SHADE OFF

Maison de la pègre

Lay

L'eau chaude coule sur ma peau nue. L'ambiance étouffante et chaude de la douche apaise ma contrariété. Je n'ai pas vu Ase de la journée. Dès qu'il est parti de la salle de sport, il a disparu. J'en ai donc profité pour réviser, même si je dois avouer que mon esprit était ailleurs. Il était déjà à ce soir et mon anxiété ne m'a pas aidé. 

Je sors de la douche et m'enveloppe dans une serviette. J'avoue n'avoir aucune idée de comment m'habiller ce soir. Est-ce que je dois être dans une tenue de soirée ou en mode décontracté ? Je préfère de loin la deuxième solution, mais mon petit doigt me dit que ce n'est pas la bonne option. 

J'aurais dû demander conseil à Madd. Quitte à risquer qu'elle se fasse des idées au moins je serais bien habillée. Je me dirige dans ma chambre l'esprit complètement perdu. L'angoisse me tenaillant le ventre. Je saisis mon téléphone, prête à appeler ma meilleure amie. Quand je remarque un tissu brillant sur mon lit. Une robe en satin bleu ciel est posée délicatement sur mes draps. 

Ase. 

Je ne l'ai même pas entendu entrer. Toujours tout faire en discrétion. Je souris bêtement devant le vêtement. Il savait que je ne douterais sur ma tenue, comme toujours. Il en sait suffisamment sur moi, pour m'offrir une robe alors que si je devais lui faire un cadeau je ne serais pas quoi prendre. J'enfile mes sous-vêtements puis la tenue sélectionnée par Ase. 

Devant le miroir j'entreprends de discipliner mes cheveux en créant de grosses boucles. Pour le maquillage j'essaie d'appliquer les conseils de Madd. Un peu de fond de teint, du blush pour redonner de la vie à mes joues, de la poudre illuminatrice pour être venus sortie des eaux, enfin un peu d'or sur les paupières pour rappeler le sable et l'océan et du mascara pour epaissire la longueur de mes cils. Je rigole en repensant au jour elle m'a dit que le make up c'était comme de la poésie. Je finis par une petite touche de gloss, même si je déteste ça. C'est super collant. 

Je prends du recule pour observer mon reflet dans le miroir de plein pied. La volupté du tissu caresse ma peau. La robe est légèrement courte, juste au-dessus du genou. Elle est un peu plus ample que prévue. J'ai vraiment l'air d'un sac d'os dedans. Je déteste mes clavicules apparentes et mes genoux cagneux. Je me dégoûte. Si seulement je pouvais avoir un peu plus de formes comme Madd. Le décolleté plongeant n'a rien à montrer. Avec et air cadavérique, c'est comme si la mort m'habitait déjà. 

Je me hais. 

Mon seul avantage est mes yeux bleus profonds. La couleur de l'étoffe leur permet d'être encore plus éclatants, je peux remercier ma mère pour cet atout. Car le reste je l'ai hériter de mon satané père : des sourcils épais, un nez en trompette et des lèvres charnues prête à sourire sournoisement. Je détourne le regard de cet écho qui me fait si honte. 

J'effectue un pas en arrière, mais je heurte quelque chose. Quelque chose de dure m'empêche d'éviter ce miroir. Une odeur ambrée remplit mon espace. Je n'ai pas de doute sur son propriétaire. Je plonge mes yeux dans deux billes noires qui m'observent dans la glace. Ses mains se posent sur mes hanches. Un frisson court dans mon dos. 

Ase est vêtu d'une chemise blanche, dans son éternelle rébellons il a ouvert les trois premiers boutons. Laissant apercevoir les tatouages sur son torse. Les manches du vêtement sont retroussées sur ses bras puissants. Mes joues s'échauffent à mesure que je le détaille. Il porte un pantalon de costume noir. Ce style ne lui ressemble pas, pourtant il accentue la terreur qu'il inspire. 

Il se penche un peu vers moi, ses cheveux viennent caresser la chaire de mon cou. Ils sont toujours en désordre. Cette vision m'arrache un léger sourire.