Une valse à mille battements

4.3K 198 94
                                    

Ase

L'eau fraîche glisse sur ma peau, apaisant chaque fibre de mon être tendue par l'angoisse. Mes mains s'accrochent au carrelage de la douche, tandis que ma tête se cache entre mes épaules, tentant d'éloigner les souvenirs de son corps pressé contre le mien.

Ce putain de maillot de bain.

Sa chaire exposée que je rêve de toucher, de torturer, d'embrasser.

Ses grand yeux bleus qui rencontres les miens alors que je l'attire contre moi.

Pourtant, malgré l'effort désespéré de mon esprit pour oublier, chaque sensation me ramène inévitablement à elle. Il faut que je refoule cette envie irrépressible de la toucher. Je sens une tension dans mon bas ventre qui s'étire doucement comme un venin.

Le reflet de l'eau sur ses iris m'a captivé, comme si on m'avait jeté un sort.

Je déteste tellement cette obsession de vouloir la garder pour moi. Mais je dois me rendre à l'évidence mon corps la réclame, mon esprit la voit même lorsqu'elle n'est pas là et mon traître de coeur bat à chaque fois qu'elle me prête de l'attention est sur moi. Je ne pourrais jamais renoncer à elle, même si la mort est notre seule salut.

Elle gravitera toujours autour de nous, il me faut l'accepter. Notre rencontre s'est inscrite dans le sang, et seule la faucheuse peut nous unir éternellement. Quelque part, je rêve de lui faire payer sa trahison, mais d'une manière qui ferait rougir la décence même. Plus que tout je la veux à ma merci, me suppliant d'assouvir tous ses désirs. La pression dans mon bas-ventre s'intensifie.

Dans cette délicieuse souffrance, je suis consumé par l'envie de posséder son corps et son esprit, de la faire mienne de manière indéniable, jusqu'à ce que nous soyons liés par un pacte d'une intensité que même la mort ne pourrait pas briser.

Les images de son tatouage sous sa poitrine électrisent mes sens. Chaque détail me donne des frissons, et je brûle de désir à l'idée de le marquer de mes lèvres, d'affirmer ma domination et mon désir absolu pour elle. Je veux ressentir le frisson de sa peau laiteuse sous mon souffle, parcourir chaque centimètre de son être de ma bouche.

Je veux prendre tout ce qu'elle est prête à m'offrir.

Chaque soupir, chaque gémissement, je veux les saisir et les rendre miens, scellant notre chute dans un précipice sans fin.

Je coupe le jet d'eau, chassant ces idées incongrues. Des larmes perlent de mes yeux, glissant sur mon torse. J'attrape une serviette que je passe autour de ma taille, puis de mon avant-bras, j'efface la buée accumulée sur le miroir de la salle de bain. Quand je rencontre mon reflet, la peur s'infiltre dans mes veines.

Mes yeux, noirs comme ceux de mon défunt père, reflètent une obscurité si profonde que les ténèbres elles-mêmes n'oseraient pas s'y aventurer.

"Personne ne peut t'aimer, Asaël."

"Mon fils, tu es ma meilleure arme."

Alors que les souvenirs m'assaillent avec ferveur, ses yeux bleus apparaissent dans la noirceur de mon existence. Je vois ses sourcils se froncer et sa voix suave résonner dans mon esprit :

C'est donc ça le vrai visage d'un tueur sans cœur ?

J'aimerais répondre que mon cœur est au contraire bien trop imposant dans ma poitrine. Bien trop lourd à porter. Seulement son image disparaît, me laissant seul dans la contemplation de mon corps marqué par mes victimes, parties vers les cieux de mes mains.

SHADE OFFHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin