage au ventre.

Mon esprit floute encore l'espace autour de moi. Je repose ma tête contre ce qui s'apparente à un mur. Son contact froid soulage les bouffées de chaleur de mon coeur. J'ai l'impression de me faire aspirer par les ténèbres. C'est horrible. Mon coeur palpite à une vitesse démesurée.

Un grincement résonne dans le vide.

- Elle a l'air salement mal en point, coupe une voix dans le silence.

- Rien à foutre, intervient quelqu'un d'autre.

Ce connard.

Des pas s'approchent de mon corps léthargique, puis des baskets noires se postent devant moi. J'aimerais avoir la force de faire face à cette enflure. J'aimerais qu'il crève à cet instant.

Mes yeux suivent le corps qui s'accroupit devant mon état d'épave. Je rencontre ses yeux bleus froids et ma rancoeur pulse deux fois plus vite dans mes veines. De ma voix rocailleuse je lui lance :

- Luc.

Un sourire étire fièrement ses fines lèvres.

- Notre petite salope se souvient donc de moi. Qui l'aurait cru ?

Je me crispe sous ses mots et mon regard se veut bien plus noir. Il le remarque immédiatement. Pour assoir son autorité ses mains s'agrippent à ma mâchoire. Ses ongles courts s'enfoncent presque dans ma chaire. Ce serait mentir que de dire que je n'ai pas mal. La pression qu'il exerce me conforte dans ses intentions malsaines.

- Ne me regarde pas comme si c'était moi le connard, assène-t-il.

- Pourtant c'est bien ce que tu es, je réponds la voix encore enrouée.

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